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France : des familles inquiètes du retard de fouilles pour retrouver des tombes d'enfants harkis

- " Notre famille attend depuis 60 ans de pouvoir faire son deuil, alors il faudrait que les recherches s'accélèrent ", lâche Ali, fils de Harki qui recherche inlassablement le lieu d'inhumation de son jumeau, décédé bébé lors du passage de sa famille dans un camp où étaient parqués des Harkis en France. 

Ruines de l'ancien camp de harkis de Rivesaltes, dans le sud de la France, le 5 octobre 2015 afp.com/ERIC CABANIS

Comme plusieurs familles interrogées par l'AFP, il s'inquiète du retard de fouilles pour localiser un cimetière de fortune d'enfants harkis à Rivesaltes (sud), pourtant annoncées par le gouvernement à l'automne 2023.

Les Harkis - ces Français musulmans majoritairement recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962) - ont été abandonnés par la France à la fin du conflit.

Environ 90.000 d'entre eux et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été accueillis en France entre 1962 et 1965. Plusieurs dizaines de milliers de personnes furent parquées dans des camps de transit et de reclassement gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables et théâtre d'une surmortalité infantile.

Plusieurs centaines de harkis et leurs familles, au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, le 16 septembre 1962 © / afp.com-

Dans plusieurs régions de France, des dizaines de bébés ont été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou des militaires, dans les camps harkis ou à proximité, selon des historiens et les témoignages de familles révélés dans une enquête AFP en 2020. Avec le temps, ces cimetières sauvages ont été abandonnés.

Des fouilles historiques, décidées par l'Etat et lancées en 2022 sur un terrain militaire dans le Gard (sud), ont permis en mars 2023 d'y localiser un cimetière de fortune de dizaines d'enfants morts dans des camps harkis voisins.

A l'ancien camp harki de Rivesaltes, sur les au moins 146 personnes décédées, 101 sont des enfants, dont 86 avaient moins d'un an. Soixante corps - dont ceux de 52 bébés - auraient été inhumés dans le cimetière de fortune du camp.

Une stèle commémorative recensant les 146 noms a été érigée, mais pour les familles, ce n'est pas suffisant.

Ali Amrane, 61 ans, confie vivre avec le fantôme de son jumeau Omar depuis sa naissance. Sa mère était enceinte quand elle a dû fuir l'Algérie à 28 ans avec son mari harki. En novembre 1962, elle accouche sous une tente du camp Joffre qui abrite des Harkis à Rivesaltes. Les bébés sont placés sous couveuse mais Omar décède en janvier 63. Il sera enterré quelque part dans le camp.

En octobre 2023, l'Etat a annoncé que des fouilles étaient prévues afin d'identifier l'emplacement du cimetière dans ce camp, où près de 21.000 Harkis et leurs familles ont été hébergés dans des conditions indignes entre 1962 et 1964, indiquait un communiqué du ministère des Armées.

Mais ces opérations n'ont toujours pas débuté.

- En attente de vérité -

Deux arrêtés préfectoraux, de 2012 et 2013, encadrent toute intervention sur le site en raison de la présence d'espèces protégées, dont plusieurs reptiles.

Interrogé par l'AFP, le secrétariat d'Etat aux Anciens combattants a assuré suivre le dossier de près.

Avant de débuter les fouilles, il est nécessaire d'obtenir toutes les autorisations administratives. C'est un sujet complexe, elles peuvent prendre du temps, fait-il valoir.

On est sensible à la protection de l'écologie et de la vie animale... mais il y a quand même des familles derrière tout cela et on attend depuis 60 ans que la vérité soit faite, plaide M. Amrane.

L'Etat évoque des +complications administratives et écologiques+, nous dit que c'est une zone protégée à cause d'un lézard ocellé et de la couleuvre de Montpellier : comment cela peut-il être une priorité par rapport à 146 corps sous terre depuis les années 60 ? interpelle Ghalia Thami, 70 ans.

Elle avait huit ans quand son frère Senoussi, âgé de quatre jours, est décédé subitement. Sa mère venait d'accoucher en mars 1963, sous une tente. L'enfant a été inhumé quelque part dans le camp. Mon père était revenu les mains vides et on s'est murés dans le silence sur ce traumatisme, confie-t-elle.

Stèle rendant hommage aux harkis au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, le 7 août 2020 © / afp.com/Lionel BONAVENTURE

Ghalia ne comprend pas que l'Etat ait occulté cette histoire et laissé à l'abandon ce cimetière. Elle souhaite qu'il soit retrouvé et sanctuarisé, pour pouvoir honorer la mémoire des défunts.

Djamilla, 44 ans, recherche-t-elle aussi la confirmation du dernier lieu d'inhumation de son oncle Abdelkader Attout, un Harki de 21 ans décédé en 1963 après avoir été percuté par un autobus dans le camp de Rivesaltes.

Un document nous atteste qu'il a été enterré dans le cimetière du camp, dit-elle. Mais au début des années 2000, sa stèle a été retrouvée au cimetière de la ville de Rivesaltes, suscitant l'incompréhension de la famille qui a écrit de nombreux courriers aux autorités.

C'est usant pour mes oncles et ma mère, déjà épuisés par le déracinement ; ça serait bien que cette histoire soit clôturée avant qu'ils ne partent.... Elle réclame de la dignité vis-à-vis d'un défunt et de quelqu'un qui a servi la France.

12/06/2024

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D
C'est vraie la mort est un moment de recueillement souvent vécu de façon douloureuse Il ne nous reste que la prière. Le respect des morts parlons en, puisque nous nous recueillons autour des monuments importants, où il faut prier nos morts pour faire vivre leur mémoire et qu'ils et elles reposent en Paix. J'ai été choqué et peiné par le comportement de certains, lorsqu'à la suite d'un dépôt de gerbe à Grasse, j'ai déposé la gerbe avec les indications du nom de notre formation recouvert d'un bandeau bleu blanc rouge et le lendemain, lorsque je suis passé devant le monument, j'ai été bouleversé du spectacle désolant de voir que notre gerbe avait été saccagée, par un mauvais esprit, nous avons alors compris que malgré tout ce que nous avions fait pour Grasse, des mauvais esprits exercé dans cette cité sans aucun remord des faits que l'on peut qualifié de profanation. Mais les morts ont tout vu ! et les responsables seront punis... Youssef Djerfi Président du FAHR (Force Active des Harkis Rescapés)
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