17 Décembre 2024
Une cinquantaine de sépultures de harkis ont été déplacées du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) sans que les familles en aient été informées. Les dépouilles sont introuvables, mais l'une d'entre elles est bien présente... dans le cimetière municipal de la commune.
Tombe d'Abdelkader Attout, harki mort au camp de Rivesaltes en 1963 © Radio France - Henry de Laguérie
La dépouille d'un jeune harki décédé en 1963 et enterré dans le cimetière du camp de Rivesaltes a été déplacée de cinq kilomètres, dans le cimetière municipal de la ville, sans que ses proches en aient été informés. Il s'agit de la seule dépouille du camp de Rivesaltes dont on a retrouvé la trace.
Fin novembre, des fouilles ont permis de localiser le cimetière du camp, mais aucun ossement n'a été retrouvé sur place. Les restes d'un cinquantaine d'enfants et de jeunes adultes morts au camp entre 1962 et 1964 ont été transférés sans que personne ne sache où.
Cimetière municipal de Rivesaltes © Radio France - Henry de Laguérie
Pourquoi le corps a t-il été déplacé ?
Engagé dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie, Abdelkader Attout est arrivé avec sa famille en 1962 dans le camp de Rivesaltes. Mais un an plus tard, à l'âge de 23 ans, il meurt dans un accident de la route après sa journée de travail comme ouvrier agricole. À l'époque, le jeune homme est enterré dans le camp et ses parents font graver une plaque funéraire à sa mémoire.
Pendant des années, sa famille vient se recueillir sur sa tombe dans le camp. Mais en 2015, elle découvre que la sépulture et la plaque funéraire ont été déplacées dans le cimetière municipal de Rivesaltes à cinq kilomètres. " On ne sait pas ce qui s'est passé ", explique au micro de France Bleu Roussillon Mouloud Attout, le petit frère d'Abdelkader. " On a écrit à la mairie de Rivesaltes, on a écrit un peu partout mais on n'a jamais eu de réponse ".
La famille n'est même pas certaine que ce sont bien les restes d'Abdelkader qui se trouvent dans le cimetière municipal. " On avait demandé qu'ils ouvrent la tombe pour identifier les restes et s'assurer que c'est bien lui, mais on n'a pas eu de réponse non plus ".
Pour Mouloud Attout, installé dans le Gard, l'attitude de la mairie de Rivesaltes est incompréhensible. " Avant de le transférer, ils auraient pu nous téléphoner. Ils avaient toutes les informations pour nous contacter. Je suis certain qu'en deux ou trois jours de recherche, ils sont capables de savoir ce qu'il s'est passé. " Comme les autres familles de harkis, Mouloud Attout est en colère. " Ils ont déterré les corps d'une cinquantaine d'enfants et de jeunes adultes. Ils doivent bien savoir où ils se trouvent ! "
Contactée, la mairie de Rivesaltes n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.
Plaque funéraire d'Abdelkader Attout © Radio France - Henry de Laguérie
11/12/2024
https://www.harkisdordogne.com/
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