9 Novembre 2015
Myriam et Ben on bien voulu témoigné.© D.R
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Le Mémorial du camp de Rivesaltes a été inauguré le 16 octobre avant d'être ouvert au public le 21 octobre.
À Pézenas, Myriam, fille de harkis, était invitée à assister à cette cérémonie. L'occasion de se plonger dans cette période difficile… "Je n'étais pas née et pourtant, dès que j'ai franchi l'entrée du camp, j'ai été prise par l'émotion. Mes parents ont vécu là et ils me l'ont raconté. On était tellement nombreux que des gens se sont trouvés mal. Le moment était au recueillement et au silence, malgré l'important dispositif de sécurité."
"Le froid et l'isolement"
Ben, son frère, n'avait que 7 ans lorsqu'il est arrivé en France, avec ses parents, ses cinq frères et sœurs. Débarquée de son Algérie natale en juin 1962, la famille Bouktache a été acheminée dans le camp de Bourg-Lastic en Auvergne. Pour Ben, "cela a été le choc ! Après six mois, on nous a emmenés au camp de Rivesaltes. On était hébergé dans des tentes militaires. On n'avait rien, car le jour où mon père a dit à ma mère qu'il fallait partir, cela s'est fait de suite et on n'a rien emporté… On est resté à Rivesaltes durant l'année 63, puis on nous a transférés de nuit, dans des camions bâchés, à Saint-Rome-de-Cernon."
De ces camps successifs, il se souvient de la neige, du froid, du vent, de la soupe, de l'extinction des feux à 18 h, des barbelés et des conditions de vie… Il confie que «pour des gens qui venaient de Méditerranée, le froid était terrible. On est arrivé dans la neige et on était complètement isolés dans la montagne, à 4 km du village." Puis, il y a eu ce drame de l'été 1964. Son petit frère, âgé de 5 ans, s'est noyé dans un plan d'eau, proche du camp. Il était donc impossible pour ses parents, Fatima et Mohamed, de continuer à vivre là.
Après s'être battue auprès de la préfecture pour avoir les autorisations nécessaires, la famille s'installait enfin à Pézenas. Pour Ben, "c'est une histoire dramatique, celle des harkis. C'est la plus grande honte de la France. Ceux qui sont restés là-bas ont été massacrés et ceux qui sont venus en France ont été abandonnés…" Et Myriam de se souvenir de ce que disait sa maman : "Depuis quand la terre a une race ?" À méditer encore et toujours !
LE CAMP DE RIVESALTES Le camp de Rivesaltes (camp Joffre) est un témoin des années noires du XXe siècle. De 1939 à 2007, il a été tour à tour : camp militaire, camp de transit pour les réfugiés espagnols, centre d'hébergement surveillé, centre régional de rassemblement des Israélites et des Tziganes, camp de dépôt de matériel allemand, camp d'internement pour prisonniers de guerre allemands et collaborateurs...
Et enfin camp de regroupement des harkis et de leur famille. Courant juin 1962, le 1er régiment de tirailleurs algériens a été rapatrié au camp Joffre et avec lui, plusieurs centaines de civils, femmes et enfants. Puis en octobre 1962, environ 8 000 harkis seront enfermés au camp de transit et de reclassement de Rivesaltes.
Ils seront environ 22 000 à y passer entre 1962 et 1964. Leur séjour variera selon les familles, quelques jours pour certaines, des années pour d'autres. Les dernières ont quitté le site du camp de Rivesaltes en février 1977. Le Mémorial du camp, initié par Christian Bourquin, ancien président de la région Languedoc Roussillon, a ouvert ses portes mercredi 21 octobre.
Article Source : Michelle rivière
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l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins, et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux