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Témoignage de Djilali Mohand Bentoumi sur le massacre de Valée.

Je m’appelle Djilali Mohand Bentoumi, j’ai 32 ans et je parle bien le français puisque j’ai été à l’école de M. Petitjean. J’étais caporal en Indochine pendant deux ans, mon père était adjudant au RTA et avait participé au débarquement de Provence

Le 21 Mai 1956, je gardais les moutons non loin de ma Mechta El Garoubia près du village de Valée (Philippeville), j’avais vu en début d’après-midi, une colonne d’une vingtaine de fellaghas qui longeait en contre bas l’Oued et qui se dirigeait vers la mechta.

J’ai eu le sentiment que quelque chose allait arriver, j’ai réuni toutes mes chèvres et me suis dirigé vers la mechta. Lorsque je suis parvenu sur la colline, j’ai assisté impuissant au massacre de ma famille, ma mère,Safia, ma femme Leila 21 ans, mes deux sœurs Zinia 17 ans et Dounia 12 ans, ma tante Habiba et ses deux filles Latifa 10 ans et Nabila 8 ans, étaient violées devant mon père et mes oncles attachés à des arbres,Les deux plus jeunes garçons, mes cousins âgés de 6 et 4 ans ont aussi été violés puis ils ont été éventrés devant tous les habitants de la mechta.

Mon frère Riad âgé de 17 ans s’est rué sur un fellagha et il a été abattu d’une balle dans la tête.

J’ai reconnu être une connaissance du douar de Saf Saf, C’est à partir de ce moment que le massacre à commencer comme des bêtes sauvages, ils se sont rués sur les enfants et leurs ont coupés les oreillesun bras, et ensuite ils ont écrasés les têtes contre les arbres et ceux qui n’étaient pas morts ils les égorgeaient.

Mes oncles ont été émasculés pendant qu’ils se tordaient de douleurs on leur a obligé d’ouvrir la bouche et de tenir leur sexe dedans, s’ils les crachaient, ils avaient soit le nez coupé ou les oreilles ou bien la langue, ils savaient de toutes les façons qu’ils allaient mourir

Mon père était le chef du village, il se devait donc de mourir en dernier après avoir vu tous ce qu’il aimait mourir dans d’horribles souffrances mentales et physiques.

Chacune des femmes ont été torturées et ma tante a été empalée avec une branche de cactus, elle criait de souffrances, si fort que je l’entends toutes les nuits, son calvaire a duré plus de deux heures et en ait morte.

Ma femme Leila qui était enceinte a subi le plus d’outrages, ils savaient à qui ils avaient à faire, afin que sa mort soit la plus horrible ils lui ont crevés les yeux et l’ont éventrée, le bébé gisait à côté d’elle, pour finir ils l’ont brulée petit à petit. Je l’ai vu mourir.

C’est à ce moment-là qu’ils se sont aperçus que je n’étais pas prisonnier et cinq fellaghas sont partis à ma recherche, je me suis dissimulé dans une cache que l’on avait construit à tout hasard et c’est là que j’ai retrouvé trois de mes frères et un petit voisin.

Les fellaghas sont passés tout près de nous et j’entendais tous ce qu’ils disaient, entre autre de ne laisser aucun survivant de nos trois familles, et de toute façon ils reviendraient pour finir le travail, c’est là que j’ai entendu prononcer le nom de Zighoud Youcef de Condé-Smendou par un de ses lieutenant le dénommé Debbah, du Ksar Sbahi

Je suis ressorti pour voir ce qui se passait et la boucherie sur les femmeséventration et égorgement, des flaques de sang partout. Soudain, les cris se sont tus et les fellaghas sont repartis aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, on entendait que des gémissements, j’ai dû abréger les souffrances de Latifa et de mon frère Riad.

J’ai attendu qu’ils se soient bien éloignés avant de me risquer dans la mechta, tous les habitants étaient terrorisés, ils pleuraient devant leur impuissance à sauver qui que ce soit. Je me suis penché sur toutes les victimes et j’ai constaté avec dégout que mon père avait été torturé de la pire des façons, ils lui avaient coupé le nez,

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les oreilles, les lèvres ensuite les deux bras puis ils lui avaient enlevé les deux yeux et comme cela ne suffisait pas, ils l’ont égorgé et décapité, sa tête était empalée sur un cactus.

Je n’ai rien pu faire qu’à sauver ma peau, Avec l’aide des habitants, nous avons réunis tous les morts et je me suis dirigé vers le village de Valée qui n’est distant que de quelques kilomètres ou j’ai rencontré le garde champêtre qui a prévenu l’armée de Philippeville.

L’armée est arrivée rapidement sur les lieux, le lieutenant Casimirius de la SAS de Valée (que je connaissais bien parce qu’il venait souvent nous soigner à la mechta) et beaucoup de soldats ont vomi, ils ont pris des photos et nous ont aidés à enterrer nos morts et ont recueilli mon témoignage, les autres habitants n’ont rien dit à cause de la peur.

Le lendemain, j’ai été au douar de Saf Saf, j’ai été dans la maison de Oufkir, je l’ai tué ainsi que deux autres que j’ai reconnu, à sa mère et son père qui le pleuraient, je leur ai dit qu’ils avaient beaucoup de chance que je n’accomplisse pas ce que son fils et les mécréants avait fait subir à ma famille.

Les fellaghas était venu afin de tuer toute ma famille qui avait une tradition de soldats depuis 1870 ou mon arrière-grand-père a fait la guerre, à chaque génération, il y a eu des militaires dans ma famille, nous étions tous français et c’est ce symbole que les tueurs sont venus détruire.

C’était le 26 Mai 1956.

En juillet 1956, Je me suis réengagé dans la Formation du Commando Expérimental “Chouff” du Colonel Duval,

commandant le G.A.T.A.C. n°1 de Constantine, j’ai rejoint le Centre d’Entrainement “Jeanne d’Arc” à Philippeville. Fin août, nous étions opérationnels. Mon chef était le capitaine Souêtre

En tant que pisteur, j’étais très souvent sur la route avec le soldat de 1° classe Faudel qui comme moi a eu sa famille massacrée à Feraoun, je ne dormais plus car je voulais à tout prix la peau de Zighoud Youcef, j’obtenais des informations par les habitants des mechtas et des douars car je me présentais à eux en tant qu’acheteur de moutons (ce que je connaissais le mieux), Il ne m’a pas fallu plus de 15 jours pour localiser sa katiba et je l’ai pisté jusqu’à Sidi Mesrich où je savais qu’il devait s’y rendre.

En contact régulier avec mon chef, j’ai transmis cette information et avec le soldat Faudel nous avons été récupéré par les commandos du GCPA 541 et le 24 septembre 1956, avons mené une embuscade, le combat a été rude car il s’était déplacé avec sa katiba complète soit 80 djoundis bien armés, nous l’avons localisé au sein de sa Katiba, isolé, là nous l’avons blessé je me suis approché de lui, je lui ai dit que j’allais le tuer car il avait fait tuer ma famille et je lui ai tiré une balle dans la poitrine, il en est mort, au total il y a eu plus de cinquante djoundis mis hors de combat tués et blessés. J’ai reconnu parmi les morts beaucoup de ceux qui avaient participé au massacre de ma famille notamment un de ses lieutenants Ali

Ma vengeance a été satisfaite pour ceux que j’ai perdu mais mon esprit n’est pas pour autant apaisé, je vivrais toute ma vie avec le poids de ce massacre.

Témoignage recueilli

le 5 Janvier 1957, par le lieutenant CommandoVASSEUR Albert du GCPA 541

Albert VASSEUR est né le 28 mars 1923 à Cateau (Nord). Engagé dans l’Armée de l’air le 26 septembre 1941 au titre du personnel non navigant du service général, il est affecté au Groupe de chasse 2/8 à Marignane jusqu’à sa démobilisation le 30 novembre 1942.

En avril 1944, il rejoint les Corps francs du Puy-de-Dôme et participe aux combats pour la libération de la France. De retour dans l’Armée de l’air en octobre 1944, fusilier de l’air, il est admis à l’Ecole militaire de l’air en 1949 dans le corps des officiers des services administratifs de l’air.

Volontaire pour servir en Algérie qu’il rejoint en mai 1956, il est breveté parachutiste militaire et, le 1er juillet 1957, affecté au Groupe de commandos parachutistes de l’air 15/541.

Il participe à toutes les opérations de son unité et trouve la mort le 11 décembre 1957 lors d’un engagement contre une très forte bande rebelle.

Le Lieutenant Vasseur était chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 39/45 et de la Croix de la valeur militaire avec deux palmes.

Son nom a été donné à la Base aérienne 122 de Chartres

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Merci à RG, pour l'info

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Dorénavant, si vous le souhaitez, vous pouvez laisser un commentaire sous chaque article en bas à gauche, dans commenter cet article

l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins, et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux

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V
En faisant des recherches sur mon oncle Albert j'ai eu le plaisir de trouver votre site.<br /> j'ai vécu a Blida j étais présent a la cérémonie funèbre a Alger.<br /> J'ai aussi parrainé la promotion Albert VASSEUR a l'école de salon de prrovence en présence du général Albert MEYER qui fut le Capitaine de mon oncle et à ses côtés quand il a été tué.<br /> Avec respect pour votre travail de mémoire.<br /> Jean François VASSEUR.<br /> l
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D
Merci de faire vivre cette mémoire que l'on veut nous effacer
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