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Petite-fille de harki, l’écrivaine bretonne Alice Zeniter rend hommage à son histoire familiale

Aujourd’hui installée dans les Côtes-d’Armor, elle y a écrit son roman « L’Art de perdre », saga familiale suivant les destinées de trois générations, du grand-père harki à sa petite-fille née en France. Portrait du magazine Bretons.

En racontant ces trois générations écartelées entre l’Algérie et la France, Alice Zeniter, elle-même petite-fille de harkis, retrace le destin oublié de ces supplétifs musulmans ayant combattu aux côtés de la France. | LYNN S.K. / FLAMMARION

Quand on en est réduit à chercher sur Wikipédia des renseignements sur un pays dont on est censé être originaire, c’est peut-être qu’il y a un problème. Naïma rumine ces pensées dans L’Art de perdre, paru en 2017. Dans ce roman, Alice Zeniter donne à son héroïne 25 ans en 2015. Celle-ci doit aller chercher des œuvres en Algérie pour la galerie d’art où elle travaille. L’Algérie, ce pays dont son père Hamid ne lui a pas parlé, lui qui y est pourtant né avant d’arriver en France dans les camps de transit, à l’été 1962 – il passera huit mois sous une tente au camp de Rivesaltes, puis deux ans en hameau de forestage, avant de rejoindre les HLM de banlieue en Normandie. L’Algérie, ce pays dont son grand-père Ali ne lui a pas parlé non plus, lui, harki des montagnes de Kabylie, ancien combattant pour la France ayant connu la spirale des violences, des suspicions, de la peur et de la répression dans son hameau autrefois paisible

Déportés en Nouvelle-Calédonie

En racontant ces trois générations écartelées entre l’Algérie et la France, Alice Zeniter, elle-même petite-fille de harkis, retrace le destin oublié de ces supplétifs musulmans ayant combattu aux côtés de la France. Ces hommes que “ l’Algérie appellera des rats. Des traîtres. Des chiens. Des apostats. Des bandits. Des impurs, écrit-elle. “ La France ne les appellera pas, ou si peu. La France se coud la bouche en entourant de barbelés les camps d’accueil.” La romancière nous plonge alors dans l’art de se réapproprier son identité quand l’Histoire se transmet surtout par les non-dits. Pour s’atteler à cette tâche, elle est venue poser ses valises dans les Côtes-d’Armor… pour ne plus jamais en repartir. Elle vit aujourd’hui entre Paimpol et Plouha.

Après L’Art de perdre, prix Goncourt des lycéens et succès de librairie, Alice Zeniter fait paraître Frapper l’épopée en cette rentrée 2024. Direction la Nouvelle-Calédonie cette fois. Mais l’Algérie s’invite encore dans le décor, puisqu’on découvre l’histoire de la diaspora issue des déportés algériens sur leCaillou . “ Ça aurait pu être l’histoire de ma famille ”, glisse Alice Zeniter. Dans Frapper l’épopée, elle nous fait rencontrer Tass, prof de français et descendante d’un bagnard algérien, intriguée par deux de ses élèves, des jumeaux kanaks. Une autre façon d’explorer encore ces espèces de poches secrètes où l’on met tous ceux dont les trajectoires nous embarrassent , comme elle l’écrit.

04/12/2024

C-est-ici.gifhttps://www.harkisdordogne.com/ 

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