3 Novembre 2017
Communiqué
de monsieur Boaza GASMI, jeudi 2 Novembre 2017.
À l'attention de tous mes compatriotes harkis et de leurs familles.
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Mes Chers compatriotes Harkis,
Mesdames, Messieurs,
Mes Chers Amis,
Comme vous le savez, j’ai mené une seconde grève de la faim à BIAS avec André AZNI en septembre dernier, au pied de la stèle mémorielle de l'ancien camp de BIAS, pour interpeller le Président de la République sur l’injustice de notre sort et sur notre revendication unanime, à savoir, la réparation que nous attendons tous depuis 56 ans !!!
M. Emmanuel MACRON m’a reçu à l’Élysée le 25 septembre 2017 avec quelques membres de ma délégation, en nous laissant bon espoir puisqu’il a confirmé son accord ce jour-là pour la mise en route officielle de mon groupe de travail, conforme à la promesse du candidat MACRON qui nous a été faite le 19 avril 2017.
Ce rendez-vous présidentiel a été suivi tout récemment, le 30 octobre, d’une visite de Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, Secrétaire d’État aux Armées, sur le site de l’ancien camp Harki de BIAS. Elle est venue se recueillir quelques instants devant la stèle mémorielle, puis après avoir fait le tour du camp et salué les anciens combattants, elle a souhaité me recevoir en mairie pour m’apporter des éléments de décision en ce qui concerne le futur groupe de travail que je réclame depuis des mois, et même des années.
Je l’ai donc rencontrée, avec quelques membres de ma délégation, et nous avons pu lui rappeler les différentes étapes tragiques de notre histoire, de notre drame ; nous lui avons présenté quelques photographies immortalisant nos conditions de vie indignes dans les camps, hommes, femmes, enfants, relégués derrière des barbelés, privés de tout !
J’ai tenu à vous adresser ce message aujourd’hui, mes Chers Compatriotes, parce que la situation est grave et urgente.
Parce que vous avez besoin de savoir, je reçois de nombreux appels, et moi j’ai besoin aussi de vous dire comment les choses évoluent, parce que c’est notre histoire commune, et c’est au nom de l’intérêt général que je me bats sans relâche.
Je viens vers vous parce que tout doit être dit. Il n’y aura pas de catimini, pas de tromperie, pas de dissimulation, non, rien que de l’action et de la transparence, de l’honnêteté et de l’honneur.
Parce que, en homme libre, je préfère mourir debout que vivre à genoux !!!
Oui, notre combat est difficile. Mais ceux qui ont eu la force et la chance de survivre à ce drame, à l’exil, à la relégation indigne dans les camps, qui n’ont connu qu’indifférence et ingratitude, qui sont toujours en quête d’identité, de justice et de dignité, ceux-là doivent se lever pour réveiller les consciences.
Car nous sommes les témoins gênants, les révélateurs d’une histoire qui n’a jamais su dire son nom, au pays des droits de l’Homme… Cette France, indifférente à l’appel de ses enfants blessés dans la chair et dans l’âme, restés fidèles au drapeau tricolore, assoiffés de Patrie et d’existence. Souffrance et humiliation, c’est tout ce que la France nous a réservé. Et elle continue sur ce chemin-là, celui de l’indifférence et du mépris, tandis que nos anciens meurent les uns après les autres, le drapeau dans une main, leurs espoirs dans l’autre. Conduite indigne d’une grande Nation. Quelle honte !
Mes Chers Compatriotes, j’ai constitué un groupe de travail Harki compétent et représentatif des quatre coins de France, pour travailler sur la question urgente de la réparation. De ce groupe, j’en réponds comme de moi-même. Mais Madame la ministre vient de nous annoncer que ce groupe dont je suis l’initiateur sera finalement réduit, parce que « 17 c’est trop » – paraît-il – « pour travailler correctement » ! Mais pire encore, ce groupe de travail Harkis ne sera pas dirigé par des Harkis mais par des personnes choisies et nommées par Madame la ministre ! « C’est moi qui décide Monsieur GASMI, non vous… » M’a-t-elle lancé à plusieurs reprises !!!
Voilà où nous en sommes aujourd’hui, mes Chers Compatriotes, nous en sommes toujours à nous demander quelles sont les raisons et les forces qui s’acharnent depuis plus de 56 ans à casser tout mouvement, tout élan associatif naissant, prometteur et déterminé en faveur des Harkis ??? Pourquoi cet entêtement récurrent des pouvoirs publics à vouloir conserver le contrôle social, historique, politique, économique de la minorité Harkie en France, les diverses parades mises en œuvre depuis des années pour dévoyer inévitablement toute action constructive, contrarier toute tentative de faire émerger un mouvement associatif dense et structuré capable d’investir l’espace social, politique et institutionnel ???
Force est de constater que c’est dans la précarité, le malaise et le désarroi psychologique que la France a décidé de nous maintenir, en étouffant notre histoire, notre tragédie. En nous empêchant de prendre part aux projets, arbitrages et décisions nous concernant. En nous attribuant toujours une tutelle, en nous privant de nos libertés les plus élémentaires…
Nous demandons au Président de la République et aux hommes politiques dignes de ce nom de mettre un terme à ces mœurs d’un autre temps en acceptant de mettre en évidence les capacités, les compétences et les talents dont nous disposons pour construire cette participation effective qui sera la nôtre, sans tutelle, sans mise sous perfusion, car la participation est, selon nous, la forme la plus achevée de la citoyenneté. C’est à travers cette participation que nous pourrons mettre en lumière les besoins et les attentes de notre minorité silencieuse, et parvenir à une réparation morale, pécuniaire et matérielle en combattant les réalités discriminatoires et racistes.
Je lance personnellement un ardent appel au Président de la République pour lui demander d’agir sans délai en faveur du monde Harki, si douloureusement frappé par l’Histoire, population dont j’atteste l’adhésion profonde aux valeurs de la République et l’attachement à la Patrie. C’est un appel à la reconnaissance d’une communauté citoyenne de la Francedepuis presque deux siècles dont les pères, les grands-pères et les aïeux ont généreusement versé leur sang pour le droit, la liberté et l’indépendance de la France. C’est un appel pour la reconnaissance et la réparation de cette tragédie subie par notre minorité profondément française, à la suite des accords d’Évian.
Je lance personnellement un ardent appel à tous les Harkis et leurs familles, à soutenir mon action, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Soyez nombreux, mobilisez-vous, venez à ma rencontre, apportez vos témoignages, vos archives, ensemble soyons plus forts !
J’ai besoin de mon groupe de travail pour avancer, j’ai besoin de vous pour nous soutenir, c’est pour vous Harkis, que nous nous battons, pour vos droits, pour votre dignité, pour votre avenir et pour l’avenir des générations suivantes, pour le respect de la Mémoire de nos disparus, de notre tragédie, de nos souffrances endurées…
Je vais donc insister à nouveau auprès des pouvoirs publics, en particulier auprès de M. MACRON et de Mme DARRIEUSSECQ, pour qu’ils nous accordent l’insigne honneur, à mon groupe et à moi-même, de travailler librement, dignement et en toute autonomie, de concert avec les hautes autorités concernées, à l’aboutissement d’un dossier que nous connaissons parfaitement bien, sur lequel il est temps de conclure une bonne fois pour toutes.
Je vous tiendrai au courant, mes Chers Compatriotes, de la suite qui me sera donnée, et ensemble, nous en tirerons des conséquences.
Je compte sur vous,
Merci à tous et à toutes.
Boaza GASMI,
Président du Comité National de Liaison des Harkis
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