29 Septembre 2016
Sans applaudir des deux mains, Boumédienne Bouhassoun et sa sœur Safia saluent le discours de François Hollande.
Châtellerault . Boumédienne Bouhassoun a combattu en Algérie au côté de l’armée française. Il réagit à la main tendue de François Hollande sur les harkis.
Fin 1962, on recensait, dans la Vienne, 4.500 rapatriés de la guerre d'Algérie, pieds noirs et harkis confondus. Boumédienne Bouhassounétait l'un d'eux. Un harki. Autrement dit, l'un de ces « supplétifs »musulmans engagés pendant la guerre d'Algérie par l'armée française.
Après les accords d'Évian de mars 1962, il s'est retrouvé, comme tous lesharkis, abandonné par l'État français (qui n'a pas voulu reconnaître ce statut) et menacé de mort par le FLN.
" On n'a pas été abandonné à 100 % "
Grâce à l'aide d'un général français, il a finalement réussi, avec une grande partie de sa famille, à fuir son pays pour la France. A Chauvigny tout d'abord, où il a posé le pied en septembre 1962 ; puis à Châtellerault à partir de 1965.
Depuis, Boumédienne Bouhassoun n'a jamais quitté la France, qu'il considère comme « (son) pays à 200 % ».
Dimanche, le Châtelleraudais et sa sœur Safia – harki elle aussi – ont écouté le discours (*) du président de la République, François Hollande, à l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux harkis.
Ce qu'ils pensent de cette « main tendue » de l'État français ? « Ça n'est jamais trop tard… Même si en période d'élections, on a l'habitude de ce genre de discours, philosophe Boumédienne. La France, c'est notre père et notre fille ; la critiquer ne mènerait nulle part. A mon âge, je n'attends pas qu'on nous donne de l'or. Et je préfère entendre ce qu'a dit M. Hollande qu'autre chose. »
Autrement dit, sans applaudir des deux mains, le septuagénaire salue le geste de l'État français.
Sur le fond, celui qui a longtemps été président de l'association des musulmans de France de la Vienne n'a pas un avis tranché sur la responsabilité de l'État français envers les harkis. « Oui, on s'est senti abandonné par l'État français… Mais pas à 100 % ! C'est vrai, certains de nos proches ont été victimes des représailles en Algérie. C'est vrai, on n'a pas été très bien accueilli à notre arrivée en France, ; il fallu qu'on se débrouille par nos propres moyens… Mais au final, pour ce qui est de notre famille, on s'en est plutôt bien sorti. On était en sécurité, on a trouvé du travail, on n'a pas eu une vie malheureuse. C'est la raison pour laquelle je me vois mal, aujourd'hui, dire qu'on a été totalement abandonné par la France. »
Et Boumédienne d'admettre, pour conclure, que « tout le monde, parmi les harkis, n'a pas eu cette chance-là ».
(*) « Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France. »
Anthony Floc’h
27/09/2016
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