21 Mars 2021
Une exposition, organisée par la mairie de Perpignan pour la journée de commémoration du cessez-le-feu en Algérie en 1962, fait beaucoup parler dans les Pyrénées-Orientales. Elle vise à rendre hommage "aux victimes oubliées de la guerre d’Algérie, harkis et pieds-noirs assassinés par le FLN".
L'exposition est visible jusqu'à ce samedi 17 heures, à la salle des Libertés à Perpignan. © Radio France - Suzanne Shojaei
Les images sont dures. Des photos de corps mutilés, de cadavres, de blessés, et des archives de journaux. La salle des Libertés, à Perpignan, accueille jusqu'à ce samedi 17 heures une exposition sur la guerre d'Algérie. À l'occasion de la commémoration du cessez-le-feu de mars 1962, la mairie souhaite rendre hommage "aux victimes oubliées de la guerre d’Algérie, harkis et pieds-noirs assassinés par le FLN".
Face aux photos, Edouard Gébhart a les yeux humides. À l'époque, ce pied-noir était volontaire parachutiste. "On nous traite de tous les noms, mais les criminels, c'est pas nous ! Parmi les Algériens, il y avait des gens très bien. Et il y avait des gangsters."
"Il faut entretenir le souvenir, comme pour la Première et la Seconde guerre mondiale."
— Abdelkader, ancien harki
"Ce sont des photos choquantes", témoigne Nadia et son père Abdelkader, ancien harki.
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Accompagné de ses deux filles, Abdelkader est venu en vêtement de militaire. À 90 ans, cet ancien harki veut que personne n'oublie ce qui s'est passé. "Il faut entretenir le souvenir, comme pour la Première et la Seconde guerre mondiale."
Ses filles, Nadia et Aïcha sont bouche bée. Elles n'avaient jamais vu de telles images. "Notre père nous avait raconté ce qu'il avait vécu. Mais de voir ces photos, c'est choquant."
"C'est ce qu'ont vécu nos militaires, nos harkis, nos musulmans français."
— Louis Aliot, maire de Perpignan
"En montrant ces images, on montre la réalité de cette guerre." Le maire, Louis Aliot, assume le parti pris. "On met systématiquement la France en accusation, ce qui est scandaleux. En réalité, la France était confrontée à une entité sanglante et il faut le montrer." Le maire revendique un rééquilibrage des mémoires. "On ne peut pas se réconcilier en se soumettant à une mémoire."
Cette position scandalise certains pieds-noirs. Le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée dénonce "une entreprise négationniste". Selon Jacky Malléa, pied-noir, Louis Aliot met de l'huile sur le feu. Jacky Malléa rappelle que "dans la dernière année de guerre, l'OAS tirait sur tout le monde, Français et Algériens."
"C'est vrai qu'il y a eu des massacres, mais c'était la guerre", rappelle Jacky Malléa, du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée.
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"Ces photos ne font pencher la balance que d'un seul côté."
— Jacky Malléa, du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée
Pour Josy Boucher, elle aussi pied-noire et membre de l'association des Pieds-Noirs Progressistes, "faire le focus sur les seuls crimes du FLN, c'est nier la responsabilité de la France dans 130 ans d'occupation et de massacres." Une guerre "entre gouvernements et pas entre peuples. Tant que la France ne reconnaîtra pas ses crimes, on ne s'en sortira pas."
Reportage de France Bleu Roussillon dans la salle des Libertés à Perpignan
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L'exposition de Perpignan présente des images d'archives, de blessés, de torturés et de cadavres. © Radio France - Suzanne Shojaei
19/03/2021
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