21 Novembre 2014
Exposition parcours de harkis à Meylan (38) prés de grenoble
" Parcours de Harkis et de leurs familles » du 1 au 6 décembre 2014 "
13h00 – 17h00 Maison de la Musique 38240 MEYLAN
Lieutenant Youssef BEN BRAHIM
Youssef Ben Brahim naît à Saïda en 1927. Ce fils de marchand rejoint la rébellion dès 1954.
Il a pour mission d'assurer le convoyage des armes, des médicaments et des fonds entre les premiers maquis des wilayas 3 et 6. Très vite, il y découvre la vénalité des chefs du FLN et les brutalités de leur politique terroriste.
Les massacres dont celui du village de Mélouza (pro-MNA, concurrent du FLN) où 315 hommes, femmes et enfants sont assassinés dans des conditions indescriptibles l'amènent à contester ouvertement ces actions. Il est alors dénoncé, et arrêté par l'armée française.
A cette époque, Bigeard vient de créer le « commando Georges », spécialisé dans la contre-guérilla, dont le commandement est confié au lieutenant Georges Grillot. Ce commando est composé d'anciens fellaghas ralliés dont Youssef Ben Brahim fera partie. Soldat d'exception, il devient rapidement l'adjoint de Grillot.
C'est lui qui recrutera les ralliés capables de devenir responsables de compagnies. Bientôt, le commando va compter 130 hommes tous français de souche nord-africaine. Ben Brahim, soldat audacieux est de tous les combats. Ayant infiltré déguisé en fellagha une filière, il capturera l'officier de liaison-renseignement de la wilaya 5.
Il est grièvement blessé d'un coup de hache le 24 janvier 1961.
Après le 19 mars 1962, le commando Georges comptait 242 hommes. 180 tomberont entre les mains du FLN et seront exécutés dans des conditions abominables.
Grâce à un officier de l'armée de l'air qui désobéira aux consignes du gouvernement, Youssef et sa famille seront évacués en hélicoptère vers Oran, puis ils rejoindront la France.
Youssef Ben Brahim, sous-lieutenant, sera nommé lieutenant. Il est chevalier de la légion d'honneur, médaillé militaire et titulaire de neuf citations dont quatre à l'ordre de l'armée.
En France, le FLN essaiera par trois fois de l'abattre. Il déjouera ces tentatives en éliminant neuf des terroristes, mais sera finalement lâchement assassiné ...
Baroudeur d'exception, à la fidélité sans faille, le lieutenant Youssef Ben Brahim sera mis à l'honneur en donnant son nom à une nouvelle promotion d'officiers de l'Ecole d'Application de l'Infanterie de Montpellier.
Il aura fallu près d'un demi siècle pour que les harkis, ces héros, reniés par De Gaulle et son gouvernement, soient enfin reconnus et mis à l'honneur de la France.
Du 1 au 6 décembre 2014 prochain l’UNION NATIONALE DES COMBATTANTS DU DAUPHINÉ, sections du Grésivaudan, de la Matheysine, du Vercors et de la Haute Savoie présentera à la Maison de la Musique de Meylan l’exposition « Parcours de Harkis et de leurs familles ». Elle sera dédiée à la mémoire du lieutenant harki Youssef Ben Brahim mort pour la France.
L’inauguration de cette exposition, aura lieu le mardi 2 décembre à 18h30 à la Maison de la Musique de Meylan. 22 tableaux seront présentés au public.
Cette œuvre de mémoire est due à l'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE (ONACVG).
Présentation de l'exposition
Dans le cadre de la campagne de valorisation de la mémoire harkie, l’ONACVG organise différentes actions (expositions, campagne de recueil de témoignages, « chemin de la mémoire harkie »,...).
Le premier volet de cette campagne est la réalisation en 2013 d’une exposition intitulée « Parcours de Harkis et de leurs familles », inaugurée le 25 septembre dernier par M. Kader Arif, alors ministre délégué auprès du Ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants.
Elle retrace l’histoire des harkis et de leurs familles, au travers de photographies et cartes légendées, depuis le début de la présence française en Algérie (1830) jusqu’à nos jours.
Les textes de cette exposition ont été écrits par l’historien Jean-Jacques Jordi en étroite collaboration avec M. Némiri et les Coordonnateurs mémoire et communication de la région Ile-de-France et de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Cette réalisation donne aux Harkis la place qu’ils méritent dans l’Histoire et la mémoire nationale elle se découpe en trois parties :
La première partie de l'exposition replace l’emploi des supplétifs d’Algérie dans un contexte traditionnel car la constitution de ces troupes ne peut se comprendre qu’au travers du prisme des liens passionnels les unissant à la France et à son armée. « Cet engagement commence dès 1830 avec le ralliement des indigènes à l'Armée d'Afrique dans les régiments de Turcos, de Zouaves et de Tirailleurs algériens.
Ils s'illustrent aux côtés de leurs compatriotes « pieds-noirs » dans la plupart des campagnes militaires de 1850 à 1914 et 1940. Au cours des deux guerres mondiales et en Indochine, les troupes de l'armée d'Afrique, répondent à nouveau à l'appel de la France et jouent un rôle capital dans les différentes campagnes qu'elles mènent (débarquement en Provence, campagne d'Italie sous les ordres de Giraud, Weygand, Juin, Delattre, prise de Monte-Cassino, entrée dans Paris du régiment du général Leclerc 2ème DB, etc...).
La seconde partie traite de la période 1954-1962. Dès le déclenchement de la guerre d’Algérie, l’état-major lève à nouveau des troupes supplétives avec un triple objectif : quadriller le territoire, assurer la protection des villages et contrôler la population. Quatre catégories de forces sont alors mises sur pied afin de contribuer aux opérations de maintien de l’ordre dans cette Algérie qui cache une triste réalité : l’Algérie des villes -des élites - et celle des campagnes qui vit dans un grand dénuement. Cette seconde frange de la population constitue l’enjeu principal entre le FLN et l’armée française dans la guerre d’Algérie.
En 1961-1962, le pays est déchiré, les accords d’Evian semblent assurer la liberté de choix et offrir un certain nombre de garanties pour ceux qui se sont battus aux côtés de la France. Ces accords ne seront jamais respectés par le nouvel état algérien, et les harkis et leur familles seront massacrés en très grand nombre (les archives françaises et algériennes sont encore occultées). Pour les supplétifs et leurs familles, partir pour la France est une question de survie. Certains officiers et cadres de l’armée ramèneront leurs hommes au risque de leur carrière, n’hésitant pas à organiser des filières plus ou moins clandestines. Ces soldats français seront abandonnés au FLN après avoir été désarmés par l'armée française sur ordre du gouvernement.
Afin de compléter l'information du public sur le destin cruel des harkis et de leurs famille, l'Union Nationale des Combattants du Dauphiné a ajouté quelques panneaux extraits de son exposition : « la guerre d'Algérie, une exigence de vérité ».
La troisième partie de l'exposition de l'ONACVG évoque les conditions de départ et d’arrivée, les premiers pas en métropole ainsi que la vie des familles dans les différents centres d’hébergement (camps, hameaux forestiers et cités urbaines). Elle aborde également pour la période allant de 1975 à aujourd’hui, l’ensemble des actions qui ont mené à une prise de conscience de la condition de vie dans les camps, à savoir de grandes manifestations pour faire valoir des droits de Français à part entière pour ces femmes et ces hommes déracinés.
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Gilles Bonnier, de l'association « AJIR pour les Harkis », donne son avis sur cette exposition :
« J’ai trouvé très bien les panneaux relatifs à la période « Exil et installation » sur le sol de métropole et beaucoup de panneaux leur sont consacrés . C’est un bel hommage aux Familles de Harkis. De plus la qualité de la présentation et le choix des photos sont excellents.
En revanche, pour la période de la guerre et surtout la dernière phase de 1962, il y a finalement moins de 5 panneaux.
J’ai été très choqué ( certes pas totalement surpris ) que les assassinats et les massacres de masse soient à peine évoqués. Leur ampleur n’en est même pas abordée et leurs auteurs pas nommés.
On parle seulement de « souffrances » qui continuent pour les Harkis. Évidemment on ne parle pas non plus à cette occasion des vagues d’enlèvements et d’assassinats de Pieds Noirs. Il me semble que les tragédies de 1962 en Algérie ont été de fait occultées. A-t-on voulu ménager l’État algérien d’aujourd’hui et le FLN ? Sans doute et ceci dans un réflexe maintenant systématique de la recherche à tout prix de ce que l’ on appelle « la mémoire apaisée », mais au détriment de la vérité historique.
Nulle part il est question du FLN, de fellaghas, de terroristes ou de rebelles, on parle des indépendantistes ( sans aborder les tueries dont ont été victimes le MNA ).
Pourtant, comme on le dit souvent à propos des tragédies de notre histoire : « avant de tourner une page d’histoire, il faut l’ écrire ».
Comment des « jeunes » ( ou des moins jeunes ) qui ne connaîtraient rien de cette histoire tragique des Harkis pourraient comprendre les raisons de cet exil ( qu’ils pourraient confondre ainsi avec l’immigration venant du Maghreb ...qui a bien d’autres raisons ).
Le drame des Harkis et la raison de leur exode ( pour ceux qui le purent et hélas pas pour ceux qui sont pas restés sur le sol algérien comme cadavres... ) ce sont d’abord ces massacres dont le ministre délégué et le président de la République actuels ne parlent jamais dans leurs discours ou messages. J’en ai fait la remarque à M Kader Arif dans son tour pour saluer les invités après la cérémonie de dépôt de gerbe.
Il me semble aussi que cette exposition aurait aussi pu mettre plus en valeur les personnes ( des Justes, militaires ou civils ) qui ont aidé, dès la première heure certaines familles de Harkis, à fuir l’Algérie sain et sauf, puis à s’installer dans leur nouvelle vie, ainsi que ceux qui ont participé au travail de mémoire et à la lutte contre l’ oubli historique ( les Wormser, Abolivier, Nicolas d’Andoque, Schnapper .... et d’autres ). Il n ’y a pas que le centre d’Ongles ( même si ce sujet est très bien traité).
Sans vouloir gâcher la fête, car je le répète c’est un bel hommage aux familles de Harkis, c’est quand même fâcheux.
Ce n’est pas pour cela que se sont battues des associations qui ont œuvré pour briser l’oubli des massacres de Harkis par un FLN politiquement vainqueur.
C’est peut être un combat qui n’est plus à l’ordre du jour. Je l’ai constaté sur d’autres sujets mémoire dont je m'occupe : il ne faut pas choquer ... la vérité, quand elle est atroce, fait peur.
Bonne journée
Gilles Bonnier
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