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Lot-et-Garonne. « C’est depuis Bias (47) que s’est éveillée la conscience harkie » et ils veulent que cela fasse date

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Boaza Gasmi et Mohamed Badi devant la stèle de l’ancien Cara. © Crédit photo : J.P.

Le comité national de liaison des harkis veut faire du 22 avril une nouvelle date de commémoration, 50 ans jour pour jour après le début de la révolte au camp de Bias

Ils ont prévu de transformer la petite stèle rappelant l’existence du camp de Bias où quelque 1 300 harkis, classés « incapables » par l’administration, ont été parqués de 1963 à 1975. Dans des conditions qui n’étaient « pas compatibles avec le respect de la dignité humaine », a estimé la Cour européenne des droits de l’Homme qui a condamné la France en 2024. Selon les représentants du Comité national de liaison des harkis (CNLH), présidé par Boaza Gasmi, leur mémoire vaut mieux que ces deux petites plaques de marbre gravées.

Avec Mohamed Badi, lui aussi fils d’un ancien supplétif de l’armée française rapatrié d’Algérie après la signature des accords d’Évian, l’homme annonce le début d’un projet mémoriel à Bias, dont la première pierre sera l’organisation, le 22 avril, de la commémoration du 50e anniversaire du début de la révolte qui a conduit à la fermeture du Centre d’accueil des rapatriés d’Algérie (Cara). « La révolte des harkis a commencé ici. C’est depuis Bias que s’est éveillée la conscience harkie. »

« Halte au camp de concentration »

À l’époque, pour protester contre les conditions de vie, les privations de droits ou l’enfermement des leurs, en maison de redressement ou dans des unités de psychiatrie, les jeunes hommes avaient déployé des banderoles : « Halte au camp de concentration », « 13 ans ça suffit, demande d’intégration. »

« Nous avons tous bientôt 70 ans. Il faut laisser une trace »

« Nous voulons reprendre l’histoire de ce camp, on veut tout retracer, reprend Boaza Gasmi. De sa construction en 1939 pour le projet de poudrière jamais achevée, à son démantèlement. On veut réunir toutes les communautés concernées. » Avant les harkis, les baraquements ont abrité des prisonniers allemands, des républicains espagnols, des rapatriés d’Indochine… « Cet anniversaire des 50 ans de la révolte sera le début d’un projet mémoriel, envisage Mohamed Badi. La stèle sera intégrée à un projet de bâtiment qui fera office de musée. » Aujourd’hui, ne reste pour ainsi dire rien du camp, hormis une ancienne salle polyvalente et une partie des locaux de l’administration.

« Nous avons tous bientôt 70 ans. Il faut laisser une trace, poursuit Boaza Gasmi. Cela fait des années qu’on en parlait, mais on avait mis ça un peu de côté avec le combat pour la reconnaissance et l’indemnisation. » Le Comité national de liaison des harkis attend le chiffrage des projets. Il se mettra ensuite en quête de subventions : « Ce n’est pas un projet à 1 million d’euros. Nous sommes soucieux de l’argent public. Mais si une justice doit être rendue, c’est bien celle des harkis. La mémoire et la souffrance de nos parents valent bien quelque chose. »

La date du 22 avril serait célébrée tous les ans, à égal avec le 25 septembre, Journée nationale d’hommage aux harkis.

Le programme du 22 avril 2025

Ouverte à tous, « pas politique », la journée de commémoration débutera à 9 h 30 sur place avant la cérémonie, à 10 h 15, devant la stèle : « Toutes les autorités lot-et-garonnaises sont invitées. Du préfet aux maires.» Le verre et le couscous de l’amitié seront ensuite servis à la salle des fêtes de Bias.

En début d’après-midi, les participants se rendront au cimetière de la commune, plus précisément au carré harki. Aux 19 tombes déjà réhabilitées avec le concours du Souvenir français, 10 autres le seront le jour J.

08/04/2025

C-est-ici.gifhttps://www.harkisdordogne.com/

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