4 Décembre 2017
Une communauté attentive aux propos de Boaza Gasmi, président du comité national de liaison./ Photo DDM Morad Cherchari
«Le candidat Emmanuel Macron avait promis, le Président Macron tient ses promesses». Les harkis, qui se sont rassemblés samedi à Agen, parlent désormais de confiance… mais aussi de vigilance.
«On attend toujours, 55 ans après…» Pour la communauté harkie, le temps n'est plus à la reconnaissance. Des harkis qui avaient choisi le camp de la France, qui se sont battus aux côtés des soldats français et qui ont payé cher, par l'exil, ou la mort violente pour celles et ceux qui sont restés en Afrique du Nord, cet engagement au nom de la République française.
Une journée nationale, un monument à Paris, des propos prononcés par Jacques Chirac ou François Hollande ne suffisent pas à atténuer sinon la colère du moins l'amertume d'une communauté qui entend, enfin, que soit prononcé le mot, «réparation».
Une commission avant la fin 2017
«C'est une des raisons de ce rassemblement à Agen», explique Boaza Gasmi, en accueillant les fils de harkis des 2 e et 3 e générations dans la salle de la rotonde au Stadium d’ Agen. «Nous sommes là pour dire aussi que, pour la première fois, un Président de la République commence à tenir ses promesses.» Et s'il affiche une réelle confiance dans la présidence Macron, Boaza Gasmi, comme Baya Kherkhach, élue agenaise mais fille et petite-fille de harki, parlent aussi de vigilance. «La réparation ne peut pas être que financière», ajoute Boaza Gasmi.
Même si lui, comme les autres membres de la communauté harkie, aligne les biens abandonnés de l'autre côté de la Méditerranée. «Comment chiffrer d'autres dommages, comme l'oubli, la vie dans les camps, les carrières que nous n'avons pas pu embrasser ?» Et comment, encore, ajoute Baya Kherkhach, «trouver une réponse à la nécessaire réparation émotionnelle ?» Il n'y a rien «qui rappelle au camp de Bias ou dans les autres camps cette histoire, notre histoire qui est un des épisodes de l'histoire de France», rajoute Boaza Gasmi.
Ce travail de réparation sera celui de la commission qui sera mise en place dès cette fin d'année. «C'est la conséquence de la rencontre que nous avons eue avec Emmanuel Macron à l'Elysée en septembre», précise Boaza Gasmi.
Le président du Comité national de liaison a le sentiment que le nouveau Président de la République veut régler le problème une fois pour toutes. «Il nous appartient maintenant de désigner celles et ceux qui participeront à cette commission», poursuit Boaza Gasmi.
Et la communauté est suffisamment riche de personnalités qui comptent et qui sont autant de «consciences» que l'on peut croire que le travail de «réparation» sera fait. «Comptez sur nous, pour rester vigilant quand même», conclut Boaza Gasmi.
J.-L. A.
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