6 Octobre 2023
Mohamed Nemri (3e en partant de la gauche), chef de mission harkis et rapatriés à l'Onacvg. - ©ONAC-VG
Ce lundi 25 septembre, la France rend hommage aux anciens harkis et autres membres des formations supplétives qui ont servi pendant la guerre d'Algérie. A cette occasion, Mohamed Nemiri, chef du département des rapatriés à l’ONaCVG, dresse un premier bilan des dossiers traités par la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation.
Quel est votre rôle au sein de l’Office national des combattants et victimes de guerre (ONaCVG) ?
C’est une histoire humaine avant tout. L’ONaCVG assure pleinement la gestion de l’ensemble des dispositifs d’aides et de prestations en faveur des rapatriés. La population des harkis est la plus sensible, à la vue de leur situation économique et sociale qui était très précaire à leur arrivée en France. Ma première mission consiste à collecter leurs témoignages afin de les valoriser. Il faut être aimant et à l’écoute.
J’assure également le pilotage et l’exécution du budget du programme « Reconnaissance et réparation en faveur du monde combattant, mémoire et liens avec la Nation ». En 2022, il était de plus de 95 millions d’euros, dont près de la moitié au bénéfice de la loi du 23 février 2022 (1). Aujourd’hui, l’ONaCVG poursuit son engagement en assurant le pilotage et la coordination de l’ensemble du processus de la mise en œuvre de la loi, pour le volet indemnisation. Il apporte son concours en tant qu’expert technique à la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation et représente l’Office.
La loi du 23 février 2022 offre le droit à une indemnisation. Pouvez-vous nous rappeler qui est concerné ?
Tous les anciens rapatriés anciennement de statut civil de droit local et leur famille ayant transité, ou vécu dans les camps de transit et de reclassement, les hameaux de forestage et autres structures listées dans le décret n°2022-394 du 18 mars 2022.
La Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation - qui a pour mission de recueillir la parole des harkis, de leur manifester la reconnaissance de la République et de leur accorder les réparations prévues par la loi - a remis son rapport d’activité pour l’année 2022 à la Première ministre. Le gouvernement a validé la proposition d’intégrer 45 nouveaux sites à la liste des structures donnant droit à réparation. Cela nous permet ainsi d’agrandir la liste des bénéficiaires ou de compléter les indemnisations de certaines personnes étant passées par plusieurs camps.
Où en sont les différents dossiers ?
A ce jour, près de 30 900 demandes ont été reçues à l’ONaCVG au sein du département de la reconnaissance et de la réparation, basé à Caen. Plus de 11 000 dossiers ont été présentés, dont 10 000 ont été acceptés avec un montant moyen par bénéficiaire d’environ 8 500 euros.
Un dossier emblématique à nous raconter ?
Les demandeurs nous sollicitent souvent pour témoigner. Certaines histoires sont très touchantes. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la dignité et l’humilité des anciens harkis. Ils nous témoignent régulièrement leur satisfaction d’avoir entendu le mot « pardon » prononcé par Président de la République lors de son discours du 20 septembre 2021 (2). C’est émouvant de voir ces personnes remercier les services de l’État. Les plus anciens ne se battent pas pour les indemnisations, mais pour la mémoire et la reconnaissance. Ils ne veulent pas être oubliés.
(1) Cette loi reconnaît la responsabilité de la France dans les conditions d'accueil et de vie indignes des harkis et de leurs familles, rapatriés d'Algérie après les accords d'Évian de 1962. Un droit à réparation est ouvert aux harkis et à leurs familles. À cette occasion, une Commission nationale de reconnaissance et de réparation a été créée.
(2) Emmanuel Macron avait reçu 300 personnes à l’Élysée pour un hommage aux harkis. Il avait promis de « franchir un nouveau pas » dans leur reconnaissance avec l’annonce de la loi « de reconnaissance et de réparation » : « Aux combattants abandonnés, à leurs familles, qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon. Nous n’oublierons pas. »
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