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A la veille de la journée d'hommage aux Harkis, rencontre à Forcalquier de Mohammed Maloumi, Harki et citoyen français

- Article complet - 

À Forcalquier, Mohammed Mamoudi a recollé les morceaux de sa vie. Intégré, le jeune homme d’Algérie est devenu un homme respecté. Un Bas-Alpin reconnu. Un Français aimé. / Photo Éric camoin

- Extrait -

À 88 ans, le Forcalquiéren n’a rien oublié de la guerre d’Algérie. De son rapatriement à Marseille. De son installation provisoire à Ongles. Il n’a rien oublié de cet épisode douloureux, dont il ne confie que des bribes. Même à ses enfants…

Un appartement en désordre. Au premier étage d’un ancien immeuble de la rue des Cordeliers. À Forcalquier. .Sa ville d’adoption. En désordre. Comme sa mémoire de vieil homme. Bataillant avec les souvenirs d’une jeunesse meurtrie. Assis sur un fauteuil, ses yeux cherchent les nôtres. Pour y sonder les âmes. Y tester la sincérité de notre quête de réponses. Devancée par une rafale de questions… Moustache passée par les saisons. Casquette enfoncée jusqu’aux oreilles. Mohammed Maloumi ne dit encore mot. Ses silences parlent pour lui. Forts de sens. D’épreuves dont, à 88 ans, il peine à sortir de ses malles de déracinés.

Il est un Harki, comme ils disent. Un être majuscule au regard de ses frères de sang pieds-noirs. Pourtant " ni Arabe, ni Français. " D’une voix fluette, brouillée par les rides, il se perd sur les chemins d’une époque trouble. " Ça va, ça va. J’étais dans l’armée. À Palestro, en Kabylie… "

Une relique jaunie…

Un geste lent vers son fils, prénommé Jean et Bolem. " Il veut que je vous montre son carnet familial de rapatrié. " Une relique jaunie mais intacte. Sur laquelle figure le numéro 042328, ouvert le 24 juin 1962. À l’intérieur, son année de naissance, 1934 et la photo d’identité, en noir et blanc, d’un jeune garçon. Happé par les atrocités de la guerre d’indépendance…

" C’est fini tout ça ", murmure le sombre héros de l’amer. " Même moi, je ne sais rien ", chuchote à son tour son héritier. Orphelin du sombre passé paternel. Au fil des minutes, bercées de regards profonds, le vétéran recolle les morceaux du puzzle. Dans le désordre du vestibule de sa mémoire. " J’ai acheté une maison aux enchères ici. Pour mes parents. " Dans ses Alpes-de-Haute-Provence accueillantes, où il s’est reconstruit. " Mais avant, tu étais où " insiste son fils, appuyant sur chaque syllabe. " À Clermont-Ferrand, un peu… " Son périple manque d’éclaircies. Il évoque le camp de Rivesaltes. Avant son installation à Ongles, sous les tentes, dans un hameau de forestage. " C’est l’armée qui nous dirigeait. On suivait, simplement. " De ce port bas-alpin inconnu, Mohammed a vogué jusqu’à Forcalquier. Son havre de paix. Loin de sa terre baignée de soleil. De soleil, et de sang !.

" J'ai vu, à Constantine, l'instituteur et l'institutrice égorgés. Ils ne faisaient que l'école aux petits constantinois... "

- La suite ci-dessous -

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