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Mon grand-père était harki Roubaix (59)

familleharki

Ils sont des oubliés de l'histoire.

Combattants pour l'armée Française lors de la guerre d'Algérie, les Harkis et leur familles traînent un lourd héritage.

Mal considérés, confrontés, aux préjugés, ils se disent pourtant fiers de cette double culture.

Au-dessus de la cheminée du confortable appartement roubaisien, une grande photo de Saïd, le père et Yamina, la mère domine le salon. Les deux posent fièrement dans une djellabah noire, lors d’un pèlerinage à la Mecque. « Vous savez on est bien français. On fait des repas de famille à Noël comme on fête le ramadan. On met le sapin, les cadeaux. Notre père adorait manger de la dinde et des marrons », sourit Louiza.

Ils sont onze dans la fratrie. Saïd était un soldat harki. Il a rejoint la France en juillet 1962, après la fin de la guerre d’Algérie. Décédé en 2009, à l’âge de 75 ans, il est enterré au cimetière de Roubaix après une vie à enchaîner les boulots.

Il n’est retourné qu’une fois en Algérie, en 2005. Il a attendu longtemps avant de finalement se décider, convaincu par ses fils et filles. Peur de figurer sur une liste noire. Peur qu’on lui fasse payer son engagement pour la France. Louiza se souvient. « Il se sentait vraiment français. Ça l’a rendu malade d’aller en Algérie. Mais ça s’est bien passé. Il est mort en ayant revu une dernière fois son pays. » Trois de ses enfants portent dans leur nom son amour de la France : François, Jeannine et Jean-Claude. Une tradition dans les familles de ces hommes qui ont décidé de combattre pour la France. « C’est lui qui a voulu les appeler comme ça, ce n’est pas moi », rigole Yamina dans une langue de Molière qu’elle parle peu.

Peur de dire d’être harki

Mais le passé laisse des cicatrices. La famille évite de clamer son appartenance aux harkis. Par peur de représailles. Mélina, 21 ans, s’énerve. « Les Algériens aiment dire que les harkis ont beaucoup d’argent. Alors que c’est faux. Je ne vois pas ce qu’on a à voir avec ça. Les jeunes de maintenant n’ont pas connu la guerre. Ils ne savent pas ce que c’est. » Elle ne comprend pas la réaction d’un de ses collègues, qui compare les harkis à des traîtres. « Pour les Algériens, si t’es harki t’es mécréant. Alors que mon grand-père était un harki et il faisait la prière. C’était un musulman. »

Yannick Foustoul

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