24 Septembre 2019
Hafid Hasnaoui, harki, fait partie des anciens soldats que l’association de Adda Moualkia veut faire témoigner. PHOTO J. P.
A la veille de la Journée nationale d’hommage aux harkis, Hafid Hasnaoui attend des excuses de la France qu’il aime tant. Une ambivalence difficile à comprendre pour les jeunes générations.
« Même avec une seule main, je défendrais la France si elle était attaquée. Hafid Hasnaoui a enterré son meilleur ami, il y a quinze jours. Un harki comme lui. Un adieu « sans porte-drapeau, ni reconnaissance » qui lui laisse un goût amer.
À 86 ans, pourtant, il ne demande pas grand-chose. Juste des excuses. « J’étais un soldat français alors que l’Algérie était française. J’étais dans l’armée. Je ne peux pas être un traître. J’aimerais simplement des excuses de la France pour que les Algériens le comprennent. »
Une fois les accords d’Évian signés mettant un terme à la guerre d’Algérie, son bras droit a été emporté par une grenade du FLN. Il raconte aussi avoir vu de ses yeux des camarades se faire égorger.
Lui, a été envoyé au camp de Rivesaltes où sa petite fille est décédée de la tuberculose. « C’était le 8 février 1963. Chaque année, à cette date, il pleure », confesse sa fille Yvette. Pas plus que lui, elle ne sait où se trouve le corps de sa petite sœur. Tout juste qu’il a été l’enterrer sur une colline environnante. Elle ne figure pas sur le livret de la famille qui a ensuite été conduite au camp de Bias.
« C’est notre mémoire vive »
Malgré l’isolement, des conditions de vies similaires à celles d’un «camp de prisonnier» comme les décrit Yvette, Hafid Hasnaoui n’en veut pas à la France. À chaque victoire des Bleus au foot, il accroche même le drapeau tricolore sur le portail de sa maison villeneuvoise. Une situation qu’Yvette a du mal à admettre : « Je ne comprends pas comment il peut rester fidèle à un pays qui l’a abandonné. »
"Elle milite pour que leur parole l’emporte sur celle des générations suivante"
Depuis cinquante-six ans, Hafid Hasnaoui ressasse le passé dans une mélancolie qui ne le quittera jamais. « C’est notre mémoire vive, juge Adda Moualkia, présidente de générations Harkis. Et ils ne sont plus nombreux, les harkis. » Elle milite pour que leur parole l’emporte sur celle des générations suivante, dont elle fait partie. Le sujet étant toujours resté tabou pour son père, elle vient apprendre son histoire auprès de ceux qui ont combattu.
Avec son association, elle milite pour que les derniers d’entre eux témoignent. « Et qu’ils partent décemment.» La question de la reconnaissance est évidemment essentielle pour elle. Pareil pour Yvette : « L’État français laisse pourrir la situation sans reconnaître son erreur. »
Elle raconte, comme Adda, la peur des enfants de harkis de dire qu’ils le sont. « Pas trop ici, mais dans d’autres départements où ils sont peu nombreux », même si sa fille, au lycée voisin, raconte avoir été « traitée de petite fille de vendus ».
« Ça ne s’arrêtera jamais », souffle Yvette qui, plus que réparation financière, réclame une reconnaissance de l’abandon des Harkis par l’État français et « le génocide » qui a suivi en Algérie. Son père désapprouve toute idée de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme pour y parvenir.
Mercredi, il ne se rendra pas à Bias pour la célébration de la Journée nationale d’hommage aux harkis. Adda et Yvette non plus. « Cette date ne représente rien. Elle n’a pas lieu d’être. » Aussi, elles mettent en garde contre toute forme de récupération politique : « A chaque élection, ils viennent nous faire des promesses, mais rien ne change. Nous ne voulons pas qu’ils se servent de nous pour accéder au trône. »
Invitée par l’Association les Amis des harkis, d’André Asni, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, ne fera pas le déplacement.
La Villeneuvoise Hélène Laporte, nouvelle députée européenne du parti, a quant à elle coché cette date pour effectuer sa première visite d’élue sur ses terres.
24/09/2019
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