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« Le médecin des harkis » , Patrick Jammes, est décédé : « Il fait partie de notre histoire »

Le docteur Patrick Jammes en compagnie de ses anciennes patientes à la Cité d’accueil des rapatriés algériens (Cara) de Bias.  Crédit photo  Photo archives Jérôme Souffrice

1970-2000. Durant trente ans, il a exercé au camp de Bias, laissant l’image d’un grand humaniste, heurté par les conditions de vie des rapatriés. Il avait 78 ans

Fils de médecin, il aurait pu succéder à son père et exercer à Cancon. Trop simple. Patrick Jammes a préféré emprunter un autre chemin que celui tout tracé. Après ses études de médecine à Bordeaux, le jeune homme poursuit son internat dans un hôpital de Marrakech puis dans une maison d’enfants en difficulté à La Réunion. En 1970, le voilà nommé médecin généraliste au dispensaire du Centre d’accueil des rapatriés algériens (Cara) de Bias.

Un poste qu’il pensait temporaire. Il l’occupera pendant trente ans, de 1970 à 2000. Patrick Jammes vient de décéder, à l’âge de 78 ans. Après une cérémonie civile, il sera inhumé samedi 14 janvier, à 10 heures, au cimetière de Sainte-Colombe-de-ViIleneuve. Une cérémonie qui promet d’être suivie tant l’homme aura marqué le camp et les harkis qui y étaient parqués de son humanisme. « Il fait partie de notre histoire », résume Boaza Gasmi.

« Accusé à tort »

A son arrivée au camp, les premiers rapatriés y vivent depuis sept ans déjà. Les conditions de vie son toujours aussi rudes : « Extinction des feux, une douche par semaine et une brouette de charbon coke pour le chauffage. Rien n’avait changé. » Sur place, le jeune médecin prend possession de son cabinet dans un bâtiment fatigué datant de la Seconde Guerre mondiale. « Ça a dû lui faire un choc psychologique d’arriver là. Lui venait de l’extérieur et découvrait des citoyens français mis dans ce camp entouré de fils barbelés. Le vécu des harkis l’a marqué », considère le président du Conseil national de liaison des harkis (CNLH).

« Certains disent qu’il a participé au système, que c’est à cause de lui que beaucoup de harkis ont été envoyés à la Candélie. C’est faux. Y étaient envoyés ceux qui réclamaient leurs droits. Il n’y est pour rien, il a toujours fait tout ce qu’il a pu pour soigner au mieux et aider les familles qui avaient besoin de conseils. Avec le recul, c’était le cas pour tout le monde. Chacun faisait au mieux. Certains plus que d’autres. »

Patrick Jammes comptait dans cette dernière catégorie. « Médecin de famille, confident », généraliste confronté à des maux propres au camp, à des blessures invisibles et dont on ne guérit pas, Patrick Jammes y était apprécié comme pouvait l’être le directeur de l’école, Michel Cianfarani.

Un livre témoignage

« Il était tenu de rendre des comptes, poursuit Larbi Bouzaboun. Mais il était très humain, très proche de la population à l’intérieur. Il n’était pas un salaud comme bien d’autres, il a dénoncé les conditions de vie du camp, les traitements que nos parents et même les enfants subissaient. » Patrick Jammes semblait composer avec les « directives, ordres et pressions ». Elles ne l’empêchaient pas de faire au mieux pour soigner ces êtres que l’Etat français avait qualifiés « d’incasables ».

« Tout ne peut pas se raconter », conclut Boaza Gasmi qui rendait encore régulièrement visite à son ancien médecin qu’il savait malade. Patrick Jammes avait tiré de son expérience un livre, « Médecin des harkis au camp de Bias », publié aux éditions L’Harmattan. Il avait aussi épousé une fille de harkis, Zohra Tamazount, avec qui il a eu trois enfants.

11/01/2023

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Dates des rassemblements, pour la Reconnaissance, la mémoire, et la culture.
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L
Bonjour<br /> Toute nos condoléances a la famille<br /> Un juste de notre cause et mémoire<br /> Il mérite le respect<br /> Un juste<br /> un livre, « Médecin des harkis au camp de Bias », publié aux éditions L’Harmattan.<br /> Le médecin des harkis Patrick Jammes est décédé "un Juste de notre cause"<br /> REPOSE EN PAIX dans les terres du lot et Garonne 47
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Bonjour<br /> Toute nos condoléances a la famille<br /> Un juste de notre cause et mémoire<br /> Il mérite le respect<br /> Un juste<br /> un livre, « Médecin des harkis au camp de Bias », publié aux éditions L’Harmattan.<br /> Le médecin des harkis Patrick Jammes est décédé "un Juste de notre cause"<br /> repose en PAIX dans les terres du Lot et Garonne 47
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