Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vingt-quatre heures avec Katia Khemache, dans la vie d'une professeure d'histoire-géographie à Libourne (33)

Enseignement : comment se passe une journée de cours? 24 heures dans la vie dune professeure de collège 

 En cette fin d’année, Katia Khemache, professeur d’histoire géographie au collège de Libourne ne chôme pas : brevet, conseils de classe, inspection des contractuels… © Crédit photo : Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

Alors que l’année scolaire se termine, les enseignants sont sur tous les fronts : préparation des examens, correction des copies, conseils de classes… Reportage à Libourne au collège des Dagueys dans la classe 107, aux côtés de Katia Khemache

Libourne Plage. Juste en face de cette incitation au farniente, se dresse le collège Les Dagueys, 718 élèves. Ce mardi, la journée commence sous les hallebardes.  Katia Khemache, 42 ans, professeur d’histoire-géographie, ajuste la capuche de son ciré jaune. Aujourd’hui, elle commence à 9 h 30. Elle a pu déposer Saïd, son fils de sept ans, directement à l’école, sans passer par la case garderie. Elle prend place dans sa classe – la 107 –, allume son ordinateur, ouvre une multitude d’onglets : Pronote, le logiciel de notation, les documents de travail, le planning de cours, la composition de ses six classes.

 Le bureau de Katia Khemache, et son ordinateur ouvert sur plusieurs onglets. La personnalisation de l’enseignement, visant à inclure un maximum d’élèves, nécessite un travail supplémentaire. Aude Ferbos

« Bonjour les jeunes », lance-t-elle.

Face à elle, les élèves s’installent, sans oublier de faire crisser les pieds de leurs chaises. Les garçons, grands échalas ébouriffés, débordent de bras et de jambes. Les filles, elles, arborent des cheveux ultra-longs et des tee-shirts ultracourts. À quelques jours du DNB, comprenez Diplôme National du Brevet, un de ces acronymes dont l’Éducation nationale a le secret — l’absentéisme est record : à l’appel, il manque neuf élèves.

« La priorité, c’est votre brevet, appuie la prof. C’est la dernière ligne droite », poursuit-elle en distribuant les polycopiés d’un devoir d’entraînement en EMC (enseignement moral et civique) sur la défense globale.

– Allez, on y va les loulous, on ne lâche rien, les motive la prof, saupoudrant le propos de conseils pour bien gérer son temps, « et réviser tout hyperbien ». Tour à tour,  Katia Khemache manie l’humour, la complicité, la pédagogie, l’autorité avec ses élèves, pour maintenir leur motivation, capter leur attention, « tenir » la classe et donner envie d’apprendre.

– De toute façon, on l’a déjà, avec le contrôle continu, grommelle une ado, au fond de la classe. Son voisin hausse les épaules : « et la mention, alors ? »

Les « jeunes » insistent : ils veulent ses pronostics pour les sujets du brevet. « Mais je ne suis pas Madame Soleil ! Révisez tout, plutôt ! », sourit-elle. La voix de Whitney Houston retentit. « I Have nothing » : c’est la sonnerie de la récréation.

Au nom de Zeus

L’enseignante court à la vie scolaire. Il y a urgence : cet après-midi, dans le cadre du projet pluridisciplinaire Archéo, rassemblant prof de lettres, de latin et d’histoire, doivent se dérouler des Jeux olympiques antiques, en extérieur, avec pugilat au nom de Zeus, et goûter. Sauf que le ciel tombe toujours sur les Dagueys, la cour est inondée. Il faut reporter. Un détour par le bureau du principal adjoint s’impose, pour prévenir, mettre les douceurs au réfrigérateur, et rebâtir un programme de cours pour l’après-midi…

L’enseignante s’adapte à chaque élève, à chaque personnalité aussi, avec douceur et fermeté. A. F.

Allez, cinq minutes de pause en salle des profs. Il y a la queue devant la machine à café – 40 centimes l’expresso – tandis qu’en cette fin d’année, les enseignants devisent sur les examens à venir, les inspections, les dernières facéties de leurs élèves… L’heure d’avant, un collégien est entré en cours… par la fenêtre, « pour ne pas être en retard », a-t-il expliqué, en guise d’excuse.

La laïcité : un thème très travaillé en classe. La veille, les enseignants ont proposé la visite de tous les lieux de culte de la ville dans le cadre de la Journée de la Laïcité. Dix kilomètres à pied et des kilomètres en nombre. AF

Revoilà Whitney Houston. La salle se vide, tandis que les cinquièmes « se rangent » dans la cour, pour attendre leur prof d’histoire-géographie. Aujourd’hui c’est « classe mobile » : sur les ordinateurs portables, par petits groupes, ils doivent faire un exercice sur Léonard de Vinci.

La classe mobile : dans ce meuble vert, les ordinateurs portables des élèves. A. F.

Un travail sur Léonard de Vinci par petit groupe : c’est l’objectif du jour pour cette classe de cinquième. AF

12 h 30. Pas de cantine pour Katia Khemache qui préfère « lâcher la pression » en salle de sport. Au menu, 45 minutes de tapis de course, et une demi-heure d’abdominaux. En plus, cet après-midi, il faut improviser un cours pour la classe de 6ᵉ, initialement prévue sur les JO antiques. À la place, ce sera une leçon sur le judaïsme.

Les conseils de classe : un moment crucial pour l’équipe enseignante et les élèves. Désormais, la scolarité est organisée en semestre, mais Les Dagueys proposent aussi des points d’étape à mi-semestre et opèrent la double notation. AF

À une époque de crise des vocations, voir l’enthousiasme des contractuels, et pouvoir les épauler, c’est un bonheur et c’est aussi porteur d’espoirAF

17 heures. La journée est loin d’être finie : s’enchaînent deux conseils de classe, sous la houlette de la dynamique principale Aurélie Garotte. Le rituel est immuable : le professeur principal décrit l’ambiance générale de la classe, son niveau. Chaque enseignant commente dans sa spécialité, les délégués ajoutent leur grain de sel. Puis, par ordre alphabétique, c’est le passage en revue des élèves. Non sans humour, mais avec sollicitude. Tour à tour, sont soulignés l’excellence de l’une, l’irrespect de l’autre, ou encore « l’angoisse de la performance ». Il s’agit aussi de « gérer les chamailleries intervenues en intercours », ou « le poids du club de football ».

Travail à la maison

Il est 19 heures, Katia Khemache quitte le collège. Son fils Saïd est déjà à la maison avec la baby-sitter. Repas, bain, histoire. Katia avale une salade de tomates, et monte à son bureau aux alentours de 21 heures Certes, son planning de cours affiche 18 heures hebdomadaires, mais le travail à la maison fait grimper l’addition à 36 heures minimum. « Et encore, parce que j’ai de l’ancienneté. À mes débuts, c’était le double », sourit-elle. « Mais c’est une chance de pouvoir adapter son emploi du temps et gérer mon fils ». Alors tant pis si elle rouvre l’ordinateur le samedi après-midi pendant le cours de judo de Saïd pour répondre « rassurer un parent, ou accompagner un élève ».

Il est 23 heures, l’enseignante finit ses bulletins. « Il faut aussi apporter des conseils, sinon ils ne servent à rien. » Le travail à la maison est important : correction des copies, bulletins, préparation des cours, rédaction des rapports d’inspection, etc. A. F.

Le soir, au calme, elle ne compte pas non plus ses heures. Il faut encore corriger les copies, remplir les derniers bulletins, rédiger les scénarios pédagogiques, les chapitres des leçons pour les enfants en Pap (plan d’accompagnement personnalisé), et écrire les rapports d’inspection des contractuels. C’est une nouvelle mission qu’elle a acceptée, et pas seulement pour les 1 000 euros de prime annuelle. Surtout parce qu’elle a du sens. « À une époque de crise des vocations, voir l’enthousiasme des contractuels, et pouvoir les épauler, c’est un bonheur et c’est aussi porteur d’espoir », expose-t-elle. Katia, elle, a commencé à enseigner à 22 ans. Elle a dû faire une pause d’un an pour soigner un cancer et écrire sa thèse de doctorat (en même temps…). Vingt ans plus tard, elle « est toujours aussi excitée par son métier. Chaque année est différente, les élèves ne pas les mêmes. C’est magique et passionnant. » Au-delà, il y a l’idée de « servir les valeurs de la République au quotidien, former les citoyens de demain, les aider à trouver leur place, éveiller leur conscience. » Un sacerdoce.

27/06/2023

- Cliquez sur l'article -

Vingt-quatre heures avec Katia Khemache, dans la vie d'une professeure d'histoire-géographie à Libourne (33)

*******

C-est-ici.gif

- Plusieurs fois par semaine, recevez vos meilleurs articles dans votre boîte mail avec la NEWSLETTER de Harkisdordogne.com

- Pour suivre votre actualité sur les harkisabonnez-vous gratuitement à la NEWSLETTER

Contact Email de :  L' Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins 

undefined
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article