16 Octobre 2016
Fadila SAKER.
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Association de Harkis et Enfants de Harkis
des Pyrénées Atlantiques
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EXPOSITION - BIARRITZ
« Parcours de Harkis et de Leurs Familles »
Mercredi 12 Octobre 2016
Madame la Sous-préfète
Monsieur le Maire,
Monsieur le Directeur de L’ONAC VG
Mmes, Messieurs les Elus
Mesdames, Messieurs les Présidents d’Associations,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Je voudrais remercier le Maire de la ville de Biarritz et le personnel de la médiathèque, particulièrement la directrice Mme Sanchez et son collaborateur M. Gabay de nous accueillir dans cette belle structure et de nous avoir accompagné tout au long de ce projet.
Avant de vous donner le descriptif de cette partie de notre histoire contemporaine, j’aimerai vous dire toute l’énergie que notre association a déployée pour la réussite de cette journée, M. Vergez directeur de L’ONAC nous a fait le plaisir de mettre à notre disposition tous les panneaux de l’exposition. Nous en avons rajouté deux de la « Force Noire » une manière aussi de rendre hommage aux tirailleurs sénégalais, eh oui, il a fallu toute cette diversité pour défendre et libérer la Nation.
Monsieur Alain Ferki, ici présent a assuré toute la coordination en acheminant les panneaux, prêté le DVD qui a servi à la projection du documentaire « Amère Patrie » et arrêté le choix de l’historien en la personne de Katia Khemache pour le volet historique.
Malgré l’abandon en Algérie, malgré la relégation dans les camps en France, nous avons décidé d’aborder notre histoire dans un esprit de paix et de sérénité pour une mémoire apaisée et surtout dans une réconciliation des mémoires.
Conscients que nous n’avons pas été les seuls à avoir souffert dans cette grande tragédie, de ce déracinement, nous avons choisi de libérer la parole en travaillant avec tous les acteurs de ce conflit passé.
Un passé qui a du mal à passer tant il est présent dans nos mémoires !
Pour une meilleure compréhension des panneaux, je vais vous décrire ce parcours en cinq parties.
1 / L’Algérie colonisée
Avec la conquête française à partir du 5 juillet 1830, l’armée française crée des unités supplétives. La conquête se poursuit avec l’utilisation de ces auxiliaires, ces corps militaires composés en parties « d’indigènes » officialisés par la loi du 9 mars 1831. Spahis, Turcos puis tirailleurs, zouaves deviennent ainsi les premiers supplétifs de l’armée française en Algérie, avant de se transformer progressivement et au fil des conquêtes coloniales en unités régulières.
2 / Les Harkis dans la guerre
Quelques raisons qui ont amenés ces hommes, des paysans pour une grande parties d’entre eux, à devenir des forces d’appoints de l’armée française.
- par conjugaison entre misère, aliénation coloniale et peur
- suite aux exactions ou à l’assassinat d’un proche par des membres de l’ALN (armée de libération nationale ou par le FLN (front de libération national)
- par solidarité ou parfois par opposition familiale, clanique ou tribale
- pour raisons économique, en particulier suite aux déplacements de leur lieu de vie (zones interdites) de paysans dans les camps de regroupement
- par enrôlements forcés, par exemple, être arrêté par l’armée française puis relâché, devenant ainsi, suspect aux yeux de l’ALN et du FLN, d’où des condamnations à mort.
- Par loyauté à l’armée française pour certains anciens combattants de la seconde guerre mondiale.
L’abandon des Harkis à l’indépendance par l’état français est un des tabous de l’histoire de la colonisation française. Si un plan de transfert des harkis menacés a bien été mis en place, ce dernier fut néanmoins restrictif aboutissant à une situation dramatique.
A partir des accords d’Evian (19 mars 1962) les événements s’accélèrent. Pour les formations supplétives la situation est claire tant pour le gouvernement que pour l’état-major des forces françaises en Algérie. N’étant pas de statuts militaires, ils doivent être rendu à la vie civile, désarmés et renvoyés dans leurs foyers !
La thèse de l’abandon s’appuie sur la gestion politique de l’état français de 1962, vis-à-vis des supplétifs et de leurs familles en 1962 : la majorité d’entre eux doit rester, leur présence massive en France n’est pas souhaitée. Cet abandon coûta la vie à des milliers de personnes, dont des familles entières.
4 / Les camps en France « (6 camps de transit et 69 hameaux de forestage)
Pour mémoire il faut souligner que l’hiver 62/63 a été très rude et que ces familles ont dû affronter les éléments dans des tentes. Très vite des enfants meurent de froid. Les conditions de vie durant ce premier hiver dans ces camps de transit sont effroyables, non seulement par des afflux continus mais aussi de l’impréparation des pouvoirs publics, d’une gestion désastreuse de la situation. Malgré ces conditions d’installations misérables que je viens de vous décrire, le 31 janvier 1964, le ministre des rapatriés François Missoffe occulte le relogement des Harkis et leurs familles de son plan.
La plupart de ces camps ont fermé dans les années 80, suite aux révoltes des enfants de harkis.
5 / La lutte des enfants de Harkis
Les descendants des harkis qui ont vécu dans les camps ne sont pas restés passifs face à leur sort, ils se sont mis dans la lutte dans les années 75, pour modifier leur destin.
- 1975 : luttes dans les camps pour leurs fermetures
- 1991-1997 : luttes sociales
- 2000 : lutte pour la mémoire et la reconnaissance de la responsabilité de l’abandon, des massacres des harkis et de leurs familles et la relégation dans les camps en France.
- 2016 : création d’une fondation pour la mémoire et l’histoire des Harkis.
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Fadila SAKER Déléguée du Pays Basque et membre du conseil d’administration de la fondation du 12 Mai 1962 Mémoire et Histoire des Harkis
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