6 Décembre 2023
Né des braises incandescentes de la guerre d'Algérie, Abdelkader Haroune est aujourd'hui commissaire général de Roubaix. Qu'est-ce qui a conduit cet enfant de harkis à devenir ce grand serviteur de l'Etat ?
Abdelkader Haroune est né le 22 avril 1969 à Tourcoing dans le Nord. Issu d’une famille de Harkis arrivée en France au moment de la signature des accords d’Evian, il va vivre le déchirement, celui d’un père qui a choisi la France et d’un oncle qui s’est rangé du côté du FLN. Pourtant, il aura la République chevillée au corps comme ses huit frères et sœurs, exemples, incarnations, symboles de la réussite Made In France. Méritocratie et école républicaine.
En 1986, c’est la Fac de droit, puis la police 6 ans plus tard avant de partir se former avec les équipes du FBI à Quantico en Virginie. Résultat ? Il est aujourd’hui un des meilleurs spécialistes des scènes de crimes. Et c’est à Roubaix qu’il se pose, au célèbre commissariat des affaires courantes, au 72 boulevard de Belfort, mis à l’honneur par le documentariste Mosco Lévy et le cinéaste Arnaud Desplechin. Une des villes les plus sinistrées de France, rongée par le chômage et toutes sortes d’économies parallèles et de trafic en tous genres.
Dans son commissariat de briques rouge, Abdelkader Haroune accueille toute la misère du monde, une fontaine de violences qui ne cesse de s’écouler. Ici, 50% des habitants vivent des minimas sociaux. Combien sont-ils à vivre sous le seuil de pauvreté ? Lointain est le temps où Roubaix rayonnait tandis que les grandes familles du nord, les Motte, les Tiberghien ou les Prouvost y écrivaient une des pages du capitalisme français. Mais pour Monsieur le Commissaire, la pauvreté ne saurait-être une fatalité. Alors tous les jours il tente de faire briller cette lumière si particulière qui fait de Roubaix sa ville de cœur. Roubaix un jour, Roubaix toujours.
Une série d’entretiens proposée par Alain Lewkowicz. Réalisation : Guillaume Baldy. Chargée de programme : Daphné Abgrall.
Cliquez sur la photo pour écoutez l'interview de France Culture
Durée 29'19'
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