16 Mai 2019
Les élus de la République ont répondu présents pour commémorer l'Abandon des Harkis le 12 mai 1962 à Paris !
Monsieur le représentant du Maire de Paris et du Maire du XIXème,
Cher Mahor,
Monsieur le député VILANI,
Monsieur le député BOURNAZEL,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants du Monde combattant,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Il vous a été donné lecture des deux télégrammes qui fondent la commémoration qui nous réunit aujourd’hui. C’est par ces deux télégrammes que le drame des harkis a débuté le 12 mai 1962.
Pendant près de 50 ans, ces ordres du Gouvernement français décrétant l’abandon des harkis à leur propre sort sur le sol algérien étaient méconnus de la majorité de nos compatriotes. Pour les familles de harkis qui ont pu être sauvées des massacres, leur destinée en France a été terrible. Les camps !
Décidée et voulue par les gouvernants de l’époque dans une France économiquement prospère, la politique d’internement des familles de harkis, dans des camps comme celui de Bias ou de Saint-Maurice-L’Ardoise, a fragilisé lourdement et durablement leur devenir en France, notamment des enfants de harkis.
Nés français, les enfants de harkis n’avaient pas droit à l’école de la République. L’égalité des chances, ce n’était pas pour eux. Pour eux, c’était l’école du camp, entre enfants de harkis. Le respect des libertés et des droits fondamentaux, ça n’existait pas dans les camps. Et pourtant, on était en France.
La période des camps dans le sud de la France a duré pendant plus de 20 ans. Il a fallu attendre la grande révolte des harkis de 1975 pour que le Président Giscard d’Estaing mette fin à la politique des camps dans le sud de la France.
Socialement fragilisés, les enfants de harkis ont, malgré tout, été contraints de se construire un avenir en France.
Reste une question : Comment se construire une identité et un parcours de vie en France avec une telle histoire ? C’est toute la difficulté que les enfants ont tenté de résoudre depuis leur enfance passée dans les camps du sud de la France.
Une difficulté d’autant plus grande que l’histoire du drame des harkis a longtemps été une mémoire enfouie en France. Le drame des harkis, c’est comme les autres pages sombres de la Guerre d’Algérie, on en parlait pas. Il a fallu attendre une loi de 1999 pour que l’on puisse parler légalement de « GUERRE » en Algérie. Il a fallu attendre le 25 septembre 2001 pour qu’un Président de la République française prononce un premier discours national sur le drame des harkis.
« La France n’a pas su sauver ses enfants » avait timidement reconnu le Président CHIRAC. La France n’a pas su ou elle n’a pas voulu ? Elle est responsable ou elle n’est pas responsable ?
D’ailleurs, qui est responsable de l’abandon décidé le 12 mai 1962 ? Qui est responsable du massacre des harkis et de la politique d’internement dans des camps en France ? Depuis une vingtaine d’années, ces questionnements hantent les enfants de harkis dans leur quête de reconnaissance.
Avec l’aide juridique du Comité Harkis et Vérité, l’Association des Harkis d’Ile-de-France a souhaité obtenir des réponses auprès de la Justice française.
En juillet 2011, j’ai donc saisi la Justice à Cergy-Pontoise. Après huit ans de procédure, des réponses nous ont été données. La plus haute juridiction administrative du pays a reconnu, le 3 octobre 2018, au nom du peuple français, les fautes commises par les gouvernants français de l’époque dans le drame des harkis. A l’égard des enfants de harkis ayant vécu au camp de Bias dans le Lot-et-Garonne, le Conseil d’État a ouvert un droit à réparation.
Cette décision historique du Conseil d’État constitue une reconnaissance dense et forte du drame des harkis.
En ce jour de commémoration du 12 mai 1962, l’Association des harkis d’Ile-de-France réitère ses deux propositions au Président de la République pour donner une suite politique à la décision du Conseil d’État :
- Création d’un dispositif de réparation à l’instar de la CIVS qui a su répondre aux réparations dues à nos compatriotes israélites de France.
- Mise en place d’une Fondation pour la mémoire et l’histoire des harkis.
J’ai sollicité une audience au Président de la République pour lui présenter et lui préciser le contenu ainsi que la portée de ces deux propositions. Je reste dans l’attente d’être reçu prochainement. Je tiens à remercier le Comité Harkis et Vérité, et notamment son président, Charles TAMAZOUNT, et ses avocats, pour nous avoir permis d’arriver à cette reconnaissance de Justice.
Le drame des harkis est désormais une des mémoires de la Guerre d’Algérie. Elle doit aujourd’hui prendre toute sa place dans le dialogue et l’apaisement des mémoires nées de cette période. Le "MOIS DES MEMOIRES" initié par la mairie du XIXème en est une des illustrations.
Enfin, je tiens à saluer la mémoire des porte-drapeaux qui nous a quitté récemment. Ces anciens combattants étaient attaché à la commémoration du 12 mai 1962. Leur engagement dans le monde combattant nous invite à poursuivre dans ce devoir auquel ils étaient très attaché, à savoir le devoir de mémoire.
Je vous remercie !
Le Président de l'ACH-IDF
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