30 Octobre 2017
La secrétaire d'Etat s'est rendue cet après-midi sur le site de l'ancien camp de Bias./ Photo DDM, Jérôme Schrepf
Noué lors de la campagne présidentielle, le dialogue entre les représentants des harkis et le président Macron se poursuit. Il y a d’abord eu la réception d’une délégation à l’Élysée le 25 septembre, lors de la journée nationale d’hommage aux harkis.
Nouvelle étape ce lundi après-midi, avec la visite à Bias, dans le Lot-et-Garonne, sur le site de l’ancien camp ou CARA (Centre d’Accueil des Rapatriés d’Algérie), de la secrétaire d’État aux anciens combattants, Geneviève Darrieussecq. Une visite express d’une heure, entre 15 h 50 et 16 h 50 précisément, où la ministre s’est recueillie devant la stèle érigée au cœur des cités Astor et Paloumet, avant de rencontrer des anciens combattants harkis, puis les représentants de la communauté de leurs descendants, à la mairie de Bias.
Devant la stèle, Geneviève Darrieussecq a été interpellée par un membre du comité national de liaison des harkis, Larbi Bouzaboun : « C’est ici que la France nous a abandonnés, ici que les anciens que vous venez de rencontrer ont souffert ainsi que nous, leurs enfants, qui ne sommes pas allés à l’école de la République. Nous n’avons jamais été traités comme des Français, alors que nous sommes encore fidèles à la France 54 ans après. Il est temps que la France nous soit fidèle à son tour. » Réponse de la ministre : « Je comprends ce que vous avez exprimé. Il nous revient aujourd’hui de réparer ce passé pas toujours très glorieux. »
«Découvrir les lieux»
Avant de repartir, Geneviève Darrieussecq est revenue sur le sens de sa visite à Bias : « Je voulais découvrir personnellement les lieux, visualiser le site du camp, son ampleur. Je voulais aussi rencontrer sur place, sur le site de l’ancien camp, rencontrer ici M.Gasmi que j’ai déjà vu à Paris et qui sera, avec les représentants de son association, associé au travail de mémoire que nous allons mettre en place. »
Interrogée à ce sujet, Geneviève Darrieussecq a précisé qu’une commission nationale de réparation allait être mise en place : « Il s’agit d’une commission officielle qui sera présidée par un préfet et composée de personnalités comme par exemple des membres du conseil constitutionnel et qui aura pour but de travailler sur la mémoire et la réparation. Le président de la République nous a donnés pour mandat de faire aboutir ce travail de réparation, c’est ce que nous allons faire. »
Côté représentants harkis, le discours à l’issue de la visite était mitigé : « La visite de la ministre sur le site du camp est un geste positif », déclarait en préalable Boaza Gasmi, président du comité national de liaison des harkis. « Tout comme la création d’une commission officielle nommée par le premier ministre pour travailler sur la réparation du préjudice fait aux harkis. »
«Désigner nous-mêmes nos représentants»
Mais, car il y a un « mais » : « Nous ne sommes pas d’accord sur la composition du groupe des représentants de la communauté harkis. J’ai proposé un groupe de 13 titulaires et deux suppléants qui viennent de toute la France. Encore une fois, l’État veut décider qui sont les représentants des harkis en y incorporant d’anciens militaires. Nous n’avons pas besoin d’être infantilisés : nous pouvons désigner nous-mêmes qui nous représente. »
La commission doit être installée dans les semaines à venir pour un « arbitrage présidentiel au printemps 2018 ». «Lorsqu’on subit un préjudice, il doit y avoir une réparation », insistait Larbi Bouzaboun. « On a tellement été déçu et trahi par tous les présidents qui se sont succédé qu’on reste méfiants. La mémoire, la reconnaissance, c’est beau, mais ça ne fait pas vivre. »
Jérôme Schrepf
30/10/2017
La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées s’est rendue au 48e RT avant de rejoindre Bias
© Crédit photo : Thierry Suire
Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Florence Parly, est actuellement en visite en Lot-et-Garonne, où sa tournée a débuté au 48e Régiment de transmission d’Agen.
© Crédit photo : Thierry Suire
Elle y a notamment reçu un chèque au profit de l’association Terre fraternité, qui prend en charge les blessés de l’Armée de terre.
© Crédit photo : Thierry Suire
Chargée entre autres de secteurs comme les lycées militaires, les musées et les anciens combattants, elle devait ensuite rejoindre la stèle commémorative des cités Astor et Paloumet pour y déposer une gerbe, et visiter à la mairie de Bias l’exposition "Les harkis et leur famille".
© Crédit photo : Julien Pellicier
Entrevue privée entre la secrétaire d'État et cinq membres de la communauté harkie.
© Crédit photo : Julien Pellicier
30/10/2017
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