5 Mai 2019
Pensées sur les Harkis « Disparus »
J’ai lu de nombreux ouvrages consacrés aux Harkis et aux Pieds Noirs. De même pour ce qui concerne les Juifs.
Hors, au final, je me rends compte qu’il est très difficile de mettre des mots sur l’indicible.
L’indicible, qu'est-ce ? C’est le massacre des Harkis et de leurs familles. Mais, comme pour les milliers de Pieds Noirs disparus - pour la plupart - après le cessez le feu du 19 mars 1962, ces êtres de chair et de sang n’ont pas de sépulture, les rescapés n’ont pas d’endroit où se recueillir. Rien, rien qui puisse rattacher ces disparitions à quelque lieu que ce soit.
Des stèles bien sûr, installées tardivement, mais pas de noms, rien, le néant…
Leurs descendants, tout comme les survivants Harkis et leurs épouses, ont tous ou presque, perdu des proches, des amis, des voisins…
Hors, récemment, je viens de terminer la lecture d’un livre, témoignage d’une dame qui, petite fille juive en 1939, a vécu la disparition de 15 membres de sa famille - dont ses parents - dans les camps de la mort.
Or, il s’avère que cette personne écrit - entre autres - un paragraphe qui m’a fait aussitôt penser à vous mes amis Harkis et aussi aux miens, ces Pieds Noirs tant décriés.
Le passage, que je vais vous citer, met en forme, avec des mots justes, notre ressenti profond et notre besoin de l' « extirper » lorsque nous pensons aux personnes disparues sur cette terre qui nous a vus naître.
Je pense que cet extrait « parlera » à nombre d’entre vous.
Ces quelques mots, simplement, sont explicites et matérialisent en quelque sorte notre ressenti profond, autant que le vôtre, que nous, comme vous, avons du mal - pour certains- à exprimer; enfin je pense…
A cette lecture, il suffit de changer le mot « JUIF » par « HARKIS »
Guy Regazzacci
Voici :
… Quand les plaques de la rue T. ont été dévoilées, M …, P … et les autres étaient morts depuis plus de 50 ans. Ainsi, durant toutes ces années, pour se souvenir d’eux ou des nombreux autres dont j’avais croisé les regards apeurés à la Bellevilloise et qui n’ont pas pu grandir, il n’y avait rien.
Ils n’avaient pas de tombe, plus de corps ; rien pour dire qu’ils avaient été massacrés parce que juifs, ni même pour dire qu’ils avaient vécu, qu’ils étaient nés, qu’ils avaient ri, joué et pleuré.
Comme s’ils n’avaient jamais été là…
Extraits du livre de Rachel JEDINAK :
Nous étions seulement des enfants, aux éditions Fayard.
«La vie ne tient parfois qu'à trois mots
" Fichez le camp" »
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