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Le 24 mai 2024, Monsieur le ministre Jean-Marie Bockel a quitté la présidence de la Commission nationale indépendante Harkis. Madame la députée Françoise Dumas lui succède.

@ Damien Carles / Matigno

1. Communiqué de presse de Matignon

communication@pm.gouv.fr

2. Interview croisée de Jean-Marie Bockel et Françoise Dumas

Monsieur le ministre Jean-Marie Bockel a quitté, après deux années d’exercice, la présidence de la Commission nationale indépendante Harkis. Lui a succédé, le 24 mai 2024, Madame la députée Françoise Dumas, ancienne présidente de la commission de la défense et des forces armées à l’Assemblée nationale.

2.1.1. Commençons par vous, M. le ministre, si vous le voulez bien. Après deux années passées à la présidence de la CNIH, vous quittez vos fonctions ? 

  • Le président de la République qui, au printemps 2022, m’a nommé président de la CNIH, m’a désormais confié une autre mission : celle d’être son envoyé personnel en Afrique de l’Ouest.  Si j’ai pu, pendant quelques mois, concilier ces deux missions, afin d’assurer une période de transition fluide, mon rôle de représentant spécial exige de moi des réunions et des déplacements réguliers hors de France. Cette période de transition s’achève donc car je ne suis aujourd’hui plus en mesure d’assurer aux Harkis la disponibilité et l’implication qu’ils méritent. C’est donc avec grand regret que je fais mes adieux à la CNIH, qui m’a tant apporté, pour me consacrer pleinement à la tâche qui est désormais la mienne.

2.1.2. Que retenez-vous de ces deux années au service de la cause des Harkis ?

 

  • J-M.B.: Ces deux années furent aussi passionnantes que denses, car il nous a fallu, avec mes collègues membres de la Commission et la petite équipe du secrétariat général, bâtir intégralement une structure voulue par la loi - et donc par les parlementaires - à l’initiative du président de la République. Par ailleurs, ces deux années m’ont permis de redécouvrir la réalité du destin tragique et singulier des Harkis, auquel mon père m’avait initié, au hasard de nos randonnées dans les Maures et l’Estérel. Je retiendrai en particulier nos visites de terrain et les nombreux échanges avec celles et ceux qui œuvrent à la préservation et à la transmission de la mémoire des Harkis. Le rôle de la Commission est aussi et avant tout d’écouter et de mettre en valeur leurs témoignages, afin d’améliorer le dispositif de réparation, en proposant l’ajout de nombreux sites à la liste de ceux ouvrant droit à réparation (45 sites dans le rapport d’activité 2022, remis le 15 mai 2022 à Élisabeth Borne, sans compter ceux qui seront proposés à très brève échéance dans le rapport d’activité 2023-2024, ayant vocation à être remis à Gabriel Attal).
  • Les Harkis et leurs familles expriment tantôt leur souffrance, tantôt leur colère, mais toujours une réelle volonté de panser collectivement les plaies causées par cet épisode sombre de notre histoire. Je retiendrai ensuite la grande valeur du travail collaboratif fourni par les membres de la CNIH. Notre Commission est composée de personnalités qualifiées, de représentants de l’État et d’élus, qui ont tous à cœur de contribuer à la juste reconnaissance des préjudices subis par les Harkis et leurs familles. Nos échanges et nos réunions de travail ont toujours été nourris des apports précieux de chacun et ont toujours abouti à d’éclairantes conclusions. Pour finir, j’ai conscience que tout n’a pas été réglé, mais les plus de 16 000 dossiers traités sur les 35 000 reçus sont pour moi autant de marques de respect et de reconnaissance de la part de notre pays.

2.1.3. De votre point de vue, quelle suite pourrait avoir la loi du 23 février 2022 ?

 

  • J-M.B.: Il convient tout d’abord, avant d’envisager la suite, de s’assurer que cette loi arrive à son aboutissement, que tous les dossiers puissent être instruits et traités. Il en reste encore beaucoup et d’autres vont être déposés, puisque la CNIH a proposé au gouvernement l’ajout de nouveaux sites à la liste des structures donnant lieu à réparation, en 2023 et en 2024. Je partage, avec la secrétaire d’État auprès du ministre des Armées chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Mme Patricia Mirallès, la volonté de forcer le pas sur l’instruction de ces dossiers. 
    L’arrêt de la
    CEDH du 4 avril 2024 a conduit le gouvernement à prendre les dispositions spécifiques pour toutes les personnes hébergées dans les camps de Bias et de Saint-Maurice-l’Ardoise. Cet arrêt me paraît cohérent avec l’expertise historique produite par notre Commission et souligne essentiellement les spécificités de l’indignité des conditions de vie dans le camp de Bias. Vous le savez, la CNIH s’est clairement positionnée pour que toutes celles et ceux passés par les camps de Bias et de Saint-Maurice-l’Ardoise puissent bénéficier des effets de cette décision. Ces étapes, avec le doublement en 2022, puis l’alignement de l’allocation versée aux veuves de Harkis, sont essentielles pour apaiser les cœurs et les mémoires.
2.2.1. Madame la députée, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous au moment de prendre la présidence de la CNIH ?
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  • F.D.: Je me reconnais pleinement dans les propos de Jean-Marie Bockel. À cette période charnière pour la Commission, je suis honorée de me voir confier cette mission et souhaite remercier le président de la République de la confiance qu’il m’accorde. 
    Je tiens également à saluer le travail mené par
    Jean-Marie Bockel pendant ces deux années à la tête de la CNIH et à indiquer que je m’inscris pleinement et sincèrement dans son action. Dès le début de ma carrière professionnelle, dédiée aux actions sociales de proximité, j’ai été sensibilisée et émue par l’histoire des Harkis. Lorsque j’étais élue du Gard, j’ai eu aussi l’occasion d’avoir de nombreux échanges avec les Harkis et leurs familles, notamment celles et ceux hébergés au camp de Saint-Maurice-l’Ardoise et son annexe du Château de Lascours. Enfin, tout au long de l’élaboration de la loi du 23 février 2022, en tant que présidente de la commission de la défense et des forces armées à l’Assemblée nationale, j’ai pu être témoin de la souffrance profonde qui marque encore aujourd’hui les trajectoires de vie des Harkis et de leurs familles. Vous le voyez, je ne découvre pas ce qu’a été cette histoire, mais je me place, aussi et avant tout, dans une posture de dialogue et d’écoute. 
    J’en profite pour saluer mes nouveaux collègues de la CNIH, en les assurant de mon estime et de ma volonté de poursuivre nos travaux dans la recherche de l’efficacité et du consensus.

2.2.2. Quelles priorités vous fixez-vous pour le cycle 2024-2025 ?

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  • F.D.: Tout d’abord, j’ai bien en tête la nécessité absolue, en lien avec la secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles, et la directrice générale de l’ONaCVG, Marie-Christine Verdier-Jouclas, que je rencontre prochainement, de pousser les feux sur le traitement des 17 500 dossiers restant à instruire, avec une claire priorité pour ceux de première génération, à qui nous devons tant, car ils se sont bien battus pour la France. Après la remise du rapport au Premier ministre Gabriel Attal, je souhaite ensuite continuer dans la lignée des déplacements effectués, en allant à la rencontre des Harkis et de leurs familles, pour répondre à leurs questions, écouter leurs attentes, et naturellement poursuivre le travail d’expertise des derniers sites et des conditions de vie pour les Harkis n’étant pas passés par les structures d’accueil et d’hébergement. Enfin, la Commission reconduit en 2024 le Prix Général François Meyer, qui sera remis, comme l’an passé, autour du 25 septembre, avec un jury que je souhaite aussi proche que possible de sa composition initiale.

2.2.3. Au moment de prendre vos fonctions, quels messages souhaitez-vous adresser aux Harkis et à leurs familles ?

  •  
  • F.D.: Tout d’abord, je souhaite leur adresser un message d’empathie et de respect. Je veux ensuite leur dire que j’ai toujours considéré que l’humilité était la seule posture possible devant le courage et la résilience dont ils ont fait preuve. Nombre d’entre eux ont eu à surmonter, tout au long de leur parcours, bien des épreuves, qui en auraient anéanti plus d’un.
    Enfin, je souhaite porter un message d’espoir, qui est, selon moi, l’essence-même de la loi qui a fondé la CNIH. Malgré le travail qui reste encore à accomplir, les membres de la Commission et moi-même sommes convaincus que le dispositif prévu par la loi permettra, à terme, d’aboutir à une juste réparation des préjudices subis par les Harkis et leurs familles.

3. Biographie de Françoise Dumas

 

L’ancienne Présidente de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale s’est vue confier par décret du Président de la République en date du X la présidence de la commission nationale de reconnaissance et de réparation envers les Harkis en mai 2024.

Née en avril 1960, elle est titulaire d’un diplôme d’État d’assistant de service social. Assistante sociale de septembre 1986 à avril 1994, elle fut chef de service Aide Sociale à l’Enfance d’avril 1994 à janvier 2001 au Conseil départemental du Gard.

Directeur territorial et conseillère technique de janvier 2001 à septembre 2008 au cabinet du Président du Conseil départemental du Gard, elle fut par la suite Directrice générale adjointe de septembre 2008 à juin 2012 à l’office public départemental d’HLM Habitat du Gard.

Conseillère régionale et vice-présidente du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon en charge du Développement économique de mars 2010 à mars 2014, elle a été conseillère municipale et communautaire de la ville de Nîmes de mars 2014 à juin 2020.

Elle fut députée du Gard de juin 2012 à juin 2022. 

Auditrice de la 70ème session nationale « Politique de Défense » de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale de septembre 2017 à juin 2018, elle présida la commission de la Défense nationale et des Forces armées de juillet 2019 à juin 2022 et la délégation parlementaire au Renseignement de juin 2020 à juin 2021. 

Depuis novembre 2022, elle est conseillère en stratégie au secrétariat général de la Garde nationale.

Membre du conseil d’administration du château Silhol et membre fondateur de la LICRA du Gard, elle est officier dans la réserve opérationnelle de la Marine nationale.

Retrouvez ci-dessous le dernier communiqué de Jean-Marie BockeL

Communiqué de Jean-Marie Bockel

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