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Après la demande de pardon, les harkis attendent des actes de réparation Rivesaltes (66)

Comme chaque 25 septembre, une cérémonie s'est déroulée au camp Joffre de Rivesaltes pour la journée nationale d'hommage rendue aux harkis. Ces combattants et leurs descendants espèrent que la loi de "reconnaissance et de réparation" promise par Emmanuel Macron ne sera pas une simple promesse.

Des petits-enfants de Harkis déposent une gerbe au pied de la stèle du camp Joffre © Radio France - Tanguy Bocconi

C'est un hommage plus appuyé qu'à l'accoutumée qui a été rendu aux harkis samedi à Rivesaltes, à l'occasion de la journée nationale d'hommage rendue à ces quelques 200.000 Algériens qui ont fait le choix de combattre pour la France au moment de la guerre d'indépendance. Une commémoration marquée cette année par les récents propos du président de la République, qui a "demandé pardon" aux harkis au nom de la France, et annoncé dans la foulée un projet de loi de "reconnaissance et de réparation" en leur faveur.

Des blessures encore vives

Pour ces soldats qui, à partir de 1962, ont dû s'exiler en France pour y vivre dans des camps aux conditions indignes, le souvenir des années passées au camp de Rivesaltes est encore très douloureux : "Je suis arrivé ici en 1962. On a dû tout quitter, la famille et l'Algérie pour être trimbalé de droite à gauche, dans des baraquements avec le vent, le froid, à plus de six kilomètres à pied du premier village et en étant contrôlés aux entrées du camp... ça a été très dur", raconte Abdelkader Rabhi, un caporal-chef parachutiste aujourd'hui âgé de 90 ans.

Des conditions de vie qui ont également marqué Houda, une Perpignanaise fille de harki : "On dormait sur des matelas à même le sol, avec des rats qui circulaient la nuit... J'avais quatre ans mais je me souviens très bien de ma frayeur quand je les apercevais. Dans les baraquements, il n'y avait même pas de salle de bain ni de toilettes, on devait sortir dehors pour aller faire nos besoins. Nous avons vraiment été maltraités, négligés par la République française pour laquelle nos pères ont pourtant combattu. Cette demande de pardon d'Emmanuel Macron c'est aussi la reconnaissance de toutes les souffrances que nous avons endurées après la guerre d'Algérie."

Plusieurs Harkis survivants de la guerre d'Algérie étaient présents pour cet hommage © Radio France - Tanguy Bocconi

Les harkis et leurs descendants attendent des actes concrets

Pour de nombreux descendants de harkis présents à la cérémonie d'hommage de Rivesaltes, les paroles ne suffisent plus. Khaled Yaker, un Perpignanais fils de harki, attend des réparations pour les combattants encore vivants, mais aussi pour leurs descendants. "Nous sommes proches d'une année électorale et les paroles ça ne coûte pas cher ! Moi je constate que ma pauvre mère, qui a 88 ans, vit toujours en HLM et a encore des difficultés à boucler les fins de mois. Si on ne l'aide pas, elle n'y arrive pas", explique-t-il.

"On nous parle de réparations, mais je pense que le pouvoir joue le calendrier, car il ne restera plus beaucoup de harkis au moment où il faudra les indemniser, ça coûtera des queues de cerises. On a l'habitude maintenant, et je pense que le président Macron devrait, au delà des mots, faire des actes", insiste Khaled Yaker. "Il y a plus de 6.000 postes dans la haute fonction publique, combien de harkis ou de leurs descendants en font partie ? Pourtant, il y en a beaucoup qui ont fait des études, qui ont les compétences et qui pourraient être éligibles, mais ils ne sont pas nommés. Par contre, on nous a proposé des postes de gardiens de prison."

"J'ai envie de dire à Monsieur Macron, les paroles c'est bien, mais il faut des actes aujourd'hui."

Nadia Rhabi, la fille du caporal-chef Abdelkader, espère elle aussi que les promesses du chef de l'État se traduiront par des actes rapides. Pour elle, la demande de pardon doit se prolonger d'une reconnaissance officielle de tous les harkis encore vivants. "J'ai adressé un courrier de trois pages à Monsieur le président de la République pour l'interpeller justement sur ces anciens harkis, dont mon père, pour qu'il leur accorde à tous la Légion d'honneur. Pour eux, ce serait la concrétisation de cette demande de pardon. Mon papa est âgé de 90 ans, cela fait longtemps qu'il entend des promesses des différents présidents. J'ai envie de dire à Monsieur Macron, les paroles c'est bien, mais il faut des actes aujourd'hui."

Emmanuel Macron s'est engagé : un projet de loi sera présenté avant la fin de l'année, loi qui permettrait la création d'une commission nationale pour estimer les demandes de réparation des anciens combattants et de leurs enfants et petits-enfants vivant dans la précarité. Mais pour le gouvernement, le temps presse : pour être adoptée sous ce quinquennat, la loi sur la reconnaissance et la réparation des harkis devra être votée d'ici le mois de février.

Reportage sur la cérémonie d'hommage aux Harkis du 25 septembre 2021

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M
il serait temps que les harkis aient une reconnaissance. Non pas pour avoir des voix de plus pour macron. Les pieds noirs eux aussi ont été bannis.ne pas l'oublier vive les harkis et les pieds noirs oubliés!
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