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Rapatriement des harkis-La mission méconnue des Diables rouges -

- La mission méconnue des Diables rouges -

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    Jacques Vogelweith (au premier plan) et Jean-Claude Lambert, deux anciens diables rouges.
Coupables de « trahison » aux yeux des autres Algériens, les harkis ont été victimes d’atrocités en tout genre après les accords d’Evian. Mais près de 20 000 d’entre eux (100 000 avec leurs familles) ont pu être rapatriés en métropole, en partie grâce au 152 e régiment d’infanterie de Colmar.
 
L’ouvrage officiel retraçant l’histoire du 152 e régiment d’infanterie de Colmar depuis sa création à la fin du XVIII e siècle, ne comporte pas une seule ligne sur cet incroyable épisode que livre Jacques Vogelweith, qui a servi au 15-2 comme sous-lieutenant à la fin de la guerre d’Algérie.
Un peu moins d’un mois après la signature des accords d’Evian (18 mars 1962), les Diables rouges investissent le camp de Zéralda, construit par la Légion, et situé à 23 km à l’ouest d’Alger. Outre les classiques missions purement militaires (patrouilles, barrages, contrôles), les fantassins en reçoivent une, beaucoup plus officieuse : créer un camp de transit pour les harkis et leurs familles à l’intérieur de celui de Zéralda.
Alors que le rapatriement des supplétifs est favorisé, clandestinement, par certains officiers et sous-officiers, choqués par les massacres de ceux que les autres Algériens considèrent comme des traîtres, le gouvernement français prend tardivement conscience de ces atrocités. « Ce n’est qu’en octobre 1962 qu’il a été décidé de créer ce camp de regroupement à Zéralda, le seul dans tout l’Algérois », indique le général Fournier, ancien chef de corps du 15-2, qui écrit actuellement un historique du régiment colmarien.
 
Le camp sera administré par une vingtaine de Diables rouges

L’endroit est administré par une vingtaine de Diables rouges. « Il y avait trois médecins, des infirmiers, une assistante sociale, un secrétariat », se souvient Jacques Vogelweith, alors adjoint au directeur du camp. « Très rapidement, on a accueilli plus de mille personnes. Les familles restaient en moyenne un à deux mois avant de rejoindre la métropole. Nous devions les occuper durant leur séjour, les préparer aussi à leur future vie. Nous avions adapté les baraquements militaires aux familles, créé une école et un jardin d’enfants. J’ai pris l’initiative de monter un petit atelier textile où les femmes pouvaient carder et filer la laine avant de tisser », témoigne l’Alsacien.

 

Les familles restaient en moyenne un à deux mois dans le camp.

Une à deux fois par semaine, Jacques Vogelweith faisait un aller-retour à l’état-major situé à Alger, avec un listing de noms afin de vérifier le passé militaire des harkis, procédure obligatoire avant de leur donner la nationalité française. Ils sont alors embarqués dans des camions bâchés puis acheminés jusqu’au quai Fedallah du port d’Alger qui était resté à la disposition de l’armée française. « C’était des missions plutôt tendues. Les convois étaient escortés par des blindés. Nous circulions dans un pays qui était indépendant. Mais on n’a jamais eu d’ennuis ». De 400 à 600 Algériens quittent leur pays chaque semaine. « La plupart étaient contents. Ils savaient que s’ils restaient, ils seraient tués ». « Les derniers harkis ont quitté l’Algérie en 1964, au moment du retour du 15-2 à Colmar ».

Rapatriement des harkis-La mission méconnue des Diables rouges -

              De 400 à 600 harkis avec leurs familles vont quitter l’Algérie chaque semaine.

Selon Jacques Vogelweith, près de 20 000 harkis (100 000 personnes au total avec les familles) ont été rapatriés en France, chiffre indiqué en 2003 par Pierre Messmer (ministre des Armées de 1960 à 1969) lors d’une interview à Europe 1. En métropole, ils seront parqués dans d’anciens camps militaires (Larzac, Bias, Rivesaltes, Bourg-Lastic…).

Ce « sauvetage » des harkis a été totalement occulté, ce que dénonce Jacques Vogelweith. « On ne retient malheureusement que les massacres des supplétifs » et le lâchage par de Gaulle de ces harkis.

Pierre Messmer dira plus tard que si l’armée française les avait officiellement secourus, la guerre aurait pu être relancée.

Selon les sources, les chiffres avancés sur les tueries de harkis varient de 30 000 à 150 000 victimes. L’un des documents les plus cités (rapport du sous-préfet d’Akbou adressé au vice-président du Conseil d’État en 1964) fait état de 1000 à 2000 exécutions par arrondissement entre mars et décembre 1962, soit 100 000 morts en neuf mois. 

  Photos fournies par J. Vogelweith.

Article Source: Nicolas Roquejeoffre 

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  l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux 

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