12 Janvier 2023
- Docteur Patrick Jammes -
Décembre 1987, après une cérémonie au monument aux morts de Villeneuve sur lot, votre serviteur (Patrick James) à ma gauche Benfatah et Bentaleb en uniforme.
- Communiqué de presse -
Le docteur Patrick JAMMES est décédé. Il était le médecin des familles de harkis durant
plusieurs décennies au camp de Bias dans le Lot-et-Garonne.
Digne héritier du serment d’Hippocrate, Patrick Jammes n’a eu de cesse, au-delà d’exercer la
médecine, d’alerter les pouvoirs publics sur les conditions de vie et d’existence des familles de
harkis en France. Véritable french doctor au camp des harkis de Bias, Patrick Jammes avait fini
par devenir un fervent défenseur des familles de harkis dans le sud ouest de la France.
Celles et ceux qui souhaiteront saluer une dernière fois sa mémoire, ses obsèques auront lieu
samedi 14 janvier à 10h au cimetière de Sainte-Colombe de Villeneuve.
- Cliquez pour voir le lieu -
Paris, le 10 janvier 2023 Le Comité Harkis et Vérité
PS : Pour mieux connaître ce qu’a été le parcours du docteur Patrick Jammes, son portrait publié en novembre 2012 par l’Association des harkis d’Ile-de-France est annexé au communiqué de presse.
- Annexe Portrait du docteur Patrick Jammes -
publié le 25 novembre 2012 sur le site internet des harkis d’Ile-de-France
A la fin des années soixante, le drame du Biaphra en Afrique avait ému et sensibilisé les médecins français. Ces derniers s'étaient alors mobilisés pour venir en aide, à titre humanitaire, aux populations civiles de cette région sécessionniste du Nigéria. Après cette épopée au Biaphra, ces médécins français pionniers de l'humanitaire contemporain prirent le désormais célèbre surnom de french doctors.
French doctor des harkis, tel est le titre que l'on pourrait attribuer au docteur Patrick Jammes aprés avoir lu son poignant et touchant récit "Médecin des harkis au camp de Bias" publié récemment aux Editions L'Harmattan. Ce livre est un des éléments majeurs dans la mise en lumière de ce que fut la politique des camps mise en place en France au milieu des années 60 par le pouvoir gaulliste .
Arrivée à Bias au début des années 70, le docteur Patrick Jammes témoigne aujourd'hui dans son dernier livre sur ce que fut le camp de harkis de Bias dans le Lot-et-Garonne.
Ce camp fut mis en place en 1964 pour y interner tous les harkis et leurs familles jugés irrécupérables par l'administration de l'époque. Plus d'un millier de harkis invalides, cutjates ou manchos suite aux brûlures de la douloureuse Guerre d'Algérie, ont vécu dans ce camp coupé du monde. Exclus des trente glorieuses économiques, toutes ces familles de harkis ont attendu des lendemains meilleurs qui ne sont jamais venus. Vivre au camp de Bias fut un enfer pour les harkis, surtout pour leurs jeunes enfants. Car l'administration du camp était marquée du sceau de la gestion disciplinaire.
L'arrivée du docteur JAMMES comme médecin au camp de Bias fut pour ces familles de harkis, l'équalent du baume que l'on passe sur les brûlures pour atténuer la douleur. « Quand je suis arrivé au camp de Bias, c'est l'administration qui régnait en maître absolue. Il n'y avait à l'époque pas de douches, pas de télévision et des règles draconiennes. Ainsi, les familles devaient
préalablement s'adresser au directeur du camp pour obtenir l'autorisation de recevoir leurs familles.
Les familles de harkis ont subi cette gestion quasi carcérale jusqu'en 1975, année de la grande révolte des harkis d ans les camps.
Après s'être libérés des camps, les harkis et leurs familles ont fini par prendre progressivement la mesure des séquelles engendrées par la quinzaine d'année d'internement endurée dans les camps du sud de la France. Les harkis de Bias, jugés irrécupérables au milieu des années soixante, luttent depuis une trentaine d'années pour échapper à la lente mort sociale dans laquelle le camp de Bias les avaient inscrits.
Jusqu'à la fin des années 90, le docteur Patrick Jammes a accompagné les harkis de Bias et leurs familles dans leurs projets de vie. « J'essayais de gérer une situation extrêmement difficile mêlée de ressentiments, de violences, d'alcoolisme, de traumatismes dus à la guerre et de misère sociale. Pendant des années, mon rôle a consisté à la fois à soigner les gens sur le plan physique mais également à faire office de confident et à tenter de les aider au plan psychologique afin d'amadouer leurs traumatismes » précise le docteur JAMMES.
Depuis le début des années 2000, le docteur Patrick Jammes a pris sa retraite. Aujourd'hui, avec ce livre publié aux Editions L'Harmattan, il témoigne et raconte. Il nous livre son vécu ainsi que ce que la médecine a pu apporter aux harkis et à leurs familles dans un contexte tel que celui de l'enferment au camp de Bias. Si Hippocrate, le père de la médecine, et Henri DUNANT, le père de l'action humanitaire internationale, étaient encore des nôtres aujourd’hui, ils seraient fiers de la mission accomplie par le docteur Patrick Jammes auprès des familles de harkis du camp de Bias.
Si Hippocrate, le père de la médecine, et Henri DUNANT, le père de l'action humanitaire internationale, étaient encore des nôtres aujourd’hui, ils seraient fiers de la mission accomplie par le docteur Patrick JAMMES auprès des familles de harkis du camp de Bias.
Une bougie pour le docteur Patrick JAMMES
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Son livre, "Médecin des harkis au camp de Bias" aux Editions L'Harmattan, est une leçon de vie.
- Cliquez sur le livre -
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