20 Février 2025
Patricia Mirallès lors d’un hommage aux harkis, devant les stèles du camp de Rivesaltes, en 2022. L'indépendant - Michel Clementz
La ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants, Patricia Mirallès, viendra à Rivesaltes pour "donner des réponses" aux familles des harkis décédés au camp Joffre entre 1962 et 1965. Pour rappel, en novembre dernier, des fouilles avaient permis de localiser un cimetière d’une soixantaine de tombes, majoritairement d’enfants, dans le secteur de l’ancien camp. Cependant, les sépultures s’étaient révélées vides. La ministre originaire de Montpellier, qui a été rapporteuse de la loi sur la reconnaissance des harkis et supplétifs lorsqu’elle était députée, de 2017 à 2022, fait le point sur la situation.
L’exode des harkis, ces musulmans ayant servi sous le drapeau français lors de la guerre d’Algérie, a commencé en juin 1962, après l’accession de l’ancien département à l’indépendance. Dans ce cadre, entre le printemps 1962 et décembre 1964, environ 22 000 personnes, hommes, femmes et enfants, ont transité par le camp de Rivesaltes. 146 d’entre elles, dont une majorité d’enfants, y sont décédées, notamment en raison du froid et de la malnutrition. Selon la ministre Mirallès, 86 ont été enterrées dans des cimetières de Perpignan et une soixantaine sur place, dans le cimetière mis au jour en novembre dernier, mais dont les sépultures se sont révélées vides.
Une trentaine de familles de disparus, fédérées au sein d’un collectif, réclament qu’on leur dise où ont été transférés les corps du cimetière harki. L’un des membres du collectif, Ali Amrane, dont le frère jumeau est décédé au camp, assure être en possession d’un document datant de 1985 qui évoque " une subvention de 30 000 francs de la part de l’État pour que la commune de Rivesaltes procède à l’exhumation et achète des ossuaires ". Fin janvier 2025, le maire de Rivesaltes, André Bascou, confirmait avoir retrouvé les traces d’une " proposition de subvention ", mais " rien qui atteste de la poursuite de la procédure ", ce qui lui laissait penser que celle-ci n’avait "jamais abouti ". Des traces de deux harkis décédés au camp Joffre ont par ailleurs été découvertes au cimetière Saint-Saturnin de Rivesaltes.
Pourquoi avez-vous décidé de venir en personne ce vendredi à Rivesaltes pour rencontrer les familles des harkis décédés au camp Joffre ?
Patricia Mirallès : Cela fait partie des engagements que nous avons pris avec le Président de la République. Lorsque je me suis rendue à Rivesaltes en 2023, des familles de disparus m’avaient dit qu’elles voulaient savoir où étaient les corps. Des recherches avaient déjà été faites, mais elles n’avaient mené à rien.
Nous avons alors décidé de relancer des opérations de géolocalisation pour identifier précisément où se trouvait le cimetière harki. C’est chose faite depuis les fouilles réalisées en novembre 2024. Pour en arriver à cette découverte, nous avons dû mener en amont un travail approfondi de recherches dans les archives avec l’Office national des Combattants et victimes de guerre (ONaC-VG), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), la préfecture, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), la mairie de Rivesaltes, la Région et le Département.
On a réuni tout le monde autour de la table pour identifier l’emplacement du cimetière, puis révéler que chaque sépulture avait été relevée sans information auprès des familles. Je me suis engagée à ce qu’il y ait une continuité dans ce dossier. C’est la raison pour laquelle je me déplacerai en personne ce vendredi. Nous devons la vérité à ces familles dont le passé est encore douloureux.
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20/02/2025
https://www.harkisdordogne.com/
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