4 Août 2021
Le Seine-et-Marnais Serge Carel vient d'être décoré aux Invalides par Emmanuel Macron, à l'âge de 84 ans. Harki, il avait combattu en Algérie dans les rangs français.
Serge Carel, avec son épouse et Emmanuel Macron, lors de la cérémonie aux Invalides (©DR)
Domicilié à Boissise-le-Roi (Seine-et-Marne), Serge Carel, un harki de 84 ans, vient d’être élevé au grade d’officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, laquelle lui avait été décernée en 2007.
La cérémonie s’est déroulée le 8 juillet dernier, à Paris, lors d’une prise d’armes aux Invalides. C’est Emmanuel Macron qui a remis la décoration, portée par la garde républicaine.
« J’étais le seul civil, sur la ligne des officiers et des généraux, à être décoré, savoure Serge Carel. Cette cérémonie était impressionnante et émotionnelle ! Je connaissais déjà le président, qui m’avait reçu à l’Elysée, lors d’une réunion concernant les harkis. Il m’a remercié pour tout ce que j’ai fait pour la France. »
Algérie
D’origine arabe, le Seine-et-Marnais est né en Algérie, dans un douar situé dans les montagnes du sud du pays. En 1957, alors qu’il est âgé de 20 ans, il fait le choix de combattre dans les rangs français.
« Mon père avait défendu le drapeau tricolore durant la Première Guerre mondiale, rappelle-t-il. Mes deux frères en avaient fait autant en Indochine et en Algérie. Toute ma famille a été au service de la France, puis a été abandonnée après les accords d’Evian… »
Torturé
Serge Carel va alors vivre l’enfer. Arrêté, il est conduit dans le village où il exerçait.
« Les gens m’attendaient, même ceux à qui j’avais rendu d’énormes services, témoigne-t-il. J’avais les mains attachées et ils m’ont tabassé, craché sur la figure et jeté des cailloux. »
Puis le jeune homme sera torturé par le FLN (Front de Libération Nationale) et le MNA (Mouvement National Algérien).
« On m’a conduit dans un cabanon préfabriqué, poursuit le harki. Il y avait une cinquantaine de prisonniers et du sang par terre. On m’a déshabillé puis torturé au courant électrique, jusque dans la langue. C’était continuel, tous les jours. J’étais devenu un déchet humain. Le FLN nous faisait creuser des tombes pour enterrer les nôtres, parfois vivants. D’autres étaient jetés dans l’oued. J’attendais mon tour et je ne demandais qu’à mourir, mais j’avais peur de finir égorgé. »
Évasion
Finalement, il devra sa survie à un gradé qui l’a laissé s’évader. Direction la banlieue d’Alger, où il se cache chez une tante, en piteux état.
Soigné en cachette par des médecins coopérants, il obtient une autorisation de sortie et prend le bateau pour Marseille. « J’ai regardé Alger illuminé et je me suis dit que plus jamais je ne retournerai dans ce pays ! »
« Mon pays, la France ! »
Arrivé en France à 26 ans, l’Algérien opte pour la nationalité française. Après des années difficiles, il entre à la Brink’s et rencontre son épouse, avec qui il a deux enfants.
Depuis 33 ans, Serge Carel, qui a reçu de nombreuses décorations, demeure dans la maison qu’il a fait construire à Boissise-le-Roi, une commune dont il est citoyen d’honneur. « Si c’était à refaire, je referais la même chose, pour mon pays, la France ! »
02/08/2021
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