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Harkis, pieds-noirs, soldats : 60 ans après les accords d'Évian , ils se souviennent

Le 18 mars 1962, les accords d'Évian qui aboutirent à la mise en œuvre du cessez-le-feu en Algérie, sont signés. Officiellement, la fin de la guerre est actée mais la violence se poursuit jusqu'en juillet. 60 ans plus tard, les rapatriés d'Algérie, harkis et anciens appelés se souviennent. 

Devant l'hôtel du parc à Évian les Bains, photo de famille des membres de la délégation algérienne, lors des négociations d'Évian pour mettre fin à la guerre d'Algérie © AFP - Jean Claude Mallinjod / Ina

C'était il y a 60 ans. Le 18 mars 1962, les accords d'Évian sont signés et se traduisent par un cessez-le-feu partout sur le territoire algérien. La guerre entre la France et les indépendantistes qui duraient depuis près de huit ans prend officiellement fin, même si pour beaucoup la guerre ne s'est terminée qu'en juillet 1962 après plusieurs mois de violence. 60 ans plus tard, des rapatriés d'Algérie, des harkis et des Français mobilisés se souviennent.

"C'est une grande blessure pour beaucoup de gens"

Après 1962, près d'un million de "pieds-noirs", des Français d'Algérie, ont été rapatriés en France. "On ne pensait pas repartir de là-bas" témoigne Christian qui a quitté l'Algérie à l'âge de 14 ans. Ce rapatrié de Montpellier assure sur France Bleu Hérault que cet exode "est une grande blessure pour beaucoup de gens". Il poursuit : "Mes grands-parents ne voulaient pas partir. Ils ne voulaient rien lâcher et ça a été atroce pour les faire revenir en France".

" Pendant longtemps, on n'en a pas parlé "

Une fois arrivé en France, toute sa vie est bouleversée : "On arrive dans un endroit où on ne connaît plus personne. On ne connaît pas la géographie, ni les lieux. On ne se repère pas, on ne sait pas". Gérard, un autre rapatrié de Montpellier, évoque une intégration difficile : "Mon père ne retrouvait plus de travail. En Algérie, il avait une grosse entreprise et il avait tout perdu. Il n'avait pas d'argent".

Ces souvenirs, cet exode "pendant longtemps, on n'en a pas parlé" confie Gérard. Désormais, il est à la retraite et prend le temps d'évoquer son arrivée en France : "J'ai deux garçons, il y en a un qui ne veut pas en entendre parler. Il dit qu'on va tous disparaître, donc ça n'existe plus. Tandis que l'autre il milite. Il vient avec moi dans des réunions, des conférences, dans les congrès".

"Des conditions de vie très dures" pour les Harkis

Au cours d'une cérémonie consacrée à la mémoire des harkis en septembre dernier, Emmanuel Macron a "demandé pardon" au nom de la France. Le chef de l'État a estimé que le pays avait "manqué à ses devoirs" à leur égard et a annoncé une loi de "reconnaissance et de réparation". Car les Accords d'Évian ont été un calvaire pour leurs familles, ces supplétifs algériens engagés dans l'armée française, ainsi que pour les familles. Certains ont été massacrés après le cessez-le-feu en Algérie, d'autres ont été rapatriés en France dans des conditions déplorables comme dans le Loiret, rapporte France Bleu Orléans.

" On était coupés de tout, on ne savait même pas qu'Orléans était à côté "

350 familles de harkis ont vécu dans ce département entre 1963 et 1978. Djamel Chaouaou, petit-fils de harki, est est né dans la cité de l'Herveline à Semoy près d'Orléans. Il se souvient de "conditions de vie [...] très dures, sans eau chaude, dans des deux pièces très mal isolés avec des toits amiantés, on avait hyper froid l'hiver". Djamel Chaouaou assure, qu'avec sa famille, il était mis à l'écart du reste de la société : "On était coupés de tout, on ne savait même pas qu'Orléans était à côté ! On vivait entre nous, en vase clos, sous la surveillance d'un gardien qui contrôlait toute entrée et toute sortie".

60 ans plus tard, les harkis demandent la reconnaissance de la cité de l'Herveline, dont il ne reste plus rien aujourd'hui, pour qu'elle ne soit pas oubliée.

"Je vois encore les civières ruisseler de sang"

La guerre d'Algérie c'est aussi 1,5 million d'hommes appelés pour partir se battre de l'autre côté de la Méditerranée. Jacques a été mobilisé en Algérie de 1959 à 1961. Cet habitant de Roye (Somme), 83 ans aujourd'hui, se souvient de la traversée au micro de France Bleu Picardie : "C'était sur des rafiots, à fond de cale. Là où il y avait les transport d'animaux avec une odeur pestilentielle qui vous prenait à la gorge". Il n'a que 20 ans quand il pose le pied en Algérie, il _"n'a pas conscience de venir pour faire la guerre". Sur le terrain, il voit la mort de près : "Je vois encore les civières ruisseler de sang. C'est quand même choquant, vous avez 20 ans !"_

Une cérémonie de commémoration samedi à l'Elysée

Pour le 60e anniversaire des Accords d'Évian et du cessez-le-feu en Algérie, Emmanuel Macron présidera une cérémonie samedi à l'Elysée, avec un souci "d'apaisement" des mémoires et de "main tendue" à l'Algérie. "Commémorer n'est pas célébrer", a toutefois souligné l'Elysée.

La ministre des Armées Florence Parly, le chef d'Etat-major des Armées Thierry Burckhard ainsi que des élus, dont le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, ville qui accueillera le futur musée de l'Histoire de France et de l'Algérie, seront également présents. L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a également été invité, a indiqué l'Elysée, sans préciser s'il avait accepté l'invitation.

18/03/2022

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Dates des rassemblements, pour la Reconnaissance, la mémoire, et la culture.
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