5 Novembre 2023
Le cortège était dense autour de la secrétaire d'État, Patricia Mirallès, venue inaugurer le parcours mémoriel, ce jeudi 26 octobre à Jouques. Élus et associations ont pu longuement échanger avec elle.Photo Cyril Sollier
Ce jeudi 26 octobre, au camp du Logis d'Anne de Jouques, Patricia Mirallès, secrétaire d'État chargée des Anciens combattants et de la mémoire, inaugurait un parcours mémoriel. Une première étape pour reconstruire l'histoire des harkis, les oubliés de la République.
Il y a onze ans qu'un tel cortège n'avait pas été vu, serpentant sur les sentiers de l'ancien camp du Logis d'Anne, à Jouques. C'était pour l'inauguration du Mémorial national des harkis, le 29 septembre 2012.
Ce jeudi 26 octobre, on ne comptait plus les élus, présidents d'associations, porte-drapeaux et familles de harkis, venus serrer la main de la secrétaire d'État chargée des Anciens combattants et de la mémoire, Patricia Mirallès.
De l'histoire du Logis d'Anne, depuis 1963 donc, elle était la troisième ministre à fouler le sol du camp qui a accueilli 350 personnes jusqu'à sa fermeture en 1994 et le départ effectif des dernières familles en 1998. Sachant que ses deux prédécesseurs, André Santini et Nicole Catala, avaient fait le déplacement à la fin des années 80, aux moments des soulèvements et grèves de la faim dans ces lieux pétris de rancœurs.
© Photo Gilbert Soulet
"Un oubli volontaire, impardonnable. Un site dans lequel on a caché derrière la forêt, ceux qu'on ne voulait pas voir", lançait Aline Carabetta, présidente de l'association de femmes de harkis, Amazones, poursuivant avec force et émotion : "Nous sommes les invisibles, les inclassables, les indésirables, les envahisseurs, les Indiens… les sales arabes. Un paradoxe, alors que nos aînés, au péril de leur vie, ont défendu la liberté."
C'est dans ce contexte sensible, celui de la mémoire des oubliés de la République, que la représentante du gouvernement est venue inaugurer un parcours mémoriel : comprendre, un cheminement à travers l'ancien hameau de forestage constitué de neuf panneaux informatifs. Une bien maigre consolation, mais, prévenaient les différentes parties prenantes, au premier rang desquelles l'État : "C'est un commencement, assurait fermement Patricia Mirallès. L'inauguration de ce parcours n'est pas un aboutissement. C'est plutôt un commencement, celui d'une entreprise commune de valorisation de la mémoire des harkis et de sa diffusion, car celle-ci demeure aujourd'hui encore trop méconnue."
Et à l'échelle du Logis d'Anne, presque une victoire. Vingt-cinq ans après le départ des dernières familles, c'est la première fois que des associations, la mairie de Jouques, le Département des Bouches-du-Rhône, la Région et le sous-préfet ont pu s'asseoir autour d'une même table pour amorcer un projet de la sorte.
Après le classement du site, 37 hectares, en zone naturelle, il fallait faire fi des querelles intestines entre les représentants de cette communauté déchirée pour réussir à orchestrer, ne serait-ce que l'installation de ces panneaux.
"C'est un petit - il faut être modeste - devoir accompli. Le président de la République, en septembre 2021, lançait un mouvement qui devait trouver une traduction sur les territoires. Et il se trouve que dans le même mouvement, ici, des associations se mobilisaient pour préserver ce site du Logis d'Anne", soulignait Bruno Cassette, sous-préfet d'Aix.
Cheminant sur la route empruntée il y a peu encore par les familles harkies, il rappelait la volonté de "marquer cette mémoire et ce recueillement" tout en appuyant sa volonté de voir ces installations servir un projet pédagogique auprès des scolaires. Une deuxième étape est d'ores et déjà à l'écriture, celle de l'installation prochaine d'une œuvre d'art faisant référence aux baraquements et un musée à ciel ouvert, attenant d'une salle qui pourrait être utilisée pour des réunions, des animations, des moments de proximité ou de recueillement…
Restera à maintenir l'entente associative et surtout assurer les financements à venir. Rocher sur lequel la République ne saurait laisser sa mémoire se fracasser.
27/10/2023
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