Livre du week-end : Hafida Chabi, fille de harki, " Un combat tranquille. une fille de harki se souvient "

Une nouvelle venue dans le milieu harki

- Un combat tranquille. une fille de harki se souvient - 

Hafida Chabi, ancien membre du Conseil économique, social et environnemental, signe un combat tranquille, une fille de harki se souvient. Le lecteur suit le regard d’une fillette qui, à l’âge de 5 ans, est déracinée et projetée avec toute sa famille dans un pays inconnu : la France métropolitaine.

Hafida Chabi, bitchoise d’origine, signe le livre Un combat tranquille, une fille de harki se souvient.  Photo RL

On sait votre engagement, depuis de longues années, pour défendre les harkis et leurs descendants. Mais qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

Hafida Chabi : « Comme pour tous les enfants de ma génération, il y a eu des blessures, des souffrances, transmises par nos parents, qui ont vécu la précarité, la vie dans les camps , qui m’ont beaucoup marquée. L’injustice, l’abandon de tous ces enfants, de toutes ces familles, laissent des traces. J’ai réussi à les surmonter, car je suis forte, mais ces familles ne peuvent rester dans le silence. »

Votre papa a été harki, votre maman a été arrachée à sa terre avec tous ses enfants, avez-vous écrit aussi ce livre pour rendre hommage à vos parents ?

« À mes parents, à toutes les familles de harkis, il y en a des milliers et des milliers. Dans l’Est de la France, les conditions de vie n’étaient pas aussi dramatiques que dans le Sud. Je me dis je suis là, je peux faire avancer les choses. »

Justement, depuis 60 ans, les choses ont heureusement évolué, les harkis ont été reconnus.

« Le combat, cela fait longtemps que je le dis, n’est pas fini. Nous ne devons pas oublier le devoir de mémoire, pour faire connaître ces questions longtemps tombées dans les oubliettes, d’autant que peu de harkis sont encore vivants. J’ai encore dernièrement ouvert de nombreux livres d’histoire, je n’ai pas trouvé beaucoup d’éléments. Financièrement, le président de la République Emmanuel Macron a débloqué des fonds, aussi pour aider les enfants, qui ont vécu l’isolement, le silence, qui n’ont pas eu une scolarité normale. Il y a eu des avancées importantes pour la seconde génération. J’y ai contribué, j’en suis fière. »

Quelles sont vos doléances aujourd’hui ?

« Quand nous interrogeons les enfants de harkis, on nous répond que l’Etat n’a pas fait assez sur le plan pécuniaire, cela me désole. Mes parents sont partis sans rien, mon père uniquement avec son treillis, alors qu’ils avaient des champs, une maison en Algérie, sans aucun dédommagement. Les enfants n’auront aucun héritage. Il y a aura toujours une rancœur. Je ne sais pas si elle s’effacera un jour. » 

09/07/2022

Dans ce récit autobiographique de Hafida Chabi, ancien membre de section du CESE (Conseil économique, social et environnemental), le lecteur suivra le regard d'une fille de Harki, qui, à l'âge de cinq ans, sera déracinée et projetée avec toute sa famille dans un pays inconnu : la France métropolitaine.

"J'ai ramassé toutes les bribes de mes souvenirs pour reconstruire comme dans un puzzle ma propre vie et celle de mes parents:

Youcef, mon père, qui s'est engagé comme Harki dans l'armée française.

Dabhia, ma mère, qui s'est occupée pendant toute sa vie de son mari et de ses treize enfants.

J'ai écrit ce livre pour laisser des traces, pour que toutes ces souffrances ne disparaissent jamais.

Pourtant, le combat que j'ai dû mener tout au long de ma vie n'a jamais été violent. Il est à l'image de celui de mes parents : humble et mesuré.

Un combat tranquille."

"Mes parents sont arrivés en France dans un dénuement total. À la détresse matérielle s’est ajoutée une profonde détresse morale, car ils ont mal vécu l’absence de reconnaissance de leur sacrifice pour la France.

Cependant, ils n’ont eu de cesse de nous transmettre les valeurs fondamentales de la République parce qu’ils souhaitaient avant tout que leurs enfants se fondent dans la société française." (Hafida Chabi)

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Un récit autobiographique

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