11 Juin 2022
François Meyer, né en 1933, est un général de brigade, ancien membre du Haut conseil aux rapatriés.
Il est décédé le 10 juin 2022 des suites d'une longue maladie à l'hôpital militaire de Percy. Il avait 89 ans.
- L'appel du général François Meyer -
" Il faut que les associations de harkis se réunissent sur un tronc commun, bien sûr il y a des opinons différentes, un tronc commun pour présenter, élaborer d'abord des propositions et les faire courir pour que la presse en parle. Pour qu'un tas de députés de sénateurs, hommes politiques soient au courant. " Général François Meyer - Bourg-Lastic (63) le 26 août 2017
- Durée de la vidéo 10'15" -
Fils d'un ingénieur et officier dans l'armée de l’air , François Meyer grandit à Versailles. Il étudie à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr et choisit la cavalerie .
Il participe à la guerre d'Algérie comme lieutenant au 23e régiment de spahis en Oranie entre 1958 et 1962. Il dirige successivement deux harkas, d'abord chef de commando du secteur opérationnel de Géryville puis à Bou Alam.
À l'issue du conflit, qui se solde par l'indépendance de l'Algérie, 80 000 harkis et leur famille sont massacrés par des Algériens alors que le gouvernement français rechigne à rapatrier ces anciens supplétifs de son armée.
François Meyer parvient toutefois à sauver 350 personnes d'abord installés dans des camps du Larzac et de Sissonne , cherchant ensuite des villages français pour les accueillir, qu'il trouve finalement sur le plateau du Roure (Lozère). Les harkis qui s'y installent deviennent agriculteurs .
François Meyer s'emploie ensuite à entretenir la mémoire de ses anciens compagnons d'armes, dans la presse et dans des colloques, publiant par ailleurs un livre à leur sujet en 2005.
Le 14 avril 2012, le président de la République Nicolas Sarkozy l'élève à la dignité de grand-officier de la Légion d’honneur .
Le 20 septembre 2021, le président de la République Emmanuel Macron lui remet ses insignes de titulaire de la grand-croix de la Légion d'honneur, à l'occasion d'une réception à l'Élysée consacrée aux Harkis.
François Meyer (Capitaine à Saumur)
BIOGRAPHIE
Lieutenant au 23ème régiment de spahis durant la guerre d’Algérie, François Meyer organise le départ de 350 harkis à l’indépendance. ll les aide à s’installer en France, nouant de solides liens au fil des ans. À 82 ans, le général Meyer poursuit son combat pour leur reconnaissance.
Il est des hommes pour qui les termes honneur et parole donnée ont un sens. Si beaucoup l’ont oublié, d’autres nous le rappellent, non par de beaux discours, mais par des engagements pris tout au long de leur vie, dans la droite ligne des valeurs qu’ils défendent. Le général François Meyer est de ceux-là. Le « sauveur de harkis », comme le présente souvent la presse, n’est pas du genre à disserter sur les raisons de son engagement en faveur de ces anciens soldats musulmans de l’armée française qui ont combattu pendant la guerre d’Algérie. Pour expliquer sa conduite, il préfère citer Christophe Colomb : « Il est de tradition, chez les amiraux de Castille, de choisir la mort plutôt que d’abandonner un seul de ses hommes. »
Le général François Meyer, nommé le sauveur de harkis par la presse
Né en 1933, Francois Meyer grandit à Versailles. Son père est ingénieur et officier dans l’armée de l’Air. Marqué par la défaite de la France en 1940, le jeune homme décide de servir son pays. Sorti de Saint-Cyr en 1957, il choisit la cavalerie.
En novembre 1958, lieutenant au 23e régiment de spahis, il rejoint l’Oranie, dans le nord-ouest algérien. « J’ignorais quasiment tout des Français musulmans, comme on les appelait alors, lorsque j’ai pris mon commandement auprès de ces hommes, supplétifs, engagés ou appelés. » À cette époque, le discours officiel est clair. « L’Algérie est organiquement française aujourd’hui et pour toujours », clame le général de Gaulle qui lance aux musulmans : « Venez à la France, elle ne vous trahira pas ! »
Au contact de ses hommes, le lieutenant Meyer découvre la richesse d’une culture, la dignité d’un peuple. Il apprend l’arabe et se familiarise avec les coutumes locales.
« rester avec eux quel que soit le dénouement de la lutte »
En dépit des déclarations publiques, il doute de l’issue du conflit : la libre autodétermination et la victoire annoncée du Front de libération nationale (FLN) apparaissent chaque jour plus probables. Les harkis, qui ont choisi la France par fidélité ou refus des exactions sanglantes du FLN, se sentent floués. Le lieutenant Meyer leur fait la promesse de « rester avec eux quel que soit le dénouement de la lutte ».
En mars 1962, les accords d’Évian sont signés, l’Algérie devient indépendante. Pour autant, la fin de la guerre ne signifie pas l’arrêt des violences. La France, qui avait promis de garantir la sécurité de ces hommes qui l’avaient servie, les abandonne à la vengeance du FLN. Alors que l’armée française plie bagages, le lieutenant Meyer refuse de laisser ses hommes. Leur mise à l’abri est inefficace ; leur transfert vers la France lent. On les encourage à rester au pays. Il parvient à organiser deux convois, en juin et en juillet 1962. Ainsi, près de 350 personnes échappent à une mort certaine quand, durant l'été, de 60 000 à 80 000 harkis sont massacrés.
Si les protégés du lieutenant Meyer sont en sécurité dans des camps du Larzac et de Sissonne, quid de leur avenir dans l’Hexagone ? « Le général de Gaulle avait annoncé que la France les protégerait et les établirait. Je devais également tenir cette promesse. »
Chaque week-end, il parcourt le sud de la France à la recherche de villages où pourraient prendre corps des projets d’insertion. C’est en Lozère qu’il les trouve. Une chaîne de solidarité se met en place. Les harkis se lancent dans l’exploitation agricole du plateau du Roure et commencent leur intégration.
Les liens tissés ne se distendent pas. Tandis qu’il poursuit sa carrière militaire en France et en Allemagne, François Meyer continue à rendre visite à ses anciens compagnons d’armes, leur apportant aide et conseils. Il les défend dans la presse, au cours de conférences, écrit un livre intitulé Pour l’honneur… avec les harkis et lutte aujourd’hui encore pour la reconnaissance du bien-fondé de leur engagement pendant la guerre d’Algérie.
Oui, le général Meyer sait ce que veulent dire honneur et parole donnée.
Ministère des Armées
Défenseur des harkis (defense.gouv.fr)
Une bougie pour le général François Meyer
*******
Pour suivre votre actualité sur les harkis, Abonnez-vous gratuitement à la NEWSLETTER