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À Carpentras, Abdelkader, fils de Harki, se souvient des camps

Quelques jours après la cérémonie d'hommage aux Harkis, le Carpentrassien Abdelkader Laïchi, surnommé "Dadet", revient sur cette douloureuse période. 

Le Carpentrassien Abdelkader Laïchi, fils de Messaoud, a bien voulu témoigner de ce qu'ont vécu son père et sa famille photo P. DE R.

Il est le fils de Messaoud, né en 1937, en Algérie, et décédé en 2002En cette période d'hommage fait aux Harkis, le Carpentrassien Abdelkader Laïchi, fils de Messaoud, a bien voulu témoigner de ce qu'ont vécu son père et sa famille.

En 1955, à 18 ans, Messaoud s'engage dans l'armée française dans laquelle il servira, en tant que Harki, jusqu'en 1962, période au cours de laquelle il sera décoré à plusieurs reprises. Après l'indépendance de l'Algérie, Messaoud rejoint, avec sa femme et ses deux enfants, Abdelkader, surnommé Dadet, et sa sœur aînée Aïcha, aujourd'hui décédée, le territoire métropolitain.

La famille se retrouve alors au camp de Saint Maurice-l'Ardoise, à Saint-Laurent-des-Arbres, dans le Gard. Dadet naîtra au camp, en 1963.

"Nous avons vécu pendant plusieurs mois, sous une tente, dans un habitat indigne. Je me souviens très bien de ce que faisait mon père pour ne pas qu'on ait froid dans ces guitounes. Il avait acheté un ballot de paille, et comme on dormait à même le sol, il nous enveloppait dans la paille. Son capitaine avait proposé à mon père de s'engager de nouveau dans l'armée en lui montrant les tentes et les baraques du camp où on vivait. Mon père lui répondra "Si c'est ça la France, et bien non", en faisant allusion aux misérables conditions d'accueil des Harkis.

Le père de Dadet trouvera du travail chez un agriculteur de Malemort-du-Comtat et fera le trajet chaque jour, depuis Mormoiron, où ils ont, à force de travail et de privations, acquis un logement. La famille ne vit plus dans les camps mais vit autre chose, le racisme. "Personne ne nous a aidé. Ma mère vivra très mal cette époque. Le racisme, quand j'étais petit, je l'ai bien connu. Des personnes m'ont fait du mal, physiquement et moralement". Au fil du temps, petit à petit, les Mormoironnais les adoptent. "Quand mon père est décédé, en 2002, tous les commerçants de la ville ont baissé leur rideau pour lui rendre hommage", se souvient Abdelkader.

" Notre histoire fait partie de l'histoire de France "

Il y a 20 ans, la coïncidence opère quand le patron de Dadet, employé à Carpentras dans les travaux publics, l'envoie à Saint-Laurent des-Arbres pour travailler dans un chantier. "En arrivant là-bas, j'ai demandé où se trouvait le camp de Harkis (devenu aujourd'hui un terrain de manœuvres militaires). Un capitaine de la Légion me l'a fait visiter. Cela a été un grand moment d'émotion...", souffle Dadet. "Vous savez, notre histoire fait partie de l'histoire de France et les enfants devraient l'apprendre à l'école."

Il reprend : " J'ai eu des parents exceptionnels. Quand on était petits, en rentrant de leur dure journée de travail, ils mangeaient un bout et hop ils repartaient travailler, tard dans la soirée. Ma mère faisait des ménages, les vendanges. Elle a toujours été appréciée pour son intégrité et son travail. Elle vit toujours à Mormoiron. Je l'appelle tous les soirs à 18 h et je vais la voir tous les samedis matin ", sourit Dadet.

Dadet, comme ses sœurs Dalila et Aïcha, ont suivi leur scolarité à Carpentras, de la 6e à la terminale, en internat, à St Joseph et à l'Immaculée Conception. Marié à Nathalie, pied-noire, et père d'Amandine, il est chef de chantier à la SRMV. En avril prochain, il prendra sa retraite.

Mercredi dernier, comme chaque année, il n'a pas manqué de se rendre au cimetière où il a déposé une gerbe en hommage aux Harkis morts pour la France, dont il est le représentant officiel à Carpentras.

29/09/2024

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