19 Juin 2022
- ENTRETIEN. Fille de harkis, l’Angevine Taouss Leroux raconte l’exil de ses parents d’Algérie -
Fille de harkis, Taouss Leroux livre un témoignage fort sur le déracinement culturel dont ont souffert ses parents émigrés. OUEST-FRANCE
L’autrice du livre Harkis, l’exil ou la mort questionne la place des harkis et de leurs enfants dans la société française, soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie. Depuis Angers (Maine-et-Loire), où elle vit désormais, Taouss Leroux témoigne de l’histoire de ses parents, dont le père, arrivé en France à 20 ans, n’a jamais pu revenir dans son pays natal.
Ce devait être la fin de la guerre, mais Taouss Leroux est âgée de 2 ans quand elle est forcée de quitter l’Algérie en juin 1962. Avec une partie de sa famille, elle est contrainte à l’exil, comme plus de 30 000 harkis, des combattants algériens dont l’histoire retiendra qu’ils se sont engagés dans les harkas (unité de supplétifs) pour défendre l’Algérie française. « Un mensonge auquel il convient de mettre fin », pour Taouss Leroux, dont le père « a été menacé de mort s’il ne collaborait pas avec l’armée française ».
Considéré comme déserteur par le Front de libération nationale une fois la guerre terminée, son père est à son tour menacé de mort par son pays, qu’il finit par fuir. Parqué avec sa famille et d’autres harkis dans un centre d’accueil du sud de la France, il a fallu tout reconstruire, à commencer par son identité. Est venu le temps de la résignation, de l’adaptation à un nouveau pays, à sa culture et à sa langue. Ce dont témoigne l’autrice Taouss Leroux, qui vit désormais à Angers (Maine-et-Loire), dans son livre Harkis, l’exil ou la mort, paru le 10 mai.
Qui étaient les harkis ?
Des Algériens qui servaient en Algérie coloniale dans une formation paramilitaire (harka, en arabe). Durant la guerre d’Algérie, entre 1957 et 1962, ils ont servi comme supplétifs dans l’armée française. En Algérie, harki est devenu synonyme de traître et de collaborateur. Aujourd’hui encore, l’Algérie conserve une rancœur à l’égard des harkis, et en France, les harkis restent des étrangers. On ne peut pas oublier d’où l’on vient : les harkis et leurs descendants sont à la fois des Algériens et des Français.
Leur histoire est finalement peu évoquée dans les programmes d’histoire au lycée. Comment l’expliquer ?
On parle en effet de la guerre d’Algérie au lycée, en classe de première. Les manuels d’histoire font mention du mouvement d’indépendance organisé par le Front de libération national (FLN), et des accords d’Évian du 18 mars 1962, mais seulement quelques lignes figurent sur les harkis, avec des propos tenus qui ne sont pas cohérents avec la réalité. Mes enfants, qui ont aujourd’hui fini leurs études, me disaient souvent qu’ils intervenaient par rapport à ça auprès de leurs professeures d’histoire, qui s’étonnaient : « Je ne savais pas. Tu m’apprends quelque chose. » Je pense aussi que le ministère de l’Éducation nationale a demandé de taire cette période.
18/06/2022
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Taouss Leroux est née en 1960, à Ouaguenay, petite commune de la ville d’Aïn Defla située au nord de l’Algérie.
Taouss Leroux s’est inspirée de l’histoire de sa mère, courageuse et obstinée qui n’a cessé de conter son histoire et son pays à ses enfants pour leur transmettre ses valeurs, ses convictions et sa force de vivre tout en exorcisant sa souffrance.
Un roman sur l’exil forcé, sans liberté de choix et sur le traitement de tous ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu du jour au lendemain à l’occasion d’un événement politique indépendant de leur volonté.
Amelle a grandi dans un village en Algérie jusqu’au jour où la guerre est venue bouleverser sa vie. Après avoir combattu aux côtés de la France, contre son gré, son mari Wassim et son père n’ont pas eu d’autre choix que de fuir l’Algérie car tous deux étaient devenus des traîtres pour leur pays. Ils partirent donc en famille pour un voyage mouvementé. Tout d’abord parqués dans un camp dans des conditions déplorables, ils arrivent en ville. Dans cet univers Wassim travaille pour subvenir aux besoins de sa famille et tenter de survivre à l’inconcevable et à la culpabilité. Entre détresse et courage, tradition et liberté, amour et trahison, Amelle va se battre contre le mal du pays et contre les obstacles qui viennent la freiner dans son intégration en France qu’elle sait vitale pour ses proches.
- Extrait du livre -
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Broché 300 pages 18 €
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