- La mission méconnue des Diables rouges -
L’endroit est administré par une vingtaine de Diables rouges. « Il y avait trois médecins, des infirmiers, une assistante sociale, un secrétariat », se souvient Jacques Vogelweith, alors adjoint au directeur du camp. « Très rapidement, on a accueilli plus de mille personnes. Les familles restaient en moyenne un à deux mois avant de rejoindre la métropole. Nous devions les occuper durant leur séjour, les préparer aussi à leur future vie. Nous avions adapté les baraquements militaires aux familles, créé une école et un jardin d’enfants. J’ai pris l’initiative de monter un petit atelier textile où les femmes pouvaient carder et filer la laine avant de tisser », témoigne l’Alsacien.
Les familles restaient en moyenne un à deux mois dans le camp.
Une à deux fois par semaine, Jacques Vogelweith faisait un aller-retour à l’état-major situé à Alger, avec un listing de noms afin de vérifier le passé militaire des harkis, procédure obligatoire avant de leur donner la nationalité française. Ils sont alors embarqués dans des camions bâchés puis acheminés jusqu’au quai Fedallah du port d’Alger qui était resté à la disposition de l’armée française. « C’était des missions plutôt tendues. Les convois étaient escortés par des blindés. Nous circulions dans un pays qui était indépendant. Mais on n’a jamais eu d’ennuis ». De 400 à 600 Algériens quittent leur pays chaque semaine. « La plupart étaient contents. Ils savaient que s’ils restaient, ils seraient tués ». « Les derniers harkis ont quitté l’Algérie en 1964, au moment du retour du 15-2 à Colmar ».
De 400 à 600 harkis avec leurs familles vont quitter l’Algérie chaque semaine.
Selon Jacques Vogelweith, près de 20 000 harkis (100 000 personnes au total avec les familles) ont été rapatriés en France, chiffre indiqué en 2003 par Pierre Messmer (ministre des Armées de 1960 à 1969) lors d’une interview à Europe 1. En métropole, ils seront parqués dans d’anciens camps militaires (Larzac, Bias, Rivesaltes, Bourg-Lastic…).
Ce « sauvetage » des harkis a été totalement occulté, ce que dénonce Jacques Vogelweith. « On ne retient malheureusement que les massacres des supplétifs » et le lâchage par de Gaulle de ces harkis.
Pierre Messmer dira plus tard que si l’armée française les avait officiellement secourus, la guerre aurait pu être relancée.
Selon les sources, les chiffres avancés sur les tueries de harkis varient de 30 000 à 150 000 victimes. L’un des documents les plus cités (rapport du sous-préfet d’Akbou adressé au vice-président du Conseil d’État en 1964) fait état de 1000 à 2000 exécutions par arrondissement entre mars et décembre 1962, soit 100 000 morts en neuf mois.
Photos fournies par J. Vogelweith.
Article Source: Nicolas Roquejeoffre
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l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux