13 Juillet 2017
Ahmed Mehraz a intégré l’armée dès ses 16 ans. A la fin de la guerre, il a réussi à partir et à rejoindre la métropole. L’accueil que la France lui réserve sera alors la chose la plus dure à accepter. Photo Pierre Heckler.
L’Union des Anciens Combattants Français Musulmans de la Moselle organisait son assemblée générale, salle Balavoine à Fameck. L’occasion de rencontrer Ahmed Mehraz, harki de 77 ans, qui en veut toujours à l’État français.
Elle a notamment décerné la reconnaissance de la nation à titre posthume à Mme Bettaher et Mme Schmitt, pour l’engagement de leurs époux.
Mais ce rassemblement a surtout été l’occasion de rencontrer Ahmed Mehraz, harki de 77 ans vivant à Uckange, et d’échanger avec lui sur ces années noires, toujours difficiles à évoquer. « J’ai intégré l’armée à 16 ans. La guerre a commencé en 1954, en Kabylie, et a duré jusqu’en 1962. Je peux vous dire que la guerre, c’est pas beau. »
L’ancien combattant n’a pas besoin de rentrer dans les détails, nombreux sont ceux qui connaissent l’horreur et la complexité de ce conflit qui a profondément marqué l’histoire des deux pays.
Mais encore plus que le conflit lui-même, c’est la suite qui a créé une blessure impossible à cicatriser chez les harkis. « Ceux qui ont eu la chance de pouvoir le faire, comme moi, ont pris un bateau et ont pu partir. Les autres, plus de 75 000, ont été assassinés, égorgés pour la plupart. »
Les rapatriés d’Algérie, que ce soient les pieds noirs ou les harkis, sont alors éparpillés un peu partout sur le territoire national, afin d’éviter les troubles. Pour Ahmed Mehraz, ce sera Arles (Bouches-du Rhône), puis Gérardmer, avant de débarquer en Moselle où il vivra à Florange, Thionville et Uckange.
La France a reconnu ses erreurs
Le plus dur à avaler se passe de ce côté-ci de la Méditerranée : « L’État français n’a pas été correct avec nous et ne l’est toujours pas. On a été oubliés à 100 % et ça continue. On a combattu pour le drapeau, pour la France, et on a été moins bien traités que les étrangers. »
Accusés de traîtres sur leur terre d’origine, jamais reconnus à leur juste valeur au sein de la patrie pour laquelle ils ont combattu, les harkis restent bien les maudits de l’Histoire.
Néanmoins, L’État a admis ses erreurs au cours des dernières années.
Le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy a a officiellement reconnu la responsabilité du gouvernement français dans « l’abandon » des harkis après la fin de la guerre d’Algérie en 1962.
Le 25 septembre 2016, François Hollande a lui aussi reconnu « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France ».
François PRADAYROL.
11/07/2017
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