2 Octobre 2020
- Mis à jour Vendredi 02 octobre 2020 à 22 h 00 -
« La fierté d’être fils de harki »
« Cette journée a été instaurée par Jacques Chirac en 2003 : avant, on n’en parlait pas, c’était caché », note Malik Boulefrakh. Photo ER /Corinne CHABEUF
À 50 ans, Malik Boulefrakh se tourne plus souvent vers son passé : « Plus je vieillis, plus je pense à ce qu’a vécu mon père avec la guerre d’Algérie. C’était un ancien harki qui était aussi militaire de carrière ».
Ce vendredi, lors des cérémonies dans le cadre de la journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives, à Nancy, il déposera pour la première fois une gerbe au nom de l’association départementale des harkis, dont il est le vice-président depuis mars. « Cela va être un honneur. Cette journée a été instaurée par Jacques Chirac en 2003 : avant, on n’en parlait pas, c’était caché. On dit : « Les harkis, les oubliés de l’histoire ». Mais c’est vrai : regardez dans les écoles, les élèves ne connaissent pas ! »
En souvenir de son père décédé d’un cancer foudroyant, le Lunévillois a décidé de s’investir dans l’Association départementale des harkis, dénommée Harkis 54 soldats de la France ». Tout comme sa sœur, Nadia, Lunévilloise également : elle en est la trésorière depuis mars dernier.
"C’est une situation compliquée : pour les Français, nous sommes des Arabes et pour les Algériens, des traîtres."
C’est une situation compliquée : pour les Français, nous sommes des Arabes et pour les Algériens, des traîtres. Mais mon père n’avait pas le choix. Avec les actions du FLN – ils volaient le bétail, violaient les femmes, etc. — mon père a été obligé de s’engager pour défendre sa famille », explique le petit-fils de paysan.
Des parcours différents
« Je voudrais connaître le parcours de chaque harki. Mes parents ont eu de la chance : ils ne se sont pas retrouvés dans des camps comme à Rivesaltes : le 13 juin 1962, ils quittaient l’Algérie, deux jours après, ils arrivaient au camp de Sissonne dans l’Aisne. Puis mon père a été muté à Grenoble ».
"Mon père ne savait ni lire, ni écrire mais il a terminé sa carrière comme adjudant."
Au fil des affectations du chef de famille, les cinq enfants naîtront à Grenoble, en Allemagne à Lindau et au Havre. « Mon père était autodidacte : fils de paysan, il ne savait ni lire ni écrire. Mais il a terminé sa carrière comme adjudant en passant des concours. » Deux des cinq enfants sont officiers dans l’armée. Et les trois autres cadres dans le privé et dans des collectivités.
Malik Boulefrakh a décidé de clamer ses origines haut et fort, depuis les élections municipales de 2014 alors qu’il se présentait comme maire dans la commune de Rehainviller, une personne lui a assuré : « Tu pars avec un handicap : tu es arabe. » « Mais l’Algérie était française et mon père a combattu pour la France. Et pendant ce temps, mon frère se battait au sein de l’armée française au Mali ! », rappelle-t-il. Celui qui est maintenant premier adjoint au maire de Rehainviller ajoute : « Je suis fier d’être fils de harki. Et j’en veux au général de Gaulle d’avoir désarmé les harkis : mon père sera blessé par la suite. »
25/09/2020
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