16 Novembre 2020
Photo prise le 18 mars 1956 en Oranie d’une harka (division de harkis) composée d’Algériens désireux de combattre les rebelles du Front Libération Nationale (FLN), formés et armés par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. : AFP
Les harkis demandent un travail « sans parti pris idéologique, ni falsification » à l’historien Benjamin Stora chargé, avec un expert algérien, d’une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », alors que l’Algérie veut les exclure de cette réflexion.
« Le travail de l’historien est de rechercher, de connaître et de faire connaître le passé, sans parti pris idéologique ni falsification », a déclaré le Comité National de Liaison des Harkis (CNLH) dans un communiqué transmis lundi 16 novembre 2020.
Les harkis sont d’anciens combattants – jusqu’à 200 000 hommes – recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) qui opposa des nationalistes algériens à la puissance coloniale.
À l’issue de cette guerre, marquée par des atrocités et qui a traumatisé les sociétés algérienne et française, les harkis ont été abandonnés par la France et nombre d’entre eux furent victimes de massacres de représailles en Algérie, ce que réfute la partie algérienne.
L’exil des harkis de 1962 n’est pas reconnu par Alger
L’expert algérien Abdelmadjid Chikhi, chargé de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie avec l’historien français Benjamin Stora, avait affirmé jeudi que le dossier des harkis était « hors des discussions », dans une interview à la revue de l’armée algérienne El-Djeich.
« Certains dossiers sont hors de discussion, tel que le sujet des harkis, d’autant que leur départ en France a été un libre choix », disait-il dans cet entretien.
« L’exil des Harkis en 1962 ne fut pas un choix mais une question de survie », répond le CNLH, rappelant le slogan de l’époque « la valise ou le cercueil ».
« L’actualité nous montre que M. Stora a encore un long chemin à parcourir, où il est souvent nécessaire de remplacer la vanité par le courage et les fantasmes par la vérité, pour rendre hommage à nos disparus et à nos martyrs tombés pour la France ! », ajoute le comité. Il s’agit d’une « délicate mission, certes, pour un seul homme assis entre la chèvre et le chou », poursuit-il, sans jamais mentionner l’expert algérien.
Demande de reconnaissance par la France
Le CNLH demande aussi à Emmanuel Macron « des actes concrets » dont « une loi de reconnaissance portant réparation ». « Nous considérons que la question du drame Harki doit être portée devant le Parlement et la reconnaissance officielle de l’État français, gravée dans le marbre de la loi », écrit-il.
Fin juillet, les présidents Emmanuel Macron et Abdelamadjid Tebboune ont désigné chacun un expert afin de travailler sur les questions mémorielles dans le but de « favoriser une réconciliation franco-algérienne ».
M. Stora a été chargé par le président Macron de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ».
16/11/2020
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