2 Mars 2024
Mohammed Zerouali chevalier de la légion d’honneur à la salle des fêtes de Flaucourt - Ludovic Lascombe
Ce harki vivant en Picardie depuis plus de 60 ans s’est distingué par son courage et son sens du devoir lors de la guerre d’Algérie.
Il a reçu lors d’une belle et émouvante cérémonie ses insignes de chevalier de la Légion d’honneur.
N’attendez pas de lui de long discours. Mohammed Zerouali a la vraie modestie de ces personnes au parcours exceptionnel. Cet habitant de Flaucourt, près de Péronne, âgé de 85 ans, d’origine algérienne, et ancien combattant dans l’armée française, a reçu samedi 24 février les insignes de chevalier de la Légion d’honneur. Une belle et émouvante cérémonie qui s’est déroulée à l’espace Patrick-Dupont, à l’initiative de la FNACA de Péronne, en présence de sa grande famille, d’élus et amis.
Pierre Flaman, 95 ans, l’un des derniers vétérans de la guerre d’Indochine et du calvaire de Dien Bien Phû, Grand officier de la Légion d’honneur, est venu exprès de région parisienne lui remettre sa médaille. Harki pendant la guerre d’Algérie
Harki pendant la guerre d’Algérie
« C’est une grande fierté pour moi. Un grand honneur » lâche avec un sourire ému, Mohammed Zerouali qui, à dix ans d’intervalle avec son aîné, a combattu dans une autre guerre de décolonisation, celle d’Algérie, succédant à l’indépendance de l’Indochine. Né le 17 avril 1939 à Aliennas près de Khenchela, dans les Aurès, il a été appelé sous les drapeaux de l’armée française le 1er mai 1957, devenant ceux qu’on allait appeler plus tard les Harkis.
Avec ses anciens camarades du régiment de chasseurs à cheval. - Archives
Sur un Âne. - Archives
Décoré par son officier. - Archives
« J’ai été rattaché au 18e régiment de chasseurs à cheval. J’ai participé à différents combats dans le Djebel », poursuit le récipiendaire, restant discret sur ses faits d’armes. Pourtant, ce héros n’a pas démérité sur le terrain où le danger était omniprésent. « Au péril de sa vie, il a sauvé son capitaine lors d’une embuscade, près d’Ain Lemti, et récupérer une arme à l’oued Hella, dans l’Aurès », rappelle le trésorier de la FNACA de Péronne, Michel Huilin. Un acte de bravoure qui lui avait valu il y a plusieurs années en arrière la médaille militaire à l’initiative de l’ancien maire de Flaucourt, Hervé Olczyk. « Quand j’ai eu son dossier militaire sous les yeux je me suis rendu compte de tout ce que Momo avait fait là-bas. Il n’est pas du genre à se vanter », souligne l’ancien édile.
« Au péril de sa vie, il a sauvé son capitaine lors d’une embuscade, près d’Ain Lemti, et récupérer une arme à l’oued Hella, dans l’Aurès » Michel Huilin, trésorier de la Fnaca de Péronne
Principal témoin de ces actes d’héroïsme, son ami et ancien capitaine, Philippe Ducornez, était normalement présent avec son épouse. Les deux hommes que tout séparait – l’un né en métropole et ayant fait l’école des sous-officiers à Saumur et l’autre né de l’autre côté de la Méditerranée – sont devenus inséparables depuis ces « événements ».
« C’est grâce à lui que j’ai pu m’installer dans la région dans les années 1960 et trouver du travail. J’ai été chauffeur livreur pour les serres de Haute Somme dont il a été le responsable. Il est comme de la famille, sourit fièrement Mohammed Zerouali, présentant son ancien compagnon d’armes. Quand j’ai dû quitter mon pays en 1962, à l’indépendance, je lui ai envoyé une lettre pour lui dire que j’arrivais en France. » La suite c’est son camarade qui le raconte. « À l’époque, on vivait dans l’Aisne. Quand j’ai reçu la lettre, j’ai à peine eu le temps de dire à mon épouse que Mohammed allait arriver que le téléphone s’est mis à sonner. C’était lui qui m’appelait pour me dire qu’il était à la gare de Laon », évoque ce monsieur, les yeux pétillants en racontant ce souvenir. « Quand j’ai dû prendre le commandement des Harkis, j’avais mis une condition que Mohammed soit mon adjoint. J’avais une totale confiance en lui. Il était d’une bravoure exceptionnelle et connaissait bien le terrain et le peuple. »
Mohammed Zerouali entouré de sa famille - Ludovic Lascombe
Avec son ancien commandant devenu grand ami Philippe Ducornez - Ludovic Lascombe
Désormais retraité, Mohammed Zerouali, qui s’est marié à son arrivée dans la région avec Paulette Grimeaux (aujourd’hui décédée) jouit d’une vie paisible et heureuse en compagnie de ses 5 enfants, 9 petits-enfants et 2 arrière-petites-filles. Tous fiers de ce héros très discret.
24/02/2024
- Abonnez-vous gratuitement -