23 Octobre 2015
L'inauguration n'a pas satisfait tout le monde. PHOTO/H. J.
Charles Lastmann, venu de Lyon, a dû poireauter des heures avant d'être autorisé à visiter le Mémorial.
"Je ne demande aucune excuse, mais j'estime qu'on m'a manqué de respect." Charles Lastmann, 80 ans, ne décolère pas après avoir été laissé plusieurs heures à la porte du mémorial de Rivesaltes, vendredi dernier, jour de l'inauguration. Interné au camp à l'âge de six ans, de février à novembre 1942, M. Lastmann, qui habite à Lyon, avait pourtant reçu lundi 12 octobre une invitation officielle émanant conjointement de la préfecture de Perpignan et du conseil départemental des P.-O.
Dans le doute, il avait même téléphoné au mémorial pour s'enquérir de l'heure exacte. À 13 heures, lui répondit-on, à l'instar de la centaine de témoins de l'époque appelés à rencontrer le Premier ministre, Manuel Valls, dans l'auditorium. Arrivé sur le site avec son épouse, changement de programme. "Là, on me dit que l'horaire est 15 h 45. J'ai d'abord été bloqué par les CRS, puis on nous a fait poireauter jusqu'à 16 h 45 avant d'entrer dans le mémorial. J'ai fait 700 km aller-retour et réservé deux nuits d'hôtel pour rien. Or moi, je n'avais rien demandé, j'étais seulement venu pour témoigner."
Soixante-treize ans après son internement au camp de Rivesaltes durant la période vichyste, l'amertume de Charles Lastmann reste entière. Sa grand-mère est morte sur place du typhus, son oncle est devenu fou et fut placé en unité psychiatrique, son père s'évada avant d'être arrêté à Lyon, puis envoyé en déportation le 15 mai 1944 dans les Pays baltes... "Comme j'étais rachitique et couvert de vermine, on m'a envoyé deux mois à la maternité d'Elne avant de me confier à une maison d'enfants dans la Creuse", confie-t-il.
Polémiques en série
Sa tristesse n'en est que plus grande aujourd'hui. Charles Lastmann n'est malheureusement pas le seul à avoir été bloqué à l'entrée. "Anne Boitel (auteur de Le camp de Rivesaltes 1941-42), ainsi que le directeur de l'OSE (Œuvre de secours aux enfants), Jean-François Guthmann, sont également restés à la porte. C'est une honte", s'indigne-t-il. Zèle des contrôleurs, embrouillamini dans les invitations, confusion d'horaires, mécontentement de certains élus... Après Jean-Marc Pujol, président de l'Agglo de Perpignan, qui dénonça la partisanerie des invitations, la polémique continue de faire rage au sujet du mémorial de Rivesaltes, lieu d'apaisement de toutes les communautés...
21/10/2015
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