17 Juillet 2018
Le groupe de travail sur les harkis initié par le président Emmanuel Macron préconise de créer un "fonds de réparation et de solidarité" doté de 40 millions d'euros pour ces anciens supplétifs algériens et leurs enfants, loin des attentes des associations.
Dans un rapport de 180 pages remis mardi à la secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, il propose aussi de rendre obligatoire l'enseignement de la guerre d'Algérie au collège et au lycée.
Le rapport présente au total 56 mesures visant à la "préservation de la mémoire" des harkis et permettant une "réparation adaptée" pour les souffrances endurées.
L'armée française a recruté jusqu'à 150.000 Algériens comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie (1954-1962), rappelle le rapport intitulé "Aux harkis, la France reconnaissante".
A la fin de la guerre, 90.000 personnes, harkis et leurs familles, ont été admis en France dans des conditions précaires - camps, hameaux de forestage et cités urbaines - sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes et leurs enfants.
Les autres - entre 55.000 et 75.000 harkis, selon les historiens - ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes qui les considéraient comme des traîtres.
En France, les harkis se sont vu reconnaître le statut d'ancien combattant - ouvrant droit à une retraite - en 1974 et 13.000 d'entre eux ont bénéficié d'allocations spécifiques au titre de trois lois (1987, 1994 et 2005).
Des mesures d'accompagnement (emploi, formation..) ont aussi été mises en place pour la deuxième génération mais le bilan est "globalement ressenti comme peu satisfaisant", relève le rapport.
Au final, le fonds de réparation et de solidarité proposé - qui sera limité aux cas de "grande détresse sociale" pour les enfants - pourrait être doté de 10 millions d'euros par an sur quatre ans (2019-2022), soit 40 millions d'euros au total.
Le Comité national de liaison des harkis (CNLH) a jugé "inacceptables" ces propositions avant même la remise du rapport, les associations demandant de leur côté entre 4 et 35 milliards d'euros de réparations.
"Nous ne voulons pas d'aides sociales. Ce sont des mesurettes (...) Nous demandons une loi de reconnaissance mais elle nous est refusée pour ne pas envenimer les relations diplomatiques entre l'Algérie et la France", a lancé l'un des quatre représentants du CNLH au groupe de travail, Mohamed Badi, le 25 juin.
17/07/2018
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