31 Décembre 2024
Les Gardiennes de l’Exil
Elles s’en vont, les épouses des harkis,
Le souffle court, le pas alourdi,
Portant jusqu’à leur dernier instant
Le poids d’un exil cruel et accablant.
En 1962, précipitées dans l’effroi,
Elles ont quitté l’Algérie, leur terre, leur toit.
À Marseille, sous un ciel indifférent,
Elles ont accosté, déracinées, tremblantes.
Parquées dans des camps aux sols insalubres,
Des baraques glacées, des jours lugubres.
Là, l’humiliation se mêlait à l’angoisse,
Et l’avenir semblait figé dans une impasse.
Leurs mains ont bercé des enfants affamés,
Leurs cœurs, meurtris, ont tenu pour aimer.
Elles ont porté ce fardeau si lourd,
Dans le silence des années, sans aucun recours.
Elles n’étaient pas faibles, mais fortes dans l’ombre,
Des piliers invisibles sous des cieux sombres.
Elles ont prié, pleuré, mais jamais flanché,
Face à l’indifférence et à l’oubli des années.
Leur âge est maintenant un livre qui se ferme,
Chaque départ emporte un morceau d’éternel.
Leur histoire, celle des camps, des souffrances,
Risque de disparaître dans l’absence.
Souvenez-vous, enfants de ces mères oubliées,
De leur courage immense, de leur dignité.
Elles ont vécu l’indigne pour que vous viviez,
Dans un pays où elles n’ont jamais été aimées.
Leur mémoire est un devoir, un appel brûlant,
Pour que leur combat traverse le temps.
Ces mères, ces femmes, héroïnes d’un silence,
Sont les gardiennes de notre existence.
Que leurs noms résonnent, que leur lutte demeure,
Car elles sont l’Histoire, gravée dans nos cœurs.
Et tant que nous porterons leur flamme en nos mains,
Leur fardeau, devenu mémoire, ne sera jamais vain.
Sonia Hamadi
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