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Yasmina Nini-Faucon "film : Les Harkis" se confesse avant le Festival de Cannes

Elle prépare déjà son sac et ses dossiers pour rejoindre le festival de Cannes dans quelques jours. La productrice Yasmina Nini-Faucon vit à Toulon, où elle a fondé Istiqlal Films, société de production spécialisée dans la fiction, avec Philippe Faucon. Déjà un beau palmarès… prêt à s’enrichir de son nouveau film : Les Harkis.

- Pour en savoir plus, cliquez sur la photo -

Les Harkis

Tout est prêt pour le festival ?

Oui, le nouveau long métrage de Philippe Faucon, les harkis, a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et est une belle reconnaissance de notre travail. En tant que producteur, j’ai eu le grand plaisir de concrétiser ce projet. Il nous a fallu plusieurs années pour l’assembler mais cela en valait la peine. Le film est désormais prêt à être diffusé dans le monde entier : professionnels du monde entier, presse, jury… Il aura également une première mondiale à Cannes : la première projection publique.

Depuis quand avez-vous créé votre société de production à Toulon ?

Oh oui! Istiqlal Films est né en 2004, ici, dans le quartier Claret. Avec Philippe Faucon, nous avons commencé timidement et, au début, ce n’était pas facile. Mais on tient ! Heureusement, nous avons toujours eu le soutien de la Région. Sans cela, je ne sais pas ce que nous aurions fait.

Toulon et le Var sont-ils désormais des terres cinématographiques ?

Oui et ce n’est pas surprenant. La lumière est très cinématographique, les décors naturels aussi. Aussi, saviez-vous que pour chaque euro investi ici dans la création visuelle, six euros sont obtenus sous forme de retombées économiques directes ?

Le succès est-il venu du premier film ?

Non loin de là. Notre premier film remonte à 2006 et s’appelait Dans la vie. Heureusement, j’avais eu le soutien de la chaîne Arte, qui a toujours été fidèle à nos projets. Aujourd’hui, nous présentons en avant-première six longs métrages… et nous espérons continuer encore longtemps (le sourire). Produire des films toulonnais me va très bien !

N’est-ce pas trop difficile d’être loin de Paris ?

Non, nous n’avons jamais jugé bon de déménager. En trois heures, vous pouvez être à Paris en TGV. Et, à bord, on peut travailler, alors pourquoi aller de Toulon à Paris ? Je suis très attaché à ma ville et elle me manquerait trop si elle était loin.

De quoi parles-tu les harkis Et comment est né le projet ?

Il est né d’une lecture de l’oeuvre de Robert Luca, Harkis, mes frères combattants. Le livre raconte un retour d’Algérie après la guerre : ses souvenirs et ses larmes. Dans le film, on ne juge pas l’histoire. Nous venons de raconter. Nous avons tourné au Maroc avec un budget relativement modeste. Nous espérons que le film touchera les gens. Il y aura aussi une avant-première à Toulon, comme à chaque avant-première de nos films. Il s’agit cette fois d’une coproduction avec Arte et Les Films du Fleuve. C’est un honneur d’avoir travaillé sur ce sujet complexe mais passionnant.

Quelle a été votre plus grande réussite ?

Le film sûrement Fátima. L’actrice Zita Hanrot a remporté le César du meilleur espoir en 2016, Philippe Faucon de la meilleure adaptation et du meilleur film de l’année. Que pourriez-vous souhaiter de plus ? (des rires). Philippe Faucon a également reçu le Prix Louis Delluc. Nous étions ravis.

Puis tu es rentré à Toulon en silence…

Oui, heureux de retrouver notre ville. Il a beaucoup changé ces derniers temps. Chaque fois que je sors en ville, je vois des touristes se promener partout. Le projet Chalucet est une vraie réussite. Montety promet aussi… Et puis, les marchés gourmands, je les trouve super. J’adore me promener dans cette vieille ville qui s’est transformée. Toulon est une ville qui bouge et ce n’est pas fini, j’espère !

Aujourd’hui, comment voyez-vous l’avenir du cinéma, à l’heure où les spectateurs s’éloignent des salles de cinéma ?

Cela m’attriste mais nous gardons la foi. Cette période post-Covid n’est pas très facile, c’est vrai. Et puis, vous savez, la production cinématographique se dirige de plus en plus vers des plateformes comme Netflix, Amazon… Jusqu’à présent, nous n’avions jamais travaillé avec eux, mais ces nouvelles chaînes deviennent incontournables de nos jours. Le cinéma entre dans une nouvelle dimension.

Croisons les doigts pour vous…

Merci. Je fais également partie du jury du parcours des femmes dans la Quinzaine en actions. Une façon de mettre en lumière les nouveaux talents du cinéma. J’en suis ravi.

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B
Devenu maintenant harki depuis deux mois environ. Un après-midi, l’imposant caporal rassembla notre unité composée d’une trentaine d’hommes environ. Le vieux Ali, mon confident, faisait partie du groupe. La petite troupe que nous formions s’était mise ce jour-là au garde-à-vous face au lieutenant, commandant de la S.A.S de Bouzina. L’officier commença par donner ses ordres en français, ce que le caporal traduisait aussitôt ! « Nous devons être prêts pour deux heures du matin »nous lança le brigadier dans sa traduction pleine de fermeté. Ses dents dorées scintillaient dans sa bouche au fur et à mesure qu’il parlait. Ses mains en mouvement s’agitaient comme un ventail, il prenait la pose d’un chef dominant. Il nous ordonna de préparer le repas d’un jour. Cela voulait dire que notre retour ne se ferait que le lendemain en fin de journée. Au milieu de ces harkis que je commençais maintenant à bien connaître, malgré l’intrigante différence d’âge entre le plus vieux et le plus jeune. Une fois, les ordres donnes, notre officier fit rompre les rangs illico. Chaque harki devait se préparer, amener ses provisions d’une journée. D’après le lieutenant, nous devions appuyer une unité de l’armée afin d’effectuer une opération dans la région, particulièrement dans ces endroits isolés et éloignés du secteur actif militaire. Le but était de prendre contact avec la population au milieu des montagnes, mais aussi trouver des caches d’armes ou bien d’obtenir des renseignements pouvant aider l’armée à mieux menée des actions contre le FLN. Deux heures du matin tapantes. Je me réveillais comme tous mes autres camarades. Encore somnambule, je me tins présent à l’appel. L’inspection commença d’abord par nos sacoches bourrées de vivres, puis la cartouchière solidement attachée à la taille, inspectant nos armes parfaitement astiquées avec minutie, on ne badine pas avec la discipline militaire, car la règle, c'est la règle. Notre marche commença vers le poste de chasseurs à pied où nous attendaient une cinquantaine de soldats l’arme au pied. Pour la plupart, des appelés venus fraichement de la France profonde. Ensemble, nous prenions la direction de la montagne El-mahmel, vers l’est de Bouzina, dans ces lieux solitaires, où s’abrite une population vivant de la terre et de la nature. En file indienne et à distance, respectable, nous, nous engageâmes en douceur dans la nuit profonde.
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