18 Novembre 2015
Une jeune femme libre qui aimait la vie Djamila Houd 41 ans, a été fauchée par deux balles, sur la terrasse du restaurant La Belle équipe. Personne n’a oublié Djamila Houd. La jeune femme est issue d’une famille drouaise très connue, elle symbolise la réussite de toute une génération. En quelques heures, Dreux est passé du soulagement aux larmes. Quand les premières images des attentats de vendredi soir, à Paris, ont ensanglanté les écrans de télévision, la ville a frémi pour ses cinquante jeunes et leurs animateurs partis assister au match de football France-Allemagne. Pendant quelques heures, les élus, les familles des jeunes ont retenu leur souffle.
Jusqu’à ce que le car, en provenance du Stade de France, ramène, un peu avant 2 heures du matin, la petite équipe choquée mais saine et sauve. Le soulagement n’a été que de courte durée. Dans la matinée d’hier, la ville a appris qu’une Drouaise se trouvait parmi les 129 morts.
Une soirée entre amis, dans cet établissement de la rue de Charrone, dans le XIe arrondissement. Au-delà du décès d’une jeune femme, mère d’une fillette de 8 ans, c’est tout un symbole qui s’effondre pour la ville. Djamila est la dernière fille de l’une des plus vieilles familles drouaises. La famille Houd, dont le père avait marqué l’histoire des Harkis de Dreux, dont les filles, en particulier, ont prouvé la capacité de réussite des enfants des familles de rapatriés, ont grandi au Murger-Bardin, avant de s’installer dans le quartier des Bâtes.
Djamila Houd menait une belle carrière professionnelle, à Paris. Mais elle n’avait jamais tourné le dos à Dreux où une partie de sa famille vit encore. Et, personne ici n’a oublié cette très belle jeune femme. Élève au lycée Rotrou, ses professeurs s’en souviennent comme d’une lycéenne très agréable et douée. Elle faisait partie de ces jeunes Drouaises qui ont réussi, n’ont jamais oublié leurs origines mais sont capables de se faire leur place dans tous les milieux et de se faire apprécier par des gens de tous horizons. Une jeune femme libre qui aimait la vie. Cette vie qu’un tireur aveuglé par le fanatisme a prise en quelques secondes. Hier soir, dans le quartier des Bâtes, le concert prévu à la maison Proximum a été annulé. Le quartier n’avait pas le cœur à écouter de la musique. Il attendait l’arrivée de la maman de Djamila, de retour d’Algérie, pour partager sa peine. Elles étaient nombreuses, hier, les mamans à pleurer Djamila. Comme si elle était un peu leur fille, à elles aussi. Valérie Beaudoin
A Djamila :Parole d’une sœur. Il n’y a pas de mots pour décrire la douleur de Tassadit Houd. La grande sœur de Djamila est rentrée, hier soir, à Dreux remplie d’une immense tristesse mais de colère, aussi. En cette petite sœur pleine de liberté, de vie et de générosité, elle veut voir un symbole que les fanatiques veulent détruire : « Ils détestent la liberté, ils veulent la détruire partout où elle existe, chez les femmes comme ma sœur, dans les pays où elle règne. Les musulmans de France doivent combattre pied à pied ces extrémistes.
L’État doit tout faire pour les arrêter. » Le maire (LR) de Dreux a appris le décès de Djamila Houd , dans la matinée : « On était déjà bouleversé par les attentats et la douleur des familles des victimes. Mais quand en plus une famille drouaise est directement touchée, c’est affreux. » Gérard Hamel attend le retour de la mère de Djamila, au domicile familial, aux Bâtes, pour aller la voir : « Je devais y aller avec mon adjointe, Naïma M’Faddel. Mais j’attends qu’elle soit rentrée chez elle pour aller lui présenter mes condoléances et partager sa peine. »
15/11/2015
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Dreux : l'émouvant hommage à Djamila Houd, victime des attentats de Paris
Les sœurs et amies de Djamila. - Agence DR Rue Jean-Vilar, aux Bâtes, hommes et femmes se pressent autour de sa famille en ce dimanche 15 novembre. Elle incarnait la liberté et la générosité détestées par les terroristes qui l’ont tuée. INFO L'ECHO REPUBLICAIN Dans la rue Jean-Vilar, tous les souvenirs de jeunesse remontent au gré d’une marche dans ce coin du quartier des Bâtes. Malika Houd a proposé, dimanche 15 novembre, en fin d’après-midi, aux amies de sa sœur Djamila de renouer avec une tradition que les filles appréciaient tant. « On n’avait pas le droit de sortir, de descendre en ville. Alors, on faisait le tour du lotissement en se racontant nos histoires, en refaisant le monde. » Elles étaient une trentaine à faire revivre ainsi le souvenir de Djamila.
La petite sœur de Malika brutalement décédée, vendredi soir, sous les balles des tueurs de la rue de Charrone, était la petite sœur de toutes les femmes, dimanche, qui marchaient rue Jean-Vilar. « Libre de vivre »Habiba sourit à travers ses larmes en évoquant son amie : « Elle était un vrai modèle pour nous. On se reconnaissait en elle.» C’est la beauté, la gentillesse de cette Drouaise de 41 ans qui avait gardé la spontanéité et l’amour de la vie de ses 20 ans qui revient dans les conversations.
Mais pour les femmes de sa génération, c’est la liberté que Djamila incarnait qui les rassemble toutes : « Libre de vivre comme elle l’entendait. Libre de s’asseoir à la table d’un café à Paris avec des amis. C’est cette liberté-là qu’ils ont voulu tuer. Ces fanatiques détestent la liberté, détestent ce qu’incarnait Djamila. »