27 Septembre 2019
Face aux propos tenus par le président de l'association Mémoire des harkis, la sous-préfète des Andelys, a quitté la cérémonie d'hommage du mercredi 25septembre 2019, à Louviers.
Les propos de Farid Moussaoui (au micro) n’ont pas plus à la sous-préfète (à droite du maire). ©La Dépêche de Louviers.
La cérémonie organisée mercredi 25 septembre 2019, au square Albert-Ier de Louviers, dans le cadre de la Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives, a été marquée par le départ de la sous-préfète des Andelys, Virginie Sené-Rouquier. Le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud « souhaitait organiser une belle commémoration » avec un dévoilement de plaque « Rue des harkis », donnant sur la place de la République de Louviers, puis de commémorer ensemble cet instant particulier.
Ce ne sera pas le cas, le dévoilement de la plaque a vu des sourires, des remerciements chaleureux des représentants de la communauté harkis, et de la vingtaine de personnes présentes dans le public. Mais aussi, une attente était palpable : celle de la reconnaissance et de la réparation de l’État pour les harkis.
Quelques portes-drapeaux sont alignés, les officiels : Virginie Sené-Rouquier, la sous-préfète des Andelys, les commandants de gendarmerie, la police municipale, associations de harkis et de la Croix-Rouge, le maire et ses adjoints, ainsi qu’un public d’une cinquantaine de personnes, des anciens combattants médaillés, des familles, un jeune historien.
« Les Harkis ont été sollicités, parqués dans des situations innommables, puis abandonnés »
Le chef du protocole, Jean-Pierre Duvéré lit l’hommage de Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Armées. Puis la parole est donnée à Farid Moussaoui, président de l’association Mémoire des Harkis qui souligne en avoir assez des promesses :
Les Harkis ont été sollicités, parqués dans des situations innommables, puis abandonnés. Nous luttons depuis 20 ans pour rétablir la vérité et justice qu’on a voulu occulter. Il faut tout mettre en œuvre pour honorer la dette. Nous sommes déçus depuis plusieurs décennies à l’égard du gouvernement.
Dans le public et parmi les dignitaires, les visages se ferment. La sous-préfète ne souhaite pas en entendre davantage et sort de la commémoration. Virginie Sené-Rouquier est fâchée de cette attitude :
C’est la deuxième fois que cela se produit. Louviers est la seule cérémonie qui se passe mal en France. Quelle que soit l’Histoire, il faut contextualiser. Le message de réconciliation est très fort, dans la communauté Harkis. C’est dommageable de ne pas pouvoir s’adresser à la communauté Harki. Il y a une reconnaissance de la part d’ombre, mais aussi de reconstruction pour un avenir, un message d’espoir vers la jeunesse Harki. La France n’a pas toujours été présente mais il y a eu beaucoup de mesures et d’actes.
Le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud, déclare ne pas approuver les propos qui viennent d’être tenus :
La réparation nécessite le dialogue, le respect des uns et des autres, le droit à la parole et dans ces propos, il y a de la colère. Cette journée répond au devoir de mémoire de la République française : reconnaître et réparer.
Tandis que les associations de défense de la cause harki, puis le maire déposent leur gerbe. Celle de la Préfecture de l’Eure sera juste déposée par le chef du protocole.
« Ne pas verser dans l’insulte ou l’anathème »
Plus tard dans la journée de mercredi, le préfet de l’Eure, Thierry Coudert, et le député LREM, Bruno Questel, ont soutenu, par communiqué, la démarche de Virginie Sené-Rouquier. Ainsi le parlementaire a-t-il regretté que Farid Moussaoui ait confondu « l’Histoire et ses ressentiments personnels » :
Si tout le monde a le droit d’exprimer son point de vue, il convient de ne pas verser dans l’insulte ou l’anathème. Il conviendra l’année prochaine que la municipalité de Louviers veille à ce le représentant de l’Etat soit respecté sans aucune ambiguïté.
Quant à lui, Thierry Coudert condamne des « propos inacceptables tenus à l’attention directe de l’État et du gouvernement par Farid Moussaoui, président de l’association des mémoires des Harkis », ayant contraint la sous-préfète des Andelys « de quitter la cérémonie, la privant ainsi d’adresser aux membres de la communauté des harkis présents le message officiel de reconnaissance et de réconciliation porté par le gouvernement ». Le représentant de l’État rappelle encore quelques antécédents :
Richard-Daniel Boisson, sous-préfet des Andelys de 2015 à 2017, avait lui-même été contraint d’intervenir en plein hommage pour recadrer le sens et le contexte des interventions. Par courrier en date du 21 septembre dernier, Virginie Sené-Rouquier avait annoncé au maire de Louviers sa présence et celle des autorités officielles de l’État à la stricte condition que toute mesure soit prise pour éviter un nouvel incident. Il est regrettable que celui-ci n’ait pu garantir l’organisation d’une cérémonie digne et à la hauteur de l’enjeu privant ainsi les harkis du témoignage de cette juste et noble reconnaissance.
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