Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mémoire des harkis : les femmes du camp de Bias, héroïnes du premier documentaire de Dalila Kerchouche

- Article complet -

« Bias, le camp du mépris » sera projeté en avant-première, mardi 15 novembre à 20 h 30, au cinéma L’Utopie à Sainte-Livrade (47), en présence de Dalila Kerchouche.

Il est également programmé dans le cadre du festival du film d’histoire de Pessac (33),

dimanche 20 novembre, à 16 heures, au cinéma Jean-Eustache.

Il sera diffusé jeudi 24 novembre, à 23 heures.

Canal 303 pour Orange sur France 3 Nouvelle-Aquitaine

Le livre « Mon père ce harki » a été réédité dans une version augmentée en septembre dernier. 

Yamina Tamazount, 97 ans, l’une des témoins de « Bias, le camp du mépris ». © Crédit photo : Dalila Kerchouche

La journaliste et auteure, qui se consacre depuis plus de vingt ans à dénoncer les conditions d’accueil des harkis en France, a réalisé son premier film « Bias, le camp du mépris » qui sera diffusé sur France 3, le 24 novembre

Elle y est née en 1973 et y a passé les deux premières années de son existence. Dalila Kerchouche est la fille d’une des familles de harkis internées dans le camp de Bias. Depuis ses 29 ans, elle n’a de cesse d’être le porte-parole, via ses articles ou livres, des récits recueillis auprès des anciens du camp, seuls vestiges d’une vie passée derrière des barbelés, orchestrée par l’administration française.

Avec « Bias, le camp du mépris », Dalila Kerchouche met en images pour la première fois ce qu’elle a couché sur du papier durant toutes ces années en donnant la parole à quatre femmes de harkis, anciennes du camp. Un documentaire dans lequel elle retrace aussi l’histoire de sa propre famille et de ses parents, aujourd’hui disparus.

Comment le projet d’un documentaire est-il né ?

Cela faisait longtemps que je réfléchissais à donner la parole devant une caméra aux anciens du camp, et plus particulièrement à ces femmes, qui, comme ma mère avec moi, ont transmis à leurs enfants, dans l’intimité familiale, l’injustice subie par les harkis à leur arrivée en France.

Deux déclics m’ont décidé à réaliser ce film : une proposition de la productrice et la découverte des archives du camp, perdues depuis les années 1970, dans un grenier de l’ancienne mairie de Bias. Mais cette découverte n’a ému personne, pas même à l’Élysée, lors de la réception en hommage aux harkis. Comme personne ne bougeait, j’ai décidé que j’allais en faire un film pour provoquer leur transfert aux archives départementales afin d’être inventoriées et accessibles à tous.

La découverte des archives du camp est d’ailleurs longuement évoquée dans le documentaire…

Jusqu’à présent, il n’y avait aucune trace écrite de ce qui s’y était passé. Ni même physique puisque le camp a été rasé… Quand j’ai démarré les recherches sur mon père, il y a vingt ans, j’ai seulement trouvé dans les archives, trois coupures de presse. Aujourd’hui, il y a enfin des écrits officiels. Ces archives consolident la transmission et la mémoire orales.

Un travail d’historien est désormais possible, nécessaire pour objectiver le récit. Je voulais également montrer l’émotion de ceux qui lisaient, pour la première fois, leur dossier administratif. Un moment qui a déverrouillé des souffrances enfermées depuis des années pour certains, voyant leur témoignage rendu crédible par des rapports de l’État. Des documents ont été des révélations, comme ce registre répertoriant les enfants placés de force. Ils ont été 250. Pour autant, il reste des zones d’ombre.

C’est-à-dire ?

Il n’y a aucune archives sur le fonctionnement du camp. Or, elles existaient. Bias était géré de la même manière que le Cafi à Sainte-Livrade. Pour le Cafi, elles ont été retrouvées. Pas pour Bias. C’est troublant de voir, qu’en même temps qu’une loi de réparation est promulguée, des archives sont occultées. C’est comme si on remettait le couvercle sur l’histoire des harkis en France.

Comment avez-vous choisi les quatre femmes qui témoignent dans votre film ?

Elles étaient des amies proches de mes parents, des voisines dans le camp. Je les connaissais bien. Bias a été une telle épreuve qu’aujourd’hui, les anciens du camp ont le sentiment d’être d’une même famille, liés par une histoire douloureuse commune. Si l’objectif de ce film est d’être un travail d’investigation historique, un état des lieux sur ce qui se passait à Bias, je voulais également raconter la vie de ces femmes qui ont subi la guerre, les massacres, l’exil… pour se retrouver enfermées et se faire enlever la seule raison de vivre qui leur restait : leurs enfants.

Depuis vingt ans, vous vous consacrez à transmettre la parole des harkis dans les médias. Vous pensez vous arrêter un jour ?

J’arrêterai quand il y aura une réelle volonté politique d’étayage historique, un réel examen de conscience appuyé par une commission indépendante constituée d’historiens et de scientifiques. La société est prête. Il y a eu un vrai basculement d’opinion sur les harkis en vingt ans. Ils ne sont plus considérés comme des parias, bien au contraire. Ils sont vus comme des hommes dignes. Ce qu’ils ont toujours été.

12/11/2022

Pour suivre votre actualité sur les harkisAbonnez-vous gratuitement à la NEWSLETTER

undefined
Dates des rassemblements, pour la Reconnaissance, la mémoire, et la culture.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Je suis fille de harkis et je tiens à dire qu'il y a pas que les femmes de harkis qui ont séjourné dans le camp de bias qui ont subi l'injustice, il aurait été judicieux d'interroger les femmes de harkis qui ont pas séjourné dans le camps de bias et qui habite à 5 kilomètres de bias depuis 1962.<br /> Toutes les femmes de harkis qu'elles aient transité par un camps ou pas ont subi des injustices.
Répondre