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À propos de l'exposition les HARKIS du 12 Octobre 2016 à Biarritz (64)

Cela vous a peut être échappé, un Commentaire concernant l'article de

Eugénie de Montijo accueille les  Harkis à Biarritz (64), station balnéaire mondialemnent connue

Délégué à la Sécurité Publique

M. VIAL Louis

Aujourd’hui, je suis très honoré de représenter Monsieur le Maire de Biarritz à cette exposition du souvenir et d’hommage aux Harkis et je suis très heureux pour moi-même, car il s’agit de réhabiliter les victimes d’un pan d’Histoire et je suis fier, à ma modeste place, de pouvoir leur rendre leur Honneur, à eux et à leurs descendants.

 

Je n’avais que 12 ans lors de la fin de la guerre d’Algérie, et je ne me souviens que « du quarteron de généraux », du 1er Ministre en pyjama, de l’arrivée des Pieds Noirs à Marseille, de la défaite et quelque part, dans ma mémoire, de la débâcle ! Mais de harkis : point.

 

Et puis, un jour, de nombreuses années plus tard, je suis entré dans une librairie par hasard. Mais je sais bien que, selon les grecs anciens, le hasard est le nom que se donnent les dieux pour se cacher des hommes ! Donc dans cette librairie où je cherchais sans but déterminé, j’ai trouvé un livre qui s’intitulait « Mon père, ce harki » de Dalila Kerchouche. Intrigué par la 4ème de couverture je l’ai pris et je l’ai lu.

 

Voilà maintenant un livre que je recommande fortement autour de moi et, plus particulièrement peut-être à tous ceux qui n’ont pas connu ou reconnu cette période. Nous sommes nombreux à qui l’Education Nationale a présenté « les événements d’Algérie » de façon neutre et sans saveur, presque comme un non-événement et surtout sans la charge émotionnelle qui aurait convenu pour cette part de notre histoire. Il s’agit d’une période qui a meurtri, détruit les âmes et les familles, sans distinction de couleur, de religion au même titre que la Shoah ou le Génocide Arménien et, de part et d’autre de la méditerranée, a laissé une chape de plomb se poser sur elle.

 

Mon commentaire peut choquer, je l’admets. Acceptez que les tempêtes de l’Histoire, cette fois avec un grand H puissent détruire l’histoire des petits, des « sans grade ». Acceptez, acceptons, la responsabilité de la France vis à vis de tous ceux qui ont eu foi en Elle. C’est le plus sûr moyen, en leur rendant leur honneur et leur dignité, de retrouver l’Amour qu’ils lui ont toujours porté. Sans haine et sans esprit de vengeance, simplement parce que l’oubli serait l’offense suprême. Cette souffrance-là, nous nous devons de ne pas l’infliger.

 

Ce témoignage intense m’a interpellé avec une telle puissance qu’aujourd’hui encore, lorsque j’y repense, j’ai mal à mon pays. Pourquoi un tel mépris, un tel abandon mortifère ? Ce livre, profond, est plein de révélations sur un passé ténébreux pour le citoyen français que je suis devenu mais il est surtout et avant tout lugubre pour le vécu de ces femmes, de ces hommes condamnés pour avoir été loyaux et pour ces enfants condamnés, eux, seulement parce qu’ils étaient les filles et les fils de leurs parents.

 

« Enfant, j’ai adoré mon père. Adolescente, je l’ai détesté. Parce qu’il était harki, parce qu’il a soutenu l’armée française pendant la guerre d’Algérie, j’ai longtemps cru que mon père était un traître. Il n’a jamais nié, il n’a jamais rien dit ….Dans ce voyage au bout de la honte, j’ai découvert une horrible machinerie d’exclusion sociale et de désintégration humaine…En Algérie j’ai poursuivi ma quête…J’ai enfin percé le silence qui règne sur cette histoire ».

 

Les Harkis n’ont jamais été traités comme des hommes. Le seul moyen de « justifier » l’attitude des autorités françaises à cette époque était bien de nier toute humanité à ces victimes ou, à tout le moins, leur imposer l’état de « sous hommes » ce qui permet, dès lors toutes les abominations dont ils ont été « récompensés » pour leur choix. Indigènes pour les colons, traîtres pour les algériens, marginaux pour les sociologues, dépressifs chroniques pour les psychiatres, …mais soldats fidèles et dévoués, corps et âmes, à ce qu’ils croyaient être leur Patrie, la France . Qui a vu, à ce moment-là, qu’il s’agissait de jeunes gens, des pères, des mères avec leurs angoisses, leurs émotions, leur peurs et leurs espoirs, leur déception suivi de la résignation appuyée sur un fatalisme pseudo-culturel, leurs illusions et leur déchirement…

 

Plus de 50 ans après l’indépendance de l’Algérie, l’abandon et le drame des harkis demeurent une blessure pour notre Honneur et notre Histoire. Ces hommes, qui ont pris les armes pour servir avec fierté et bravoure la Nation, furent lâchement abandonnés, livrés au massacre ou à l’exil. Cet exil leur fut imposé, de plus, dans des conditions inhumaines, en les parquant dans des camps insalubres dans l’indifférence et le mépris.

 

Ce soir est, pour moi, une occasion unique d’exprimer avec force ma reconnaissance à leur encontre, en utilisant le terme de reconnaissance au sens strict, c’est-à-dire de les « reconnaître » comme miens. Cela me permet enfin de regarder en face et en public l’une des pages les plus sombres de notre histoire. En réveillant les consciences sur le sort tragique de ces familles qui ont tant donné à la Patrie, cette soirée nous invite à assumer nos responsabilités dans cet abandon indigne.

 

L’histoire des Harkis est notre histoire, comme celle des « pieds-noirs », victimes eux aussi d’un exil forcé. Ces hommes, ces femmes, leurs enfants et leurs petits enfants font partie intégrante de notre mémoire aujourd’hui, mais aussi de notre avenir demain. Aimer et défendre tous ceux que l’on a appelé du nom pudique de « rapatriés », c’est ainsi aimer la France et défendre son avenir. Trop longtemps la République ne s’est pas montrée digne du sacrifice des Harkis. Aujourd’hui leurs enfants attendent une reconnaissance des souffrances et des humiliations de leurs parents. La République a failli, il est temps qu’elle répare, que nous réparions, et que nous les soutenions dans leur quête de Vérité, de Dignité et de Justice.

 

Enfermés dans une précarité indigne à leur arrivée en métropole, les Harkis ont été les oubliés des gouvernements qui se sont succédé, droite et gauche confondues. Il fallut attendre 1994 et la Loi Romani pour que s’exprime, pour la première fois, la reconnaissance officielle de la République et lancer un plan d’indemnisation et d’intégration. 50 ans après !!

 

Ces efforts sont insuffisants et la situation sociale des Harkis reste notoirement très préoccupante en particulier ceux qui demeurent dans des zones rurales ou, encore plus, dans les territoires désindustrialisés.

 

Il est impératif que l’Etat assume ses responsabilités. Il doit agir, vite et fort, dans les domaines prioritaires et plus particulièrement dans celui du traitement, avec dignité, des questions relatives à l’indemnisation et surtout régler le cas des veuves isolées. Par ailleurs comment peut-on comprendre et tolérer que le taux de chômage dans « la communauté harki » soit encore et toujours supérieur à la moyenne nationale ? Comment peut-on justifier qu’ils soient exclus des dispositifs mis en place dans les zones prioritaires ? Ils sont Français au même titre que les autres, pas plus, et, surtout, pas moins.

 

A un moment où notre pays s’interroge, nostalgie d’un passé doré qui n’a jamais existé réellement, et peur d’un avenir que de mauvais augures nous présente comme sombre, les Harkis sont un rappel de la valeur de la citoyenneté, un souvenir douloureux qui rappelle que la France n’est pas infaillible, mais qu’elle se grandit à chaque fois qu’elle ose affronter son histoire.

 

De leur abandon, les générations de Harkis et vous, leurs descendants, ont tiré une force de caractère qui fait mon admiration. C’est pour cela que je souhaite leur intégration pleine et entière dans la communauté nationale et qu’il soit possible, parlant de la Patrie, de dire enfin : NOTRE PATRIE.

 

Ce sera le témoin de l’Honneur retrouvé de la France, c’est une question de Justice mais surtout d’Humanité.

Merci mesdames et messieurs, d’avoir pris le temps de m’écouter.

Biarritz le mercredi 12 Octobre 2016

M. VIAL Louis

Conseiller Municipal de Biarritz Délégué à la Sécurité

Référent Défense

Président du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance

Président de la Commission Communale de Sécurité pour l’Incendie et les Secours

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R
Réponse à Mr Vial Louis, mairie de Biarritz.<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Bel éloge des Harkis que vient de faire Mr Vial Louis, tout est dit, ou presque… <br /> <br /> Mais, pour moi, il manque un nom comme c'est souvent le cas lorsque l'on dénonce le sort réservé aux Harkis et Pieds Noirs. Cela est presque devenu tabou, un nom que l’on ne peut énoncer sans être jeté aux oubliettes. Un nom sacré. <br /> <br /> Ce nom, c'et de gaulle, car c'est bien lui et lui seul, avec à sa botte ses ministres et pour le soutenir tous les bien pensants et porteurs de valises. <br /> C'est bien lui, de gaulle, qui malgré la guerre gagnée sur le terrain a fait désarmer et livrer aux couteaux des égorgeurs du FLN les Harkis et aussi leurs familles ainsi que tous les sympathisants Musulmans pros Français sans oublier les Pieds Noirs. <br /> C'est bien lui, de gaulle, qui a empêché le rapatriement des Harkis et de leurs familles les livrant sans vergogne à la mort. <br /> C'est bien lui, de gaulle qui les a fait parquer et reléguer dans des camps tels des ennemis de notre pays. <br /> C'est bien lui, de gaulle, qui est venu au pouvoir en 1958, en se servant de tremplin et en utilisant la cause algérienne. <br /> C'est bien lui, de gaulle, qui a juré devant les Pieds Noirs et Musulmans d'Algérie que celle-ci resterait Française à jamais, pourquoi... <br /> C’est bien lui, de gaulle, qui s'est parjuré peu de temps après pour abandonner l'Algérie et la laisser aux mains du FLN, livrant ainsi Pieds Noirs, Harkis, Juifs et pro Français seuls sans défense. L’armée ayant l’ordre de ne pas intervenir malgré les accords d’Evian qui prévoyaient l’assistance à personnes en danger.<br /> C'est bien lui, de gaulle, qui a dit, en parlant de Harkis : "Ce magma d'auxiliaires qui n'ont jamais servi à rien" ou en parlant des Pieds Noirs : "...n'essayez pas de m'apitoyer sur leur sort..."<br /> Et ainsi de suite pour ses trahisons, parjures et reniements…<br /> <br /> Je pense qu’un certain nombre de personnes qui soutiennent les Harkis se disent par ailleurs gaullistes ? Et qu’en fait, c’est comme si cet homme, de gaulle, n’avait fait qu’une petite erreur de parcours. <br /> Cette petite erreur serait le massacre de 150000 hommes femmes enfants Musulmans pros Français (dont les Harkis) ainsi que des milliers de Pieds Noirs dont 1500 en un seul jour, le 5 juillet 1962.<br /> Il aurait tellement fait pour la France avant et après « CETTE PETITE ERREUR » que bien sur « Le Peuple » Français peut et doit lui pardonner.<br /> Ceci n’est pas une vue de l’esprit de ma part, je l’ai entendu très souvent dire et récemment par une personne qui soutenait la cause des Harkis le 25 septembre dernier. Pour lui, ce n’est qu’une erreur mais, au vu du bilan du fameux grand homme : «de gaulle», il fallait passer outre.<br /> <br /> Mais, peu de gens savent que c’est lui, de gaulle, qui en 1945 a fait livrer à Staline 102.421 (CENT DEUX MILLE QUTRE CENT QUATRE VINGT) prisonniers Russes qui s’était battus avec les allemands** <br /> C’est bien lui, de gaulle, qui, avec le vice président du conseil, le communiste Maurice Thorez a accédé aux demandes de Staline en signant un accord séparé des autres belligérants, ce qui a engendré ce qui précède. <br /> La plupart sont morts exécutés ou envoyés au goulag. <br /> <br /> ** Principalement des Ukrainiens. Staline en avait fait exterminer 2, 6 à 5 MILLIONS entre 1932 et 1933. Ce massacre est appelé « Holodomor » = extermination par la faim, est considéré comme un génocide par certains pays ; pas la France) <br /> <br /> Voila ce que je considère comme un oubli majeur lors de la mise en cause de l’état Français, cela est certes vrai mais, qui avait t-il à sa tête ; de gaulle.<br /> C’est bien lui et lui seul, de gaulle, qui a décidé de la politique d’abandon et de ses conséquences ; le massacre des Pieds Noirs et des Harkis et ensuite la relégation dans les camps en France des Harkis et de leurs familles.<br /> <br /> Personne n’a obligé de gaulle à avoir cette politique du mépris vis-à-vis des populations d’Algérie. Je parle de la population de toute l’Algérie, Pieds Noirs, Harkis (au sens large) Juifs, tous les Musulmans pros ou anti-français. Tous ont été dupés par cet homme sans scrupules qui détestait les Arabes et les Pieds Noirs. <br /> Tous ont cru à la fraternisation de 1958. <br /> <br /> Pour de gaulle l’Algérie était : « un boulet dont il fallait se délester sans tarder… » <br /> <br /> Il faut faire fi du politiquement correct.<br /> <br /> Il faut que nous ; les défenseurs de la cause des Harkis et Pieds Noirs n’hésitions pas à citer le nom du principal auteur et responsable de cette immense tragédie : DE GAULLE.<br /> <br /> Harkamicalement.
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B
Merci beaucoup Monsieur Eugène De Montijo.<br /> Vous avez très bien résumé les souhaits des harkis et de leurs enfants.
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