Devoir de mémoire : une stèle en l’honneur des Harkis sera posée à Lussac (33)

Michel Messahel souhaitait un hommage délocalisé. C’est l’occasion pour lui de rendre hommage à ceux qui ont accueilli sa famille. © Crédit photo : Ph. B.

Michel Messahel, fils de Harki, est auteur d’un ouvrage relatant le parcours de ses parents qui, en 1962, durent quitter l’Algérie. Ils avaient été accueillis à Lussac

« Lussac fut terre d’accueil pour une famille de Harkis dans les années 1970. » Michel Messahel est ému en prononçant ces mots. Cette famille, c’est la sienne, ses parents qui ont fui l’Algérie en 1962. Ce texte doit figurer sur une plaque, déposée de même qu’une gerbe de fleurs, au monument aux morts de Lussac, ce lundi 25 septembre, à 10 heures, à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives. Un moment rare, souligne l’intéressé, hors les grandes cités comme Bordeaux.

« Cette journée d’hommage aux Harkis a été voulue par Jacques Chirac en 2001, se souvient Michel Messahel. Elle avait eu lieu dans la cour d’honneur des Invalides. Elle a été étendue en 2003 aux autres formations supplétives. » Une étape décisive dans l’histoire des Harkis, ces supplétifs qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant le conflit algérien, un long chemin vers une reconnaissance de la nation. Des populations qui ont eu à porter « trois poids », rappelle l’auteur de « Itinéraire d’un Harki, mon père. » (1) : « Le poids de la guerre, le poids de l’exil, le poids culturel ».

« Soyez les bienvenus »

Ali et Khédidja, les parents de Michel Messahel, ont connu le camp de Zéralda en Algérie, puis celui de Saint-Maurice-l’Ardoise, dans le Gard, avant de rejoindre la Dordogne, Saint-Seurin-sur-l’Isle et enfin Lussac. « Je veux rendre l’hommage à Georges Delord, l’ancien maire, qui est passé outre l’avis de son conseil pour embaucher mon père comme cantonnier, en 1971. Ma famille était dans le dénuement. Sur le perron de la mairie, il leur a dit : ‘‘soyez les bienvenus ici’’. Ces mots venaient du cœur. »

Il est aujourd’hui heureux de voir cet hommage avoir lieu à Lussac. Le quinquagénaire délaissera exceptionnellement l’hommage organisé à Bordeaux pour se tenir au côté de la maire Dorothée Breton. « C’est ici que mes parents ont retrouvé l’espoir et la sérénité après de sombres années. »

(1) « Itinéraire d’un Harki, mon père », troisième édition, éd. L’Harmattan, 378 p. 38 euros

22/09/2023

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