8 Juillet 2020
Si sa présence au sein du nouveau Gouvernement n’est pas vraiment une surprise, on ne l’attendait pas forcément à ce ministère.
Gérald Darmanin a été nommé à l’Intérieur par le Premier ministre ce lundi 6 juillet.
Dès l’annonce de son arrivée Place Beauvau, le natif de Valenciennes a fait part de son « grand honneur », en se présentant comme « petit-fils d’immigré ».
Une référence à un grand-père maternel dont il évoque régulièrement la figure et à qui il doit, entre autres, d’avoir Moussa pour deuxième prénom.
L’artisan de la libération de Saint-Amand
L’histoire débute le 2 septembre 1944. L’armée américaine libère Saint-Amand-les-Eaux. Une libération permise en grande partie par les combats lancés par les F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) et des Résistants. Parmi les troupes, une poignée de tirailleurs venus du Maghreb.
« Sous la direction du chef de section Ouakid Moussa, brillant adjudant de l’Armée française, quinze Nord-Africains commencèrent le combat dès la première heure », relate le journal local de l’époque.
Débarquant seul par bateau de son Algérie natale alors qu’il n’a pas encore 15 ans, Moussa Ouakid épouse la France et son destin en rejoignant les rangs du Général de Gaulle lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Prisonnier de guerre, il s’évade pour rejoindre la Résistance.
La France et sa famille pour patries
Grand artisan de la libération de Saint-Amand, il y rencontre la femme de sa vie, Andréa Plumecocq, qu’il épouse et avec qui il décide de fonder une famille.
« Maman avait 15 ans au moment du mariage, explique Saada , la fille de Moussa, à qui il a donné le prénom de sa mère. Elle était enceinte d’un autre homme, mais il a élevé ma sœur comme si c’était sa propre fille. »
Le couple ouvre un café rue Gambetta à Saint-Amand, lorsque la guerre d’Algérie éclate. Moussa choisit de « rester fidèle à une France qui ne s’arrêtait pas à Marseille ou Ajaccio », comme l’écrira à nouveau la presse locale au moment de ses funérailles.
Harki, il raccroche cependant les armes pour se consacrer à son foyer. « On s’est ensuite installés à Hasnon, où mes parents ont ouvert le Relais de la forêt, ajoute Saada. Ma mère s’occupait des cuisines, lui faisait le café, les pommes de terre, le ménage, la vaisselle, il lavait… Bref il s’occupait de tout. De nous surtout, ce n’était pas une mince affaire. »
Avec cinq enfants dont trois filles, pas toujours facile d’imposer une discipline militaire. « Il était d’une gentillesse formidable, on n’a jamais eu à se plaindre de lui, jamais manqué de rien », se souvient sa fille, le regard vite embué au souvenir de ce héros apprécié de tous et parti trop tôt, emporté par un cancer du poumon.
La visite du Général de Gaulle au café
Une figure marquante de l’Amandinois qui garda toute sa vie le respect des militaires et des politiques jusqu’au plus grand d’entre-eux. De passage dans le Nord, Charles de Gaulle fera même une halte au Relais de la forêt pour saluer l’adjudant-chef.
« C’était la fête ce jour-là, tout le village avait rappliqué pour le voir, avec sa traction noire aux drapeaux tricolores conduite par Pierre Decourrière, son chauffeur, qui venait de Millonfosse. »
Enterré au cimetière d’Hasnon, Moussa Ouakid reste l’une des grandes personnalités de la commune. Héros de guerre dont le portrait trône sur le bureau du ministre, il est aussi ce tenancier de bar chez qui les routiers de la région aimaient se retrouver, à l’époque où l’autoroute n’existait pas.
07/07/2020
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