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Livre Guerre d'Algérie : enlevés et tués par le FLN.

   

Raphaëlle Branche, historienne, spécialiste de la guerre d’Algérie, est maîtresse de conférences à l’université Paris-1.

Elle est notamment l’auteure de La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962 (Gallimard), L’Embuscade de Palestro : Algérie, 1956 (Armand Colin), et Viols en temps de guerre (avec Fabrice Virgili, Payot).

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La première enquête historique sur les prisonniers du Front de Libération Nationale.   

Le 1er juillet 1959, il y eut un premier enlèvement des moines de Tibéhirine. Ils étaient deux. Et déjà, parmi eux, au même endroit, frère Luc qui, en 1996, sera de nouveau enlevé, avant d'être assassiné avec six autres moines trappistes. Cette fois-ci, on connaît ses ravisseurs: il dut suivre les hommes en armes de l'ALN, la branche armée du Front de libération nationale (le FLN). Les maquisards libéreront frère Luc cinq semaines plus tard.

Cette histoire appartient ­- parmi beaucoup d'autres - à l'une des pages méconnues de la guerre d'Algérie: celle des prisonniers du FLN. C'est celle que restitue, avec minutie et rigueur, l'historienne Raphaëlle Branche, celle de centaines de disparus. On estime à moins de mille quatre cents le nombre total de prisonniers. Plus de la moitié d'entre eux ne revinrent pas de captivité. Pour arrière-fond, entre 1954 et 1962, un million sept cent mille militaires furent envoyés en Algérie. Un million de Français d'origine européenne y vivaient parmi huit millions d'habitants.

Parmi les captifs, il y eut aussi bien des militaires que des civils. Et des civils algériens (même si on sait très peu de chose sur eux) que des civils français, des hommes que des femmes. Des deux côtés de la Méditerranée, l'existence de ces civils semble avoir été oubliée. On fait plus mémoire, dans les deux pays, des civils algériens - plus nombreux - qui disparurent après leur arrestation par les forces de l'ordre françaises. Quant aux civils français, leur mémoire a été recouverte par celle des Français engloutis dans les violences succédant au cessez-le-feu de 1962.

Civils et militaires

Les militaires, eux, s'inscrivent dans un fil de mémoire, même s'il reste ténu. L'existence des prisonniers soldats appuie, en effet, l'une des revendications du FLN: faire exister l'état de «guerre» - récusant un simple maintien de l'ordre - puisqu'il existe des «prisonniers de guerre». C'était accéder au statut de belligérant légitime. Et compenser une faiblesse numérique par une «force symbolique».

Quant à l'enlèvement des civils, il obéissait à une autre logique: chasser par la terreur les Français d'Algérie, présents depuis un siècle et plus de quatre générations. Dans les campagnes, les fermiers devinrent des cibles privilégiées. Sur les routes devait prévaloir un sentiment de précarité et d'isolement qui poussa des colons de plus en plus nombreux à abandonner leurs terres.

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Les prisonniers partagèrent le sort des combattants indépendantistes. Lorsque leurs conditions de vie au maquis se dégradaient, les chances de survie des prisonniers diminuaient. Surtout les deux dernières années du conflit. Plus de 58 % des militaires français moururent en captivité et plus de 70 % des civils français.

Tombeau aux disparus

Des lettres de propagande furent envoyées aux familles des prisonniers militaires. En revanche, les prisonniers algériens n'eurent pas le droit à ce traitement. Ce qui était une façon d'appliquer le principe national: les Français d'un côté et les Algériens d'un autre.

Même si le ton de l'auteur est assez distancié et universitaire, on est touché du «tombeau» offert à ces disparus: comme Marcel Vannière, qui écrivait à sa famille: «Chers parents, ma petite Françoise et ma petite Gisèle chérie, (…) je suis toujours prisonnier mais ne vous cassez surtout pas la tête.» Un beau jour, le silence recouvrit son ultime lettre. Son corps ne fut jamais retrouvé. Cependant, après la guerre, un tribunal déclara le jeune homme «mort pour la France» le 5 août 1956, date tout à fait arbitraire. Décision d'État, certes, mais qui ne levait pas les doutes des familles. Et leur détresse.

Article Source :

 

Prisonniers du FLN, de Raphaëlle Branche, Payot, 284 p., 21 €.

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  l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux

 

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