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Hommage aux harkis 25-09-2015 à Toulouse

Hommage aux harkis 25-09-2015 à Toulouse

( Discours hommage aux Harkis de Achour Baali le 25 Septembre 2015 à Toulouse )  

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Procureur de la République,

Mesdames, Messieurs les élus,

Messieurs les représentants des autorités militaires et consulaires,

Mesdames, Messieurs les présidents des associations d’anciens combattants,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mes chers amis,

C'est en ma qualité de membre du Haut-Conseil des Rapatriés ainsi que de Président du Comité Régional de Concertation que je m'adresse à vous aujourd'hui, à l'occasion du quinzième anniversaire de la « Journée Nationale d'Hommage aux Harkis et aux membres des autres formations supplétives ».

Cette journée voulue par le Président de la République en 2001, M. Jacques Chirac, est un moment de mémoire et de reconnaissance, mais aussi un moment de réparation pour l'injustice commise. M. Chirac avait déclaré cet année là, que cet hommage est « un rendez-vous avec la République. Avec son unité, qui ne saurait s'accommoder d'aucune forme d'exclusion. Avec la continuité de son histoire, qui ne peut accepter aucune forme d'oubli. C'est au nom de cette idée de la République que nous rendons un hommage solennel aux anciens des forces supplétives, ceux que l'on a pris l'habitude d'appeler les Harkis, et que nous affirmons le devoir moral de la Nation envers eux ».

Mais l'année 2015 est aussi le quarantième anniversaire de l'engagement des Harkis pour mettre un terme à l'oubli et à la relégation honteuse qu'ils subissaient sur le sol français. C'est à partir de l'action engagée en 1975 pour obtenir la fermeture du camp de Saint-Maurice l'Ardoise, dans le Gard, que les Harkis ont relevé la tête et se sont rappelés à la Nation et aux devoirs que celle-ci a contracté à leur égard.

Si j'évoque le souvenir de cet événement, c'est qu'au-delà de l'anniversaire il concentre à lui seul, tout le drame des harkis et de leurs familles. Le lieu déjà en dit plus long que de longs discours, sur ce que fut le stationnement, on ne peut pas employer le terme d'accueil, des harkis et de leur famille en Métropole.

Le lieu par son histoire résume les drames de la France contemporaine : il fut successivement un camp de prisonniers allemands à la Libération, puis d'indépendantistes FLN sous la IV° république, puis sous la V° de militants de l'Algérie française et enfin pour les harkis « camp de transit », selon la terminologie administrative de l'époque. Un « transit » qui allait durer plus de quinze ans !

Qu'on ait pu avoir l'idée de reléguer dans un lieu de privation de libertés, où avaient été enfermés avant ceux que l’État avait considéré comme des ennemis, dépourvu des commodités élémentaires de confort et d'hygiène, avec les mêmes méthodes de discipline et de coercition, les harkis qui avaient fait le choix de défendre la France au péril de leur vie, dépasse l'entendement !

La tragédie des Harkis, au-delà de la monstruosité de l'abandon meurtrier, c'est d'abord le drame de l'exil. Ce qui se passe en ce moment tout autour de la méditerranée devrait permettre aux plus jeunes qui n'ont pas connu notre histoire, de s'en faire une idée. Mais au drame de l'arrachement à la terre natale, au drame de l'exil, on a ajouté la honte de la relégation de soldats français et de leurs familles, sur le sol de France, dans des camps de prisonniers ! Pratiquement tous en effet, avant d'être « camp de transit », Bias, Bourg-Lastic, Le Vigeant, Larzac, Saint-Maurice l'Ardoise et enfin Rivesaltes, ont été à un moment de leur histoire un camp d'enfermement.

L'Hommage d'aujourd'hui est une pensée pour cette souffrance et cette humiliation. Mais c'est également un Hommage à l'Armée française, à son histoire, à ses traditions et à ses hommes : ses officiers, ses sous-officiers et ses soldats

D'abord parce que les Harkis étaient des soldats, et pour reprendre le mot du président Chirac lors de la célébration de la première journée nationale : « Nous devons hommage et fidélité aux combattants qui ont lutté, et parfois donné leur vie pour la France. Harkis, Moghaznis, tirailleurs, spahis, membres des forces régulières ou des forces supplétives, des groupes mobiles de sécurité, des groupes d'autodéfense et des sections administratives spécialisées : ils sont plus de 200 000 à avoir pris les armes pour la République et pour la France, pour défendre leurs terres et pour protéger leurs familles ».

Nous savons aujourd'hui, ce que fut l'horreur des massacres, des tortures et des humiliations qui ont suivis les accords d'Evian ! Épisode inouï de l'Histoire de France, qui va se prolonger pendant de longs mois : le massacre de ceux qui étaient des soldats français, sur le sol d'un territoire qui était encore un territoire français, sous l’œil indifférent ou lâche de ce qu'on n'ose même pas appeler « des autorités », qui représentaient encore la France et la République !

Aussi, nous n'oublierons jamais que la majorité d'entre nous doivent leur vie à des soldats qui ont fait passer le sens de l’honneur et de la fidélité, avant celui de l'obéissance servile à ordres honteux. Tellement honteux que ceux qui les donnaient avaient conscience de leur ignominie et les diffusaient presque en catimini, par télégramme.

La filiation entre les Harkis et l'armée, d'abord l'armée d'Afrique qui constitue l'essentiel du corps expéditionnaire français en Italie avant de participer au débarquement de Provence, est à jamais indissociable de notre histoire militaire.

C’est pourquoi aussi, j'ai plaisir de remercier chaleureusement les autorités de la garnison de Toulouse, pour leur soutien sans faille et la contribution que l'armée apporte à l'organisation de nos cérémonies. Croyez-bien que cela va droit au cœur de la communauté Harki.

A ces remerciements, j'ajoute aussi ceux que j'adresse avec amitié et reconnaissance aux membres de la communauté pieds-noirs et à leurs représentants ; ils sont toujours assidus à nos manifestations. Leur rôle dans la mise en valeur des différents territoires de l'Algérie, leur position de victimes eux aussi des accords d'Evian, - des accords sitôt signés, sitôt bafoués – enfin, leur fidélité indéfectible à notre histoire commune, méritent l'estime de tous !

Plus de cinquante ans après ces drames, où en sommes nous, de la reconnaissance, comme de la réparation ?

Un observateur ignorant, ou même simplement superficiel de notre histoire et de la politique des gouvernements successifs, pourrait s'étonner de la vigueur de notre ressentiment toujours si puissant, de notre chagrin toujours si vif, un demi-siècle après les tragédies qui les ont produits.

Il pourrait ainsi s'étonner que la succession de déclarations d'hommes politiques éminents, déclarations d'ailleurs souvent plus péremptoires en temps d'élection qu'après, et que la succession de multiples lois et décrets promulgués depuis, n'aient pas enfin apportées à la communauté harki, la place qu'elle revendique dans la communauté nationale et l'apaisement des cœurs qui devrait aller avec.

Mais justement, c'est tout le paradoxe de notre histoire. Car cette succession interminable de mesures éparses et diverses, cette litanie répétées de déclarations millimétrées pour ne fâcher personne, démontrent et illustrent d'abord la répugnance de l’État à réintégrer tous ses enfants dans le giron de la République, dont nous sommes finalement la mauvaise conscience.

Tout en faisant la part des choses, les bouleversements immenses liés à la seconde guerre mondiale, les difficultés de la reconstruction puis les drames de la décolonisation, on attendait cependant un geste de solidarité et de grandeur de la France. Ce geste elle sut le faire à certains moments de son histoire. Je pense en particulier à l'accueil généreux que la III° République a fait aux Alsaciens-Lorrains chassés de chez eux par la Prusse, en 1870.

Pour notre part, nous n'avons obtenus qu'une ribambelle de dispositions aussi parcellaires que pingres, arrivant chaque fois avec tant de retard et de parcimonie, après tant de discussions et d'ergotages que nul d'ailleurs n'en savait gré à leurs auteurs, tellement cela semblait attribué avec regret. Bref, la belle déesse fraternelle qu'était la République dans notre imaginaire collectif, s'est trop souvent muée pour nous, en une vieille douairière avaricieuse.

Ainsi, une des mesures les plus récentes, le décret du 29 juin 2015 sur la retraite des enfants de harkis et de supplétifs est-il une très concrète et récente illustration de mon propos.

Ce décret fait suite aux déclarations du Président de la République et du Premier ministre pour la mise en œuvre du plan harki présenté l'an dernier. Les déclarations de MM. Hollande et Valls, reprises dans ce plan sont claires et complètes. Nous pouvons nous entendre sur leur contenu et même considérer qu'il n'y a pas une virgule à en changer. Mais comme le dit le proverbe, « il y a loin de la coupe aux lèvres ».

Le décret qui part du constat très réel que les enfants de harkis, enfermés dans les camps de transit, n'ont bénéficié d'aucune des conditions normales d'éducation et de formation professionnelle comme les autres jeunes garçons et filles de leur âges, permet de comptabiliser les années passés ainsi, pour la cotisation à leur retraite. Jusque là rien à dire.

Malheureusement la lecture du décret amène une fois encore à déchanter : d'abord par ce que les enfants qui étaient dans les hameaux de forestage annexés à ces camps, pourtant aussi dépourvus en terme de scolarisation et de formation professionnelle ne sont pas inclus parmi les bénéficiaires, ensuite parce que le nombre d'années est plafonné sans commune mesure avec la durée réellement subie, enfin parce que le taux de rachat a posteriori de ces années est extrêmement élevé : une partie des ayants droits ne pourront donc pas en profiter. Finalement, ce qui est déjà très incongru -puisqu'en fait il s'agit de nous faire cotiser pour nos années d'enfermement- est parcellaire et se révèle une fois encore comme une demi-mesure.

Mais nous gardons espoir. La reconnaissance s'instaure petit à petit, par des cérémonies comme celle d'aujourd'hui, aussi par l'acceptation de la réalité de ce que fut la guerre d'Algérie et déjà l'acceptation de son nom : guerre, pas «événements ». L'arrivée aux responsabilité de dirigeants qui n'ont pas été touché directement ou personnellement par cette guerre et les soubresaut politiques qu'elle a généré, aurait pu être une difficulté supplémentaires. Je crois finalement qu'elle permet de faciliter une vision plus sereine et plus juste sur notre cause.

Tel est en ce jour le vœux que je forme, en espérant vivement pouvoir contribuer avec vous tous, à donner la place qui revient à la communauté harki, dans la communauté nationale. Elle en est une composante inséparable. Vive la République et vive la France !

Achour Baali

 

*******

Dorénavant, si vous le souhaitez, vous pouvez laisser un commentaire sous chaque article en bas à gauche, dans commenter cet article

l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins, et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux

 

 

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Aujourd’hui, Hocine Louanchi n’a plus vingt ans. Jeune retraité après une carrière d’aide-soignant en psychiatrie du côté d’Arles, il continue le combat. « On revendique la reconnaissance de l’abandon par l’Etat des Harkis, une réparation et que ce lieu devienne un lieu de mémoire pour reconnaître le drame des Harkis, les 150 000 morts », énumère Hocine Louanchi, qui milite également pour que M’Hamed Laradji « rentre au Panthéon. » Pour l’heure, c’est mal parti : une récente mesure proposant aux Harkis ayant vécu dans des camps de transit de racheter quatre trimestres pour leur retraite est vécue par nombre de Harkis comme une humiliation de plus. « C’est de la folie, on ne peut pas accepter ça ! On ne rachète pas des années de captivité ! », s’emporte Hocine Louanchi.<br /> En savoir plus sur http://www.objectifgard.com/2015/08/01/st-laurent-des-arbres-pres-de-40-ans-apres-la-fermeture-du-camp-les-harkis-se-battent-pour-la-reconnaissance/#4ODwQrhZooUjdPcA.99
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